Défis de la mondialisation en Indonésie

Saviez-vous que l’Indonésie regroupe plus de 300 identités ethniques avec divers langages ? La sphère culturelle indonésienne peut s’expliquer par un héritage disputé entre différents colonisateurs. Sous le phénomène de la mondialisation, on est amené à s’interroger de ses effets sur la ou les cultures ?

En effet, « les distances culturelles sont tout aussi larges au sein de la population indonésienne, car des peuples fort différents se partagent des héritages linguistiques et culturels parmi les plus pesants du monde, soit indien, chinois, musulman, occidental et chrétien » (De Koninck Rodolphe, 2003). Ceci s’explique par une volonté d’ouverture des frontières et d’intégration dans le marché ; il ne fait aucun doute que la mondialisation a permis une croissante forte en Indonésie et les pays de l’Asie du Sud-Est en raison des entrées de capitaux et de transfert de technologies. Toutefois, celle-ci empiète sur l’identité et la tradition indonésienne car une grande ouverture implique un changement, voir une perte d’indépendance. La mondialisation est un phénomène complexe aux multiples retombés dont la dimension culturelle est bien souvent ignorée.

Un héritage disputé

De par sa situation géographique, et son caractère économique de pays producteur des épices et de denrées rares, l’Indonésie est un passage obligatoire entre le monde asiatique et le monde occidental, reliant la Chine à l’Inde et aux pays européens. Bien que le concept de mondialisation soit en vogue depuis les années 1990, l’on repère d’importants échanges qui s’opèrent sur les marchés via les routes maritimes. Chaque civilisation laisse donc sa trace dans la société indonésienne : les indiens la marque dans la religion, la littérature et l’art ; les arabes surimposent l’islam (ce qui correspond à plus de 80% de la population) puis les Portugais suivis des Hollandais introduisent leur civilisation créant une nouvelle forme d’administration de nature occidentale. L’on constate donc que les influences étrangères participent dans l’évolution de l’Indonésie au niveau politique et, ou culturelle (Coedès George, 1964).

 

Une mondialisation culturelle

« La diversité fait partie de l’histoire indonésienne depuis le tout début. La rencontre avec le monde extérieur a contribué à sa pluralité structurelle » (Eka Darmaputera 62, 1998). Dans cette période d’ère mondialisé, une nouvelle structure, un nouveau contexte modifie profondément la conception, la formulation et la mise en œuvre de la politique étrangère du pays.

La mondialisation est un processus fragmenté ; un phénomène de création des blocs régionaux, c’est-à-dire que la domination des grandes puissances va au-delà des frontières. Cette recherche d’homogénéisation des cultures au travers des institutions, des échanges commerciaux, des valeurs planétaires, participe à la modification des cultures locales. Les produits des industries culturelles telles que Mac Donald ou Coca-Cola répandent un mode de consommation à l’image de l’origine de la firme.

Ces firmes multinationales jouent aussi un rôle dans l’homogénéisation des modes d’organisation du travail basé sur un système capitaliste et la notion de division du travail. C’est ainsi que sous un Régime de l’Ordre nouveau dirigé par Suharto, l’économie de plantation est essentiellement liée à une dynamique capitaliste s’opposant à l’économie traditionnelle, c’est-à-dire que la compagnie d’État (PTPN) est organisée selon des principes corporatistes anéantissant les organisations paysannes (Bisonnette Jean-Francois, 2013). Les réseaux de distribution sont donc entre les mains des entreprises étrangères qui maintiennent la culture locale dans les campagnes ; les grandes villes comme Jakarta sont envahis des arts étrangers. Par exemple, « la production cinématographique indonésienne n’est pas négligeable mais en déclin, surtout qualitatif » (De Koninck Rodolphe, 2003).

De ce fait, une polarisation entre les systèmes modernes et traditionnels est ressentie. D’une part, l’on retrouve des modes de production traditionnels dans les régions enclavés comme le subak (système d’irrigation traditionnel pour les rizières) et d’autre part, des politiques de grandes exploitations pour relancer l’économie indonésienne ; un gap est créé.

« L’histoire de l’Indonésie moderne est une histoire de tensions et de conflits entre ces différences »  (Eka Darmaputera 1998) ; cette diversité culturelle entraîne des crises internes qui s’opposent au projet collectif national d’autant plus que la mondialisation entraîne d’autres types d’enjeux corrélés à l’économie.

De plus, l’on pourrait s’interroger du rôle des ONGs présente qui sont souvent perçu comme porteuse de globalisation, mais à quel niveau ? Les intérêts sont-ils coordonnés avec ceux des intérêts locaux ?

 

Bibliographie

Coedès, George. 1964. « Un pays de peuplement très ancien dont l’histoire prend une consistance        réelle à la fin du 7ème siècle ». Le Monde Diplomatique (Paris), mai : 1-3.

Damaputera, Eka. 1998. Pancasila and the search for identity and modernity in Indonesian         society. Netherlands: E.J. Brill

De Koninck, Rodolphe. 2003. « Le monde vu d’Indonésie ». Hérodote 1 (n 108): 113-143.

Raillon, Francois. 2006. « Comment peut-on être Indonésien? ». Hérodote 1 (no 120) : 237-260.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés