La Corruption au Cambodge : crimes orchestrés par d’autres États sur le pays

Par Rym Limam

La corruption est un moyen comme un autre d’arriver à ses fins. En effet, la corruption occupe une place importante dans la société cambodgienne puisqu’elle est omniprésente. Autant chez le petit marchand local que chez les plus hauts fonctionnaires, passant par les firmes multinationales. À cet effet, il est intéressant de se pencher sur la dimension internationale de la corruption au Cambodge. Cette forme de gouvernance n’est pas seulement appliquée par le gouvernement envers son peuple, mais elle est aussi pratiquée par d’autres États sur le Cambodge. Le Premier ministre au pouvoir, Hun Sen, ex-commandant de Khmers rouges[1], gouverne le pays d’une main de fer, utilisant tous les moyens à sa disposition pour maintenir son trône et favoriser ses propres intérêts familiaux, mais serait-il le seul acteur à user de la corruption sur ce royaume ?

Le leader Hun Sen, un « ancien commandant du groupe totalitaire et génocidaire des Khmers rouges, aujourd’hui à la tête d’un Parti du peuple cambodgien (PPC) »[2] priorise les intérêts des pays communistes au détriment du sien. Dans la région de l’Asie du Sud-Est, plusieurs accords sont maintenus entre les pays, mais le principe de non-ingérence n’est pas toujours respecté, d’autres États se mêlent de la politique du Cambodge.

Par ailleurs, le leader en question se doit d’être au service du Vietnam, pays lui ayant permis d’accaparer le pouvoir suite à une invasion en 1979. Le but étant de semer la terreur, la cruauté, la violence, sans parler d’harcèlements répétitifs à travers différentes méthodes, dont les crimes contre l’humanité.[3] Certes, il n’a jamais été un partisan de la démocratie, mais un leader dédié à « la corruption, le népotisme et des violations des droits de l’homme ».[4] La corruption qu’emploient les dirigeants du Vietnam à l’encontre du Cambodge leur permet de modifier les frontières à leur guise en plus de permettre l’installation de millions de Vietnamiens sur le territoire de façon illégale.

De plus, Hun Sen ne permet pas seulement aux dirigeants vietnamiens, mais aussi aux leaders chinois d’exploiter à leur guise les richesses du pays.[5]  En outre, depuis les Accords de Paris de 1991 et depuis la restauration de la monarchie en 1993, des liens privilégiés sont entretenus et accentués avec l’élite chinoise, devenant ainsi, en 2004, le premier investisseur dans le royaume.[6] Certes, elle fournit de l’aide considérable en investissant dans l’économie du pays, mais ceci a pour effet de « consolider une économie politique fondée tout à la fois sur l’arbitraire, le renforcement des inégalités et de la violence, et le chevauchement des positions de pouvoir et d’accumulation »[7], contribuant de ce fait à une forme de corruption exercée par la Chine à l’encontre du Cambodge.

Par ailleurs, le soutien financier apporté par la Chine dans plusieurs domaines (ex. l’infrastructure) ainsi que l’appui apporté du ministère chinois des Affaires étrangères vis-à-vis du gouvernement cambodgien et ses efforts pour tenter de sauvegarder la sécurité nationale et la stabilité de celui-ci n’est pas offert sans compensation en retour. En effet, il y a un prix à payer pour avoir cet appui, qui est, entre autres, en lien avec la mer de Chine méridionale. Des conflits territoriaux occupent cette région et la Chine saisit l’occasion d’avoir un allié, un membre qui soutient ses intérêts au sein de l’ASEAN.[8] Une forme de corruption implicite est donc employé par la Chine envers le Cambodge pour remporter cette bataille.

Image libre de droits (CC0).

La corruption interne est un véritable fléau sur le peuple cambodgien : il va de soi que les actions du leader submergent le pays dans un chaos difficile à éviter. De même « [l]e dernier indice de perceptions de la corruption de Transparency International, publié lors de la visite de Mme Lagarde, a classé le Cambodge juste derrière la Corée du Nord en Asie de l’Est, 160e sur les 177 pays étudiés. »[9] La corruption devient alors un sujet qui préoccupe les pays de la scène internationale qui sont « pour l’amélioration de l’environnement des affaires et de la gouvernance au Cambodge ». De plus, le président de la Banque Mondiale, James Wolfensohn, déclare en 2005 que les défis majeurs auxquels serait confronté le Cambodge seraient « la corruption, la corruption, la corruption ».[10] Cette forme de gouvernance doit cesser et ceci nécessite une intervention étrangère.

Christine Lagarde avec le Roi Norodom Sihamoni du Cambodge. Source : Twitter @Lagarde.

Par ailleurs, la directrice du FMI, Christine Lagarde a entrepris un voyage au Cambodge pour constater les effets de cette politique néfaste sur la population. Malheureusement lors de sa déclaration, elle n’a guère mentionné cette tragédie, sans parler des détournements de ressources par l’état empêchant le développement de plusieurs secteurs comme l’éducation, sujet sur lequel elle s’est également tue.[11] À cet effet, on se demande si une entente n’existerait pas entre le Cambodge et le FMI, pourrait-on parler de relations indirectes tapies dans l’ombre ? On apprend également que la venue de Mme Lagarde n’est nullement une coïncidence avec l’éclatement d’une crise politique après une élection serrée conduite par de fortes irrégularités et corrompue par le parti au pouvoir.[12] Son silence sur ces méfaits cacherait-il quelque chose ou serait-ce de la corruption à l’échelle internationale ?

De surcroît, la corruption étend son influence sur plusieurs autres domaines, entre autres sur des secteurs qui peuvent représenter une source monétaire enrichissante pour quiconque pouvant l’exploiter (ex. le pétrole). Il s’avère que le Cambodge en possède en quantité considérable. À cet effet, « dans son nouveau rapport, l’ONG assure que les réserves potentielles en pétrole, gaz et autres minerais ont fait l’objet d’une répartition entre un petit nombre de puissants autour de Hun Sen et d’autres hauts responsables du régime. »[13]

Selon Global Witness, plus de 75 compagnies participent à l’extraction pétrolière au Cambodge. De ces compagnies, on retrouve de grands acteurs internationaux tels le géant américain Chevron, qui, en 2005, découvre des traces de gaz et de pétrole. M. Hayman affirme que « les entreprises doivent être transparentes sur ce qu’elles versent au gouvernement pour s’assurer un accès à ces ressources naturelles. Sinon, elles risquent de devenir complices d’un système corrompu ».[14] A cet effet, les acteurs internationaux font abstraction non seulement sur la corruption interne mais y contribuent en acceptant de garder le silence et ce pour accéder aux ressources du pays.

Il est possible de déduire que la corruption est un problème majeur au sein de plusieurs pays de l’Asie du Sud-est. Le Cambodge remporte la médaille puisque le pays la pratique sur toute l’échelle nationale de son pays. Mais ce dernier est aussi victime de corruption externe pratiquée par d’autres pays voulant exploiter les nombreuses ressources disponibles et mises à disposition. Ainsi, pour mettre fin à cette corruption conduisant le pays vers une chute fatale, les organisations internationales se doivent d’arrêter de fermer les yeux sur les agissements du Premier ministre et commencer par les contourner.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Duncan McCargo. 2005. « Cambodia:Getting Away with Authoritarianism? » Journal of Democracy 16 (4) : 98-112.

[2] Le Soleil. 2017. « Le Cambodge sous l’emprise du régime totalitaire de Hun Sen ». En ligne. https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/le-cambodge-sous-lemprise-du-regime-totalitaire-de-hun-sen-6af2921cb46e1450f3a89b4b0f991c15 (page consultée le 25 mai 2018)

[3] Duncan McCargo. 2005. « Cambodia:Getting Away with Authoritarianism? » Journal of Democracy 16 (4) : 98-112.

[4] Le Soleil. 2017. « Le Cambodge sous l’emprise du régime totalitaire de Hun Sen ». En ligne. https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/le-cambodge-sous-lemprise-du-regime-totalitaire-de-hun-sen-6af2921cb46e1450f3a89b4b0f991c15 (page consultée le 25 mai 2018)

[5] Mengin, Françoise. 2007. « La présence chinoise au Cambodge Contribution à une économie politique violente, rentière et inégalitaire ». Les études du Ceri (no 133).

[6] Ibid

[7] Ibid

[8] Richer, Pilippe. 2009. « Chapitre 8. Le Cambodge dans le monde ». Dans Philippe Richer, Le Cambodge de 1945 à nos jours. Paris : Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), 151-167

[9] Evans, Jessica. 2013. « Le FMI maintient la corruption au Cambodge dans l’ombre ». En ligne. http://www.slate.fr/tribune/81581/fmi-corruption-cambodge-ombre (page consultée le 25 mai 2018)

[10]Ibid

[11]Ibid

[12]Ibid

[13] LeParisien. 2009. « Cambodge : les revenus pétroliers et miniers menacés par la corruption ». En ligne.http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/cambodge-les-revenus-petroliers-et-miniers-menaces-par-la-corruption-05-02-2009-399888.php (page consultée le 25 mai 2018)

[14] Ibid

 

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