Épopée philippine – épisode 2

9 juin 2012

Bonjour tout le monde !

Ça fait maintenant un peu plus d’une semaine que je suis arrivée, j’ai l’impression que ça fait un mois. Chaque jour a tellement été gorgé d’événements, de découvertes, de toutes sortes d’émotions, que j’ai presque l’impression que les jours n’avancent pas vite.
Je commence à prendre un peu le pied. Déjà je dors la nuit et pas le jour, ce qui est une grande amélioration, tout ça grâce à la mélatonine ! (enfin je pense) Mes grandes fiertés du moment sont les quelques mots que j’arrive à dire en tagalog, encore plus quand ça leur arrache un beau sourire de surprise, et de me débrouiller un peu mieux avec les transports. Je ne prends plus le tricycle à part avec des amis (un ou deux sur la moto avec le conducteurs et deux dans la boite ! (voir photos) parce que je comprends rien aux prix. On m’a dit tellement de trucs différents que je suis perdue ! Et la dernière fois je me suis obstinée pendant un bon bout avec un chauffeur parce qu’il voulait pas baisser son prix. Ça me semblait improbable de payer 40pesos ! Et puis il me semblait qu’on était sensé marchander avec tout le monde ici ! Pour apprendre par la suite qu’en fait il avait pas tord, mais encore là, les prix varient pour le même trajet : 30, 35, 40 ? Comment savoir si je me fais rouler ou pas dans ce cas ?? Même les philippins à qui j’ai parlé sont pas d’accord sur le prix d’un trajet fixe. Bref ! J’ai appris que je pouvais prendre une jeepney pas loin de chez moi pour aller à « philcoa » l’endroit où ya plein de bus, de jeeps et de taxis qui vont dans tous les sens et d’où je peux prendre une autre jeepney pour aller sur le campus. Le tout pour 15 pesos ! Hourra ! 25 sous pour me rendre à l’école, c’est compétitif quand même.

Il ne pleut plus, le typhon est passé au large, mais par contre, on sue comme des ptits cochons !! Et puis c’est humide, c’est dingue, j’ai l’impression de respirer de l’eau. C’est encore plus frappant quand on sort d’un endroit climatisé. C’est d’ailleurs même presque plaisant parfois, parce que la clim, c’est froid au bout d’un moment ! En gros, faut toujours avoir deux choses sur soi : une écharpe ou une veste pour la clim et un parapluie.

J’ose un peu plus aller dans la cuisine de la guesthouse pour me faire un ptit dej par exemple. Au début ça m’intimidait, comme c’est la cuisine du restaurant… mais bon en fait ils sont contents quand je viens.
C’est marrant comme tous les philippins que je rencontre tiennent absolument à m’apprendre quelques mots en tagalog ! Je trouve en général que les jeunes sont quand même plus « parlables ». Il y a moins le choc culturel, ils parlent mieux anglais, ils écoutent -parfois- de la bonne musique, c’est plus facile quoi. À propos de musique c’est fou, on dirait qu’ils ont une capacité commune à connaître absolument toutes les chansons les plus kitsch de la terre. Ça doit être inné, il doit y avoir un gène philippin « karaoke ».

Iglesia ni Cristo ! Une des chaînes des églises les plus influentes...

Jusque là je vis un jour après l’autre, mais là je viens d’être rattrapée ! Un de mes cours qui était en grève cet hiver a été « retiré » de la grève car le professeur sera absent après, bref… Si je ne veux pas le perdre, je dois le reprendre, donc j’ai moins de deux semaines pour écrire un travail de recherche de 25 pages. Youpi ! J’ai refusé une occasion d’aller à la plage cette fin de semaine, car je dois travailler. Se remettre dedans après 3 mois et plus de grève, c’est pas facile, mais moins difficile que ce que je pensais. Alors je passe ma vie depuis vendredi dans un café wifi climatisé. Bah y faut bien ce qu’il faut ! Allez hop hop hop au boulot !
Le café est sympa, mais ils ont une vitrine de gâteaux, c’est terrible. J’essaye de me mettre dans la poche les serveuses, que je trouvais d’abord peu aimables, mais que je traite à grands coups de sourires parce que je vais squatter leur café pas mal de temps encore, m’ont dit ce soir « see you tomorrow » avec de grands rires. C’est bon, ça marche !

Peu à peu, une routine s’installe déjà, ce qui est rassurant, on peut pas jouer sur mes émotions comme ça comme sur un piano mal accordé, c’est épuisant ! J’essaie de copiner avec les cuisinières du restaurant. C’est pas facile, elles parlent peu anglais, mais elles sont assez drôles, avec des caractères assez marqués. Il y a celle qui fait tout le temps des blagues, Ema, qui est plus facile d’approche, celle qui a l’air d’une maman, je me rappelle pas de son nom, avec son sourire affectueux, celle qui a les cheveux courts, Luce, et qui est bâtie comme une colonne grecque, un peu bourrue, pas méchante mais bon elle comprends rien de ce que je lui raconte quoi. Il y a le cuisinier, lui il me parle jamais, il m’a jamais dit son nom, pourtant je lui lance de grands sourires mais ça se peut que ma tête du matin le décourage. Il y a la serveuse, Kathrin, elle est plus jeune alors elle essaie d’être plus familière, mais pas trop. Elle sourit souvent, avec ses belles dents de travers, Et elle essaie de m’inculquer obstinément des mots de tagalog. Elle est supra heureuse quand j’arrive à en mémoriser un. L’autre serveuse, qui me demande toujours si j’ai mangé, une très petite femme toute ronde avec un maquillage des années 90. Et puis la patronne, Vim, qui doit décidément avoir un problème à montrer ses émotions et ce qu’elle pense. Je sais jamais sur quel pied danser, mais elle a un bon fond, alors j’essaye de lui sourire sans condition, j’esquive, je ris aux blagues que je comprends pas. Par contre elle passe tous les matins entre 9 et 10h, un bon 3/4 d’heure aux toilettes, je vous dis qu’il faut pas se lever à ce moment, sinon on est bon pour attendre longtemps !

J’ai fait mon premier tour des grands centres d’achats. C’est des villes en fait. C’est assez ahurissant. Yen a partout. Il y a beaucoup de fastfood aussi, des chaînes locales et les autres, les classiques. Par contre ici tout bon fastfood a du riz dans son menu. Pas de riz, pas de philippin. Le riz c’est pas un aliment, c’est une valeur, une éthique. Quand on (les non-philippins) leur dit que le riz on aime bien, mais qu’on en mange pas à tous les repas, ils ont réellement du mal à le concevoir. Je me dis que c’est un peu l’équivalent du pain en France, ou du ketchup pour les américains.

L’autre jour, il faisait beau, il y avait un peu de vent alors c’était pas trop trop chaud, je suis sortie faire un tour de quartier, avec mon appareil photo. Tout de suite, on voit les choses différemment. En fait j’ai trouvé mon coin moins moche que ce que je pensais. Il y a un grand contraste parfois entre un côté et l’autre d’une rue, entre habitation clairement de la classe aisée, des habitations crasseuses avec la rue comme poubelle. J’ai croisé un chien. Je me suis vraiment demandé si cette chose était vivante, si c’était vraiment un être. Une chose flétrie, sans poils, minuscule, galeux, tremblant… Je me suis retournée plusieurs fois, avec une lointaine et sourde peur de la rage, soigneusement implantée par le médecin qui m’a vacciné avant de partir (mais pas pour la rage). Comme dans tous bons pays pauvres qui se respectent, les chiens et les chats pullulent, rivalisant de maigreur et de mocheté. Mais j’ai été tellement choquée par cette misérable chose qui a même osé me lancer un regard effroyablement blafard et souffrant, presque blasé. Brrr !
Reste que sortir l’appareil, je le fais pas souvent, parce qu’il faut calculer son coup, si je le sors n’importe où, je risque de me le faire piquer vite fait ! Alors malheureusement, les photos que je voudrais le plus prendre, je peux pas, parce qu’il y a trop de monde dans le coin.

Promis j’essaie de faire moins long la prochaine fois !

Voilà quelques photos que j’ai mises sur Flickr : http://www.flickr.com/photos/76072858@N05/sets/72157630065684322/

À bientôt pour un prochain épisode !
Youkaï di youkaï da !

Sandra Vilder (http://facondeetbagou.wordpress.com/)

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés