Les inégalités économiques en Thaïlande

Après la Seconde Guerre mondiale, la rapide industrialisation de la Thaïlande et sa forte participation économique sur le marché international, notamment par l’exportation du riz, ont fortement favorisé le développement économique du pays[1]. De plus, le gouvernement investit dans le système de santé et l’éducation, favorisant ainsi le développement que le pays connaît déjà[2]. Toutefois, la répartition des richesses ne se fera pas de façon équitable, et ce, pour plusieurs facteurs, que ce soit, par exemple, une question géographique ou bien inscrit dans le système politique et les décisions politiques.

Les inégalités économiques entre les grandes régions de la Thaïlande

Dans un premier temps, il est nécessaire de bien cerner la question géographique et la spécialisation économique de chacune des régions de la Thaïlande. On divise le pays en cinq grandes régions :Bangok, le Centre, le Sud, le Nord et le Nord-Est[3]. Bankok, qui est la capitale, joue le rôle de zone industrielle et financière. La région du Centre est constituée de la plaine de Chao Phraya où la

carte des régions de la Thaïlande

carte des régions de la Thaïlande

riziculture est dominante. Le Sud, puisqu’il donne directement sur l’océan, s’est spécialisé dans les produits de la mer, les fruits et le caoutchouc. Les deux régions au nord produisent du riz, mais ont aussi une industrie forestière[4]. Tant le facteur géographique que le domaine de spécialisation dans le marché jouent un grand rôle dans le développement économique. D’une part, bien que l’on puisse croire que les deux régions au Nord possèdent une certaine richesse, elles sont en fait les deux régions les plus pauvres du pays à cause de leur éloignement du centre économique qu’est Bangkok, contrairement au Centre qui est beaucoup plus proche de la capitale[5]. Le Sud, pour sa part, a une situation économique dans la moyenne.

Pour mieux illustrer cet écart de richesse entre le régions, on peut prendre en exemple le taux de population pauvre au sein de ces régions. Une personne est considérée pauvre lorsqu’elle gagne moinsde 1,25$ / jour[6]. En 2002, les régions du Nord et du Nord-Est, qui regroupe 52 % de la population totale de la Thaïlande, regroupaient, à elles seules, près de 30 % des pauvres du pays. Pourtant, seulement 1,4 % des  citoyens de Bangkok et de ses environs vivent en dessous du seuil de pauvreté[7].

Écart de revenu sur le plan individuel

En terme de chiffre, l’écart de revenu entre la population la plus riche et celle la plus pauvre est saisissante. En 1996, 20 % de la population la plus riche totalisait 60 % du revenu du pays, comparativement au 20 % des plus pauvres qui ne ramassait que 5 % du revenu du pays[8].

De plus, on peut distinguer un écart de distribution des richesses entre le milieu rural et le milieu urbain. En 2002, sur le 68 % des Thaï vivant en milieu rural, 12,6 % d’entre eux étaient considérés comme pauvre. Or, sur le 32 % de la population vivant en ville, seulement 3 % étaient pauvres[9]. Néanmoins, depuis 2004, le pourcentage des Thaïlandais vivant sous le seuil de pauvreté connût, de façon générale, une décroissance. En 2004, 11,2 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. En 2009, le pourcentage diminua à 8,1 %[10].

Les politiques gouvernementales publiques

Tout d’abord, la structure politique en Thaïlande est basée sur un réseau de relations de patronage[11]. Cette relation intime entre le monde politique et celui des affaires amène certes une forte croissance économique, mais elle permet l’usage illicite d’argent dans le système politique[12]. Bref, de la corruption. La logique de ce type de relation est de favoriser la victoire politique à des politiciens en échange de faveurs pour l’entreprise (construction, etc.)[13]. De manière générale, les compagnies ayant le plus de moyens font en sorte de concentrer l’expansion économique du pays dans les régions où cela rapporte, c’est-à-dire au sein des milieux urbains. Toutefois, il ne faut pas voir là uniquement le développement des régions de Bangkok et du Centre. Les milieux urbains comme

Thaïlande la nuit

Thaïlande la nuit

Chiang Mai, dans le Nord et de Khon Kaen, dans le Nord-Est, se sont également développés. Néanmoins, leur développement, notamment dans les années 60, visait principalement à s’assurer la loyauté de la population et pas forcément le développement de leur bien-être[14]. De plus, au cours des trois dernières décennies, ces villes ont continué à connaître un développement industriel pour favoriser la croissance économique. Par contre, ce plan de développement provenant du gouvernement central (Bangkok) visait à diminuer le flux d’immigrants ruraux dans la capitale[15]. De plus, ce développement ne bénéficiait pas en premier lieu aux habitants de la région, mais aux bureaucrates et aux nombreux hommes d’affaires[16]. Néanmoins, cela allait échoué, car la migration vers Bangkok se fera quand même. En plus, comme n’importe quelle ville du Tiers-Monde s’étant développée beaucoup trop rapidement, Khon Kaen allait se retrouve avec de nombreux problèmes environnementaux dont les plus importants concerneront l’eau (accès à l’eau potable, traitement des eaux usées, etc.)[17].

En résumé, la disparité des richesses en Thaïlande peut s’expliquer par un plus grand intérêt de développement économique pour les régions de Bangkok, du Centre et un peu du Sud. Les régions du Nord et du Nord-Est ont connu une certaine industrialisation, mais elle est insuffisante pour être porteur d’un bon développement économique régional.


[1] Davied Feeny.2003. « The political economy of regional inequality : the northeast of Thailand ». Crossroads :an interdisciplinary journal of southeast asian studies. Vol. 17. No. 1. p.31-32

[2] Ibid, p.32.

[3] Idem.

[4] Idem.

[5] Idem.

[6] http://www.toupie.org/Dictionnaire/Seuil_pauvrete.htm , page consultée le 13 décembre 2012.

[7] Warr. Peter. 2004. « Globalization, growth, and poverty reduction in Thaïland ». ASEAN economic bulletin. Vol.21. no.1. p.8.

[8] Higgott, Richard A. et Helen E.S. Nesadurai. 2002. « Rethinking the Southeast Asian development model :bringing ethical and governance in ». ASEAN economic bulletin. Vol.19. No.1.p.34.

[9] Warr. Peter. op.cit..p.4

[10] http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.NAHC/countries/TH?display=graph , page consulté le 26 novembre 2012.

[11] Helen, James. 2010. « Resources, rent-seeking, and reformin Thailand and Myanmar (Burma) :the economics-politics nexus ». Asian Survey. Vol.50. No.2.p.437.

[12] MacDonald Scott B. 1998. « Transparency in Thailand’s 1997 economic crisis:the signifiance of disclosure ». Asian Survey. Vol. 38. No.7.p.692-693.

[13] http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/patronage , page consulté le 27 novembre 2012.

[14] Jim Grassman & Chris Sneddon. 2003. « Chaing Mai et Khon Kaen as growth Poles :regional industrial development in Thailand and its implications for urban sustainability ». Annals of the american academy of political ans social science. Vol.590.p.103.

[15] Idem.

[16] Ibid, p.107-108.

[17] Ibid, p.108.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés