Le développement politique, économique et social de l’Indonésie par et pour les femmes

Par Lisa thuc duyên Hua

Les expériences du passé de toute unité géographique (quelle qu’elle soit) expliquent leurs mécanismes et rhétoriques présentes, qui vont à leur tour influencer les transformations des structures économico-culturelles futures de cette unité.

En Occident, le développement n’a de valeur que si on intègre la notion de durabilité.  Dans un développement durable, on intègre donc des considérations environnementales dans les décisions économiques et politiques.

Dans les pays moins développés, ce sont surtout les questions sociales, culturelles, et politiques qui sont à l’avant-plan. Dans ce même souci de répondre immédiatement aux besoins de subsistance, ces questions concernant  les populations marginalisées et  l’environnement sont souvent reléguées au second plan.[1]

Les différentes tactiques et facteurs sociaux économiques et culturels de l’Indonésie  expliquent les diverses fluctuations du statut des Indonésienne à travers le temps et l’espace. Se sont ces mêmes mécanismes qui régentent le statut mais aussi le degré d’émancipation du pouvoir politique et social que l’Indonésienne peut exercer. Saraswati Sunindyo relate que dans le passé les Indonésiennes ont déjà occupé des postes et rôles politiques important sous les titres de sultanes et autres postes socio-politico-culturels. Il serait intéressant de comprendre les raisons pour les quelles ces femmes ont –elles perdu ces droits et quelles sont celles qui expliquent leur situation actuelle[2].

Rappelons que l’Indonésie est un pays qui connait une forte hétérogénéité ethnique.  Cet État, 4ème pays le plus peuplé au monde avec 225millions d’habitants[3], vit dans un esprit patriarcal prononcé provenant à la fois du confucianisme et de l’Islam. Ces deux courants de pensées qui ont étés sciemment repris et utilisés par les instances politiques, n’ont pas aidé les Indonésiennes, dans la mesure où ces deux idéologies les ont maintenues dans un rôle étriqué d’épouse et de mère, rôle en dehors duquel elles pouvaient rarement s’aventurer.

Ces stéréotypes ont été grandement  utilisés et renforcés par le nationalisme puis plus tard par le développementalisme (developmentalism ), deux idéaux politiques qui prirent cours au début du 20ème siècle sous le président Sukarno, puis vers la fin des années 60 jusqu’à 1998 avec le président Suharto.

Pendant la période du Nationalisme dont les fondements remontent à 1927 avec la    fondation du partit indépendantiste contre la colonie Hollandaise, l’image d’une Indonésie stable et durable était représenté par l’intégrité socioculturelle et religieuse. Ainsi, le modèle des épouses  pieuses et des mères qui s’occupaient de leur foyer formait la trame de ce paradigme[4].

En 1967, lorsque Suharto devint le deuxième président d’Indonésie, le nouveau parti constitué d’une bureaucratie capitaliste, donna la priorité à un développement de la nation à travers une  exploitation sans mesure des ressources naturelles de l’État insulaire. Ceci mena à l’expropriation  systématique de la majorité des terres des populations paysannes et indigènes[5].

Afin de mener sa campagne, Suharto  disposait à la fois du poids des investissements nationaux et étrangers jouxtés à celui de l’État, lui-même fortement appuyé par la force armée qui avait mené Suharto au pouvoir.  Aucune forme de résistance n’était admise, ce qui fit déchanter les divers mouvements féminins qui avaient profité de la brève liberté du développement. Leurs  fonctions furent interdites, les structures sociales sur lesquelles ces mouvements se basaient disparurent, brimant de nouveau leur existence.

Cependant, malgré toutes les contraintes héritées par les deux premières présidentielles, les femmes réussirent  à mettre en œuvre certaines améliorations concernant leurs conditions de vie. En 2003,  recensait 84% des femmes lettrées contre 92%  d’hommes vivant dans la même condition sociale. Peu à peu, l’écart entre les deux sexes s’amenuise[6]. La plupart des Indonésiennes peuvent maintenant travailler hors de leurs demeures et  être considérées comme des salariées à part entière. Certaines peuvent même travailler au sein du gouvernement indonésien, d’autres travaillent outre-mer comme main-d’œuvre qualifiée[7].

Outre le fait que davantage de femmes étaient scolarisées, la démission de Suharto eut pour effet la formation de nombreux projets féministes.  Ceux-ci permirent  l’émancipation des femmes par leur participation à de nombreux projets  favorisant le développement des structures socio-économiques du pays.

Ainsi, « the women’s legal pilote empowerment» formé en Indonésie  en 2005  projetait d’autonomiser les populations marginalisées, aidant entre autres les femmes à défendre leurs  droits juridiques et à réduire la violence des divers conflits survenant dans leur région[8].

De même,  de leur côté, de nombreuses instances internationales encouragèrent  le nouveau gouvernement  post  Suharto à renforcer le développement du rôle des femmes en Indonésie afin de permettre la réalisation de divers projets sur les plans socio-économique et pénal.

La PEKKA par exemple, projet de développement communautaire mis sur pied  par la Banque Mondiale et financé par des fonds japonais, met en place un développement social en travaillant avec des veuves victimes du Tsunami à Aceh. C’est ainsi que la PEKKA aide ces veuves à surmonter leur isolement en leur proposant des emplois où elles prennent  la tête  de différents projets en vue d’un développement durable de leurs régions[9].

Ainsi, de nombreuses solutions d’origines intérieures et extérieures au pays peuvent être mises en place pour augmenter l’importance du rôle féminin en Indonésie. En cette ère de mondialisation il serait important de lui permettre de réellement prendre part au développement de la nation, et ce, même si les stigmates traditionnels sont encore bien encrés.

Encore aujourd’hui, on peut voir jouer des pièces de théâtre où des marionnettes javanaises illustrent la société indonésienne. Dans ces pièces, les personnages féminins  représentent la beauté, la  fragilité, obéissant à leurs époux  avec un dévouement sans faille. Les personnages masculins  par contre, représentent la force, la virilité, la justice et l’action. Une image de plus en plus contestée en Occident avec l’idée d’égalité des sexes.

Dans toute société, les nouvelles générations héritent d’une position sociale qui est trop souvent prise pour acquis. Les luttes et les efforts des femmes qui  ont précédé  les jeunes femmes, les jeunes filles et les fillettes d’aujourd’hui et de demain, restent souvent occultées.

Bibliographie

  • Rekha Mehra , Women, Empowerment, and Economic Development Source: Annals of the American Academy of Political and Social Science, Vol. 554, The Role of NGOs: Charity and Empowerment (Nov., 1997), pp. 136-149 URL: http://www.jstor.org/stable/1049571 Accessed: 04/11/2009
  • Saraswati Sunindyo, When the Earth Is Female and the Nation Is Mother: Gender, the Armed Forces and Nationalism in Indonesia Source: Feminist Review, No. 58, International Voices (Spring, 1998), pp. 1-21  URL: http://www.jstor.org/stable/1395677 Accessed: 04/11/2009
  • Roksana Bahramitash, Myths and Realities of the Impact of Political Islam on Women: Female Employment in Indonesia and Iran Source: Development in Practice, Vol. 14, No. 4 (Jun., 2004), pp. 508-520   URL: http://www.jstor.org/stable/4029841 Accessed: 04/11/2009
  • Roksana Bahramitash, Islamic Fundamentalism and Women’s Employment in Indonesia Source: International Journal of Politics, Culture, and Society, Vol. 16, No. 2 (Winter, 2002), pp. 255-272 URL: http://www.jstor.org/stable/20020162 Accessed: 04/11/2009

Site internet utilisés

 

  • Blackburn, Susan Inside Indonesia : Women and the nation, En ligne, URL :Http:// www.insideindonesia.org ( page consultée le 23 octobre 2009)
  • World Banck , Indonesia Women Headed House hold program ( PEKKA), En ligne, URL :http://web.worldbank.org ( page consultée le 04/11/2009)

[1] Ody , Morgan,2006, En ligne

[2] Saraswati Sunindyo, When the Earth Is Female and.. pp. 1-21

[3] Ody , Morgan,2006, En ligne

[4] Saraswati Sunindyo, When the Earth Is Female and…, pp. 1-21

[5] Idem..

[6] Rekha Mehra , Women, Empowerment, and Economic Development, pp. 136-149

[7] Roksana Bahramitash, Myths and Realities… pp. 255-272

[8] Blackburn, Susan, en ligne

[9] World bank, en ligne

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