La Cambodge

Par Hakim Harakat

Le Cambodge était une monarchie avant de devenir un protectorat français en 1863. Cette protection contre les puissants voisins, le Siam et l’Annam, dont bénéficie le pays permet à certains rois, notamment le roi Sisowath, au pouvoir de 1904 à 1927, de récupérer certains territoires comme les provinces occupées par le Siam (ancien nom de la Thaïlande, et aussi de moderniser les institutions, mais cela à moindre mesure qu’au Vietnam où la France s’est moindrement investie. Une opposition pacifiste contre l’occupation française commence à se faire ressentir dans les années 1930 s’élargissant aux jeunes intellectuels et aux bonzes (moines bouddhistes) influencés par Son Ngoc Thanh.
À la suite du décès du roi Monivong, fils de Sisowath, ayant régné de 1927 à 1941, le gouvernement de Vichy choisit son petit fils, Norodom Sihanouk pour lui succéder à cause de son penchant moins farouche envers la présence de la France sur le territoire. Après l’occupation japonaise et sous leur influence, le 12 mars 1945, le roi Sihanouk dénonce les traités franco-cambodgiens et proclame l’indépendance du pays. Une période d’indépendance qui fut brève.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Cambodge est faible et instable face à une France désireuse de reprendre le contrôle de l’Indochine. Cependant en 1947, le pays devient une monarchie constitutionnelle dont la structure est proche de celle de la quatrième République française et les premières élections législatives donnent le pouvoir au parti démocrate. Il persiste toutefois une présence d’opposition, cette fois représentée par une guérilla nationaliste du nom de Khmer Issarak (ou mouvement Issarak) et soutenue par la Thaïlande et le vietminh (mouvement nationaliste du Vietnam considérant le gouvernement cambodgien comme collaborateur avec le régime colonialiste français). La rébellion se fait cette fois par les armes et prônait une réelle indépendance. Le Cambodge finit par obtenir sa totale indépendance en 1953.

Maintenant que le régime est caractérisé comme étant une monarchie constitutionnelle, le pouvoir du roi n’est plus correctement déterminé et reste flou. Sihanouk renonce donc au trône au profit de son père et son pouvoir se restructure autour du parti Sangkum Reastr Niyum (Communauté socialiste populaire). Le parti remporte les législatives haut la main et Sihanouk devient premier ministre, qui est désormais le poste détenant le plus de pouvoir. La guerre du Vietnam influence inévitablement le pays, mais Sihanouk tente de se positionner dans la neutralité, gèle les relations diplomatiques avec le Vietnam Sud en 1963 et renonce à l’aide économique et militaire des États-Unis. Le 18 mars 1970, le général  Lon Nol, pilier de l’armée, anticommuniste et fervent partisan de l’économie de marché, tente un coup d’État contre Sihanouk et s’empare du pouvoir avec le soutien des États-Unis. C’est alors que Sihanouk s’allie à la guérilla d’inspiration communiste, les Khmers rouges, et forme le gouvernement royal d’union nationale du Kampuchéa le 5 mai 1970. Les affrontements ressemblent de plus en plus à une guerre civile, prend de plus en plus d’ampleur et son alimentés par l’affrontement indirect, dans un contexte de guerre froide, de la Chine qui supporte la guérilla et les États-Unis le gouvernement Cambodgien. Les Khmers rouges gagnent du terrain et Lon Nol ne voit d’autre moyen que de faire appel à l’armée américaine pour les faire reculer.

Après le désengagement et le retrait de la puissance américaine dans la région, les Khmers rouges de Pol Pot entrent dans Phnom Penh le 17 avril 1975 et proclament l’état du Kampuchéa démocratique. Pendant trois ans les Khmers rouges se sont adonnés à des actes de génocide. Le 25 décembre 1978, l’armée vietnamienne entre au Cambodge et chasse les partisans de Pol Pot du pouvoir. La république du Kampuchéa est proclamée, Heng Samrin étant le chef de l’état et Hun Sen le premier ministre. Les Vietnamiens forment un gouvernement allant dans le sens de leurs intérêts ce qui  fait que les Khmers rouges continuent la lutte. Ces derniers sont soutenus et aidés par la Chine et la Thaïlande. En 1982, suite à cette alliance politico-militaire, se forme un gouvernement de coalition en continuité du Kampuchéa démocratique.

Sihanouk et Hun Sen ainsi que les autres parties se rencontrent dans le cadre de négociations à partir de 1987. Suite à l’échec de la conférence internationale de paix en 1989, la République du Kompuchéa démocratique devient l’état du Cambodge et en septembre de la même année, les troupes vietnamiennes se retirent du pays. L’Accord de Paris du 23 octobre 1991 entre les parties cambodgiennes a donné naissance au Conseil national suprême dont le rôle a été de mener le pays à la réunification et à la réconciliation nationales; l’autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC) est présente au Cambodge pour contrôler l’application de l’Accord et pour organiser des élections en 1993, démilitariser les factions et assurer le retour des réfugiés.

À la suite des élections, le roi retrouve son trône le 24 septembre 1993 et impose un gouvernement bicéphale avec deux premiers ministres. L’un est un de ses fils, le prince Ranariddh et l’autre est Hun Sen. Cette cohabitation dure jusqu’au coup d’état, le 5 juillet 1997, par Hun Sen qui s’impose seul. Les législatives de 1998 viennent renforcer sa présence au pouvoir.

Référence

Documentaire recouvrant toute la période et les points étudiés : http://www.dailymotion.com/relevance/search/kampuchea/video/xfbrf_kampuchea-chroniques-rouges-amer_news, 55 min.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés