Singapour, la Cité-État du 21e siècle aux airs barbares

Par Samuel Barbas

Le Code pénal singapourien identifie plusieurs crimes susceptibles d’être punis par la peine de mort ou par des châtiments corporels. La peine capitale est systématiquement appliquée dans les cas de meurtre, trafic de drogues et certaines formes de kidnapping tandis que les châtiments corporels sont la punition pour une trentaine d’offenses violentes et non violentes, comme le viol, le vol, le vandalisme et la transgression des lois sur l’immigration. Plusieurs organismes de protection des droits de l’Homme considèrent ces méthodes inhumaines. Face aux pressions internationales, le gouvernement a promis d’adopter une attitude d’ouverture face à une modification éventuelle de sa législation sur la peine de mort. Toutefois, ce même gouvernement n’a jamais accepté que les représentants du respect des droits humains visitent les prisons du pays [1].

Sur la question de la peine de mort, Amnistie Internationale classe les pays du monde en quatre catégories : les pays qui la permettent légalement et appliquent la peine de mort, ceux qui l’ont encore dans leur Code pénal, mais qui ont accepté de ne pas l’appliquer pendant 10 ans, ceux l’ayant complètement abolie et finalement les pays « rétentionnistes », c’est-à-dire ceux qui maintiennent cette peine dans des cas bien précis comme le meurtre, ou les crimes de guerre par exemple. Singapour appartient à cette dernière catégorie. L’unique méthode utilisée par les autorités locales est la pendaison. Si cette méthode peut paraître cruelle, elle est fréquente dans les pays d’Orient comme l’Inde, le Japon, la Malaysia, l’Iraq, etc.

Singapour n’applique cette peine que dans des cas bien précis. Toutefois, cela ne l’empêche pas de faire parties des meneurs du palmarès des pays avec les plus hauts taux d’exécutions par rapport à sa population (4,5 millions). Entre 1991 et 2001, 340 personnes ont été exécutées (Soltani 2003). Selon l’ONU, entre 1994 et 1999, Singapour a maintenu une moyenne de 13,57 exécutions par 1 000 000 d’habitants, la norme internationale se situe plutôt autour de trois ou quatre exécutions par million d’habitants. Toutefois, les condamnations à mort diminuent tranquillement, dans son rapport 2007, Amnistie Internationale rapporte que :

« Cinq personnes au moins ont été exécutées: deux en juin pour trafic de drogue et trois en novembre pour meurtre. Cinq condamnations à mort, peut-être davantage, ont été prononcées au cours de l’année. »

Selon, Think Centre, un groupe d’activistes singapourien, 70% de ces exécutions auraient été pour des crimes liés au trafic de drogues. La baisse du taux de criminalité serait partiellement responsable (AFP 2000).

Châtiments corporels

La souffrance physique fait aussi partie des outils disciplinaires de l’État; dans son code pénal, la cité-État permet la bastonnade. Cette méthode est appliquée pour punir une trentaine d’offenses violentes et non violentes, comme le viol, le vol, le vandalisme et la transgression des lois sur l’immigration.

Le Dr. Chee Soon Juan, ancien leader de l’opposition, a passé cinq semaines en prison en 2002. Bien qu’il n’ait pas subi lui-même de torture, autre que d’être enchainé à son lit la nuit, il a relaté le fonctionnement de ce châtiment dans une lettre ouverte:

« La bastonnade à Singapour est un acte barbare lors duquel du personnel entraîné, à l’aide d’un morceau de bambou de six pieds de long et un pouce d’épaisseur, flagelle le malheureux fessier de leur victime. Les chevilles de ce dernier sont attachées à une structure de métal, il doit se pencher vers l’avant afin que ses poignets subissent le même sort. Il ne reste alors que leur postérieur nu exposé à la merci de leur bourreau. » [Vidéo]

Le nombre de coups de bâton varie en fonction de la gravité du crime commis. Elle peut aller de quatre coups, comme ce fut le cas pour l’Américain Mickael P. Fay aux 48 coups auxquels fut soumis Qwek Kee Chong, soit deux fois la limite légale pour un adulte.

Certaines personnes sont exemptées de ce châtiment : le Country Reports on Human Rights Practices 2003 nous apprend que les femmes, les hommes âgés de plus de 50 ans et ceux possédant une contrindication médicale ainsi que les jeunes de moins de 16 ans ne sont pas soumis à ce châtiment. Ceux qui sont condamnés à mort en sont aussi déchargés.

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Références

Kuntz, Tom. 1994. « Ideas & Trends; Beyond Singapore: Corporal Punishment, A to Z », The New York Times, (New York), June 26

En ligne
Soltani, Pam. 2003. « Crime and Punishment in Singapore », Pacific Rim Magazine, Online Publication

Singapore – Country Reports on Human Rights Practices – 2003 Released by the Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor February 25, 2004. En ligne http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2003/27788.htm

Amnistie International, Singapour Rapport annuel 2007. En ligne http://report2007.amnesty.org/fra/Regions/Asia-Pacific/Singapore

Man caned 48 strokes – twice the legal limit – sues govt, in Asiaone. 21 juillet 2007. En ligne http://news.asiaone.com/a1news/20070701_story5_1.html

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