Par Carole Sorbier
1.
entre ta dernière voyelle
et ma première note
ton silence est un son
entre ma dernière voyelle
et ta première note
2.
sans te connaître
j’ai reconnu le banc
d’aucuns y gravent des mots
au vent des rendez-vous
j’y ai trouvé ton gant
posé ma joue
de ton jardin
j’ai emporté le banc
3.
Rappelle-toi
cet instant
ce jour
ivre de repos
L’Éternel planait
sur le vol immobile des éperviers
Je t’ai vu sortir des flots
l’empreinte de l’île à tes pieds
Rappelle-toi
cet instant
cette eau
qui sortait des pierres
Il faisait si tôt
4.
Un jour on ne se connaît pas
puis on danse sous les étoiles
on se frôle
on s’en va
À voiles coupées du mât
se balancent les inséparables
seuls
contre les magnolias
5.
Quand plus rien ne durera
que les parfums suaves
de miel
de myrrhe
entre mes doigts
le soleil aura pleuré
toutes ses larmes d’abeilles
et la mort me quittera toujours
___
Vertige d’infini
sans abîmes
ni brisures d’amour
6.
Entre les gonds criards
brûle la rouille — l’outremer
couvre l’ultime oiseau
du crépuscule
Biographie
Née à Paris, Carole Sorbier a découvert l’Amérique pour des raisons professionnelles et d’études, mais c’est Montréal qu’elle a choisie pour vivre il y a plus de 20 ans. Après des études universitaires en droit, elle a travaillé dans le milieu de la science politique où elle a appris le métier de réviseur qu’elle continue d’exercer au Québec dès que l’occasion s’y prête afin de rester au plus près des mots.
Par-dessus tout langage, c’est pour la poésie qu’elle vibre.
Les poèmes sont extraits de son recueil à paraître, Poésie de l’Inachevé.