Par Marina Maslovskaïa
Traduction du russe par Anatoly Orlovsky
Холм леса моего
где деревья так густы
что кажутся травою
их листы
зимой в те борозды
слепящие от снега
я бледный свет сажал
весеннего побега
я думал если есть
дорога через садпусть будет так длинна
что о пути назад
не вспомню я
и пусть мой проводник
мне будет свет земной
и мой двойник
*
Ma forêt ma colline
Où les arbres sont si denses
Que leurs feuilles comme de l’herbe
Poussent par touffes
En hiver tes sillons
Tout tremblants sous la neige
J’y plantais un ciel terne
Je songeais à ma fuite
J’ai pensé s’il existe
Quelque route sinueuse
Qu’elle soit sans balises
Que je me perde et l’oublie
Et que mon unique guide
Soit cette lumière pâle
D’une journée enneigée
Et mon double
Mon double
родился сегодня и вынесен мною на берег
камешек голый планетка где ничего не растет
больше я сделать с тобой ничего не сумею
имя и голос кто-то тебе изберет
легкою ношей по волнам – и ветром развеет
клич-колесо и шепот вдогонку «живи»
больше я сделать с тобой ничего не сумею
не отрекусь и не удостою любви
*
Né aujourd’hui et porté au rivage dans mes bras
Nu lisse caillou petite planète infertile
Je ne peux plus rien pour toi
Quelqu’un d’autre te donnera
Nom et voix
Vogue si léger sur les flots –
Mon appel-roue-cri de ralliement
Mon murmure à tes trousses « sois vivant »
Cri et murmure tôt dispersés aux quatre vents
Je ne peux plus rien pour toi
Je ne saurai sans retour
Te renier ni t’accorder mon amour
Biographie
Poète et peintre originaire de Saint-Pétersbourg en Russie, immigrée au Québec en 1991, Marina Maslovskaïa est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, ainsi que de l’Université de Montréal (1999). Dès sa jeunesse, elle inscrit son œuvre poétique dans la culture sui generis de sa ville natale. Solitaire, spirituelle, immergée dans la nature nordique environnant sa cité-monde, Marina se fait cependant connaître par quelques auteurs marquants de son époque, dont Viktor Krivouline (1944-2001), l’un des fondateurs de la « seconde culture » pétersbourgeoise dans les années 1970. Exposant régulièrement ses œuvres plastiques à Montréal et ailleurs, Marina a aussi récité dans notre métropole sa poésie russe et française avec, en perspective, une publication et un rayonnement à la mesure de cette voix vive et profonde.