Poème lu à CKUT le… 10 septembre 2001, lors d’une entrevue avec Anne Farell, au sujet de la violence, de la révolte et du fascisme.
par Ève Langevin
Gisons, gisant, les lèvres pleines de fumées
Pour qu’ils n’y voient qu’un leurre
pire que la mort
Plantons un bulbe d’amour
À chaque coin de rue
Cousons cousins des mots incendiaires
sous chaque rebord de robe
Chaque mot prononcé en trop
est une minute de plus à vivre
surtout parler
la bouche un peu moins pleine
J’en connais beaucoup
qui mourront très jeunes
Ou qui sont déjà morts d’overdose
hum… [expression de plaisir]
Mangeons lentement
les plus belles fleurs du monde
Pendant qu’il en reste encore
Broutons, comme des vaches, s’il le faut
Et râlons, hurlons comme des louves
Pour le prochain enfant à naître
aou aou [cri de loup]
Il paraît que je suis dans l’espace
Que je marche sur des nuages mal peltés
Il paraît qu’un rayon vert me porte
(C’est ce que les Djinns m’ont dit)
grr grr [grognement de colère]
Il paraît que je suis au bord de la crise de nerfs
Au sud, au nord, à l’est,
qu’il ne manque qu’il ne manque qu’une perle
Les petits soldats de bois
Déboulant les escaliers
Ils ont tant de peines
Un seul souffle suffit
pour les faire tomber
Ils sont si bien alignés
Il paraît que nous sommes en guerre
Et nous ne le savions même pas.