L’autoritarisme en Thaïlande

Par Hakim Harakat

Le roi Chulalongkorn (Rama V), a réussi à préserver son pays dans l’indépendance mais a tout de même dû céder quelques territoires aux puissances coloniales françaises et anglaises. À la mort de Rama V, c’est l’un de ses 77 enfants qui prend le pouvoir, Vajiravudh (Rama VI). Son plus jeune frère, Prajadhipok (Rama VII),  lui succède à sa mort.

La monarchie absolue est définitivement renversée par un coup d’État pacifique le 24 juin 1932. Les nouveaux venus ont pour objectif d’instaurer un régime constitutionnel et représentatif ainsi que d’imposer l’égalité des droits. Le nouveau pouvoir est partagé entre civils, représentés par Pridi Phanomyang un conservateur désigné pour diriger le gouvernement, et militaires. L’opposition est monarchique. Le roi règne mais ne gouverne pas. L’arène politique s’est transformée. La lutte pour le pouvoir ne se fait plus entre princes, mais désormais entre une oligarchie de cadres supérieurs, civils et militaires.


En octobre 1933, le prince Bowaradet, ancien ministre de la Défense à l’ère monarchique, cherche à rétablir la monarchie absolue, mais l’armée réussit à contenir la rébellion. Le colonel Phibun Songkhram, à la tête des troupes royalistes est celui qui s’est distingué dans sa mise en échec. Il deviendra premier ministre en décembre 1936. Entre temps, le roi Rama VII abdique et c’est son neveu, Ananda Nahidol, à peine âgé de neuf ans qui est appelé sur le trône. Les armes servant de programme au colonel Phibun sont le nationalisme, l’anticommunisme et le militarisme.

Le 24 juin 1939, le Siam devient la Thaïlande. Phibun s’allie aux Japonais pour combattre les Chinois et les Occidentaux. Pridi organise les « Thaï libres », qui deviennent le symbole de la résistance et grâce à leur contact avec les alliés, se rangeant du côté des vainqueurs à la fin de la guerre.

La fin de la guerre conduit à la fin du pouvoir des militaires et une tentative de démocratie. Les partis politiques se multiplient. En 1946, le pays connaît les premières élections libres. Elles mènent la gauche, avec à sa tête Pridi, à la majorité au détriment des centristes et des conservateurs.

La même année, le jeune roi meurt et Rama IX, son frère cadet, lui succède le 9 juin. Pridi est accusé d’avoir tué le roi et est écarté du pouvoir. C’est l’amiral Thamrongnawasawat qui en prend désormais le contrôle. Les partisans de Phibun renversent le pouvoir en novembre 1947, mais nomment à sa tête un dirigeant du parti démocrate, Khuang Aphaiwang. Aux élections législatives de janvier 1948, il obtient la majorité absolue, mais est renversé en avril par le maréchal Phibun. Après cette interminable lutte pour le pouvoir, le réel pouvoir réside en fait entre les mains du général Sarit Thanarat contrôlant l’armée et le général Phao Siyanon, chef de police.

La montée du communisme tisse des liens plus forts entre les États-Unis et la Thaïlande et cette dernière s’engage dans la guerre de Corée. Le général Sarit instaure une dictature militaire en 1957. Il meurt en 1963 et le nouveau dirigeant, le général Kittichakorn noue plus de liens avec les Américains engagés dans la guerre du Vietnam.

La dictature est mise en échec par un mouvement étudiant organisé en octobre 1973. Le roi confie le pouvoir à Sanya Dharmasakti, un universitaire. Les élections de janvier 1975 élèvent Kukrit Pramoj au titre de chef du gouvernement. Ce sont les premières élections libres depuis 1946. Face à de nombreuses difficultés, le premier ministre dissout le parlement et demande de nouvelles élections. Le parti démocrate forme une coalition de centre-droit, dirigée par Seni Pramoj.

L’amiral Sagnad s’empare du pouvoir, le 6 octobre 1976, avec l’accord du roi. Thanin Kraivichen devient le nouveau premier ministre, mais est contraint de laisser le pouvoir au général Kriangsak Choomanan le 20 octobre. En 1980, le général Prem Tinsulanond devient premier ministre et ce jusqu’en 1988 malgré deux tentatives de coups d’État dirigés contre lui. Le 2 août 1988, les élections choisissent un civil, Chatichai Choonhavan pour occuper le poste de premier ministre.

Le 23 février 1991, la loi martiale est rétablie par le général Sunthorn Konsompong mais les militaires optent plutôt pour désigner un civil, Anand Panyarachun, pour diriger le pays. D’autres élections ont lieu en 1992 les militaires gagnent la majorité. Le premier ministre, le général Suchinda Krapayoon, suscite des manifestations sanglantes. Le premier ministre se désengage de son poste après l’intervention du roi. C’est Anand Panyarachun qui est rappelé. Le pouvoir change encore de mains et passe entre celles du leader du parti démocrate, Chuan Leekpai, après des élections le 13 septembre 1992.

Après ces remous dans l’équilibre du régime, l’instabilité persiste, mais ne réside plus en des coups d’État militaires, mais en des combinaisons parlementaires stratégiques. La Thaïlande connaît donc douze coups d’État, cinq révolutions de palais, onze tentatives de putsch et pas moins de cinquante gouvernements avec comme cadre invariable la continuité du pouvoir militaire.

Liens d’intérêt

http://www.dailymotion.com/video/x30ef9_thailandcoup-d-etat-a-risquele-dess_events

Références

http://www.universalis.fr/corpus2-encyclopedie/117/0/O141261/encyclopedie/PHILIPPINES.htm

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/pays/PHL/fr.html

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