Vers une Organisation des Pays Exportateur de Riz ?

Par Arnaud Daoust Janson

Calqué sur l’acronyme O.P.E.P., la création de l’O.P.E.R (Organisation des Pays Exportateur de Riz), est un évènement qui reste en suspens. C’est le premier ministre thaïlandais, Samak Sundarajev, qui a  annoncé en mai 2008 la possibilité de la création d’une telle organisation. En plus de la Thaïlande, l’organisation compterait sur participation du Vietnam, du Laos, du Cambodge et du Myanmar. Si l’idée peut paraitre intéressante, pour certains, comme le gouvernement philippin, l’annonce a vraisemblablement sonné une l’alarme.

Même si les Philippines sont un important producteur rizicole, il n’est pas encore capable de satisfaire ses besoins en riz. Le pays se retrouve dans une situation inquiétante, car avec la hausse du prix des céréales (dont le riz), de larges pans de la population pourront difficilement se nourrir. La création d’une O.P.E.R. fait craindre au gouvernement philippin une montée exponentielle du prix de cette denrée provoquant des « émeutes de la faim ».

D’ailleurs, peu de temps après l’annonce du Premier ministre de Mr.Sundarajev, le gouvernement philippin a fait savoir son désir d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici l’année 2010 [1]. Pour ce faire, le ministère de l’Agriculture a proposé un plan en partenariat avec l’IRRI [2], l’Institut International de la Recherche sur le Riz, qui est basé à Los Banos non loin de Manille.

Quand le gouvernement s’y met

Pour atteindre son objectif et pour augmenter ses réserves alimentaires, le gouvernement philippin se doit d’ouvrir la voie à toutes les avenues possibles. Il doit développer une variété de riz qui pourrait résister davantage aux aléas néfastes de la production (intempéries et maladies par exemple), tout en produisant plus. À l’heure actuelle, c’est par l’adoption de technologies étrangères que le ministère de l’Agriculture des Philippines cherche à améliorer la production de riz du pays.

De plus, en 1998, le gouvernement philippin a instauré un programme afin de produire un riz hybride qui pourrait, à court terme, permettre au pays d’atteindre l’autosuffisance de cette céréale [3]. L’initiative d’utiliser une variété hybride avait d’ailleurs déjà été entreprise par l’IRRI vers la fin des années 1970, rejoint plus tard dans l’aventure par l’organisme philippin PhilRice (Philippine Rice Resarch Institute).

En attendant que la crise alimentaire se résorbe, la présidente du pays, Gloria Arroyo à fait une sortie en avril dernier pour proclamer que les voleurs de riz seront punis [5], faisant référence notamment aux problèmes de corruptions qui sévit dans l’archipel. De plus, d’ici 2010, date butoir où le pays devrait avoir réussi à assurer sa sécurité alimentaire,   la population est en quelque sorte prise en otage par les spéculateurs qui jouent sur le marché boursier de l’alimentation. La situation est préoccupante, d’autant plus que le programme d’aide alimentaire des Nations Unies [6] (le PAM) est en sérieuse difficulté.

Références

[1] Philippines pushed to accelerate rice self-sufficiency measures. En ligne.

[2] http://www.gov.ph/cat_agriculture/default.asp

[3] Advances in hybrid rice technology in the Philippines. En ligne.

[5] France24.Gloria Arroyo intransigeante avec les voleurs de riz. En ligne.

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