Le tourisme du golf en Thaïlande: impact socio-environnemental

de Manon de Dianous

Un des nombreux terrains de golf à Phuket

Avec ses plages paradisiaques et ses nombreux espaces verts, la Thaïlande séduit un grand nombre de golfeurs à travers le monde. Le royaume du Siam compte plus de 250 parcours de golf présentant l’un des meilleurs rapports qualité-prix de la planète (Thaïlande Tourisme, 2017). Le tourisme joue un rôle crucial dans le développement économique du pays, c’est pourquoi le gouvernement thaïlandais s’efforce de mettre en place des infrastructures adaptées aux attentes des riches occidentaux. Devenue un territoire de business, la Thaïlande souffre de ce tourisme de masse dégradant l’environnement mais également l’espace social des populations locales. Quelles sont alors les principales externalités du tourisme du golfe sur l’espace socio-environnemental de la région ? Comment expliquer que les politiques mises en œuvre pour promouvoir un tourisme plus durable ne semblent pas fonctionner ?

 

Enjeux environnementaux importants

Île de Phuket au sud de la Thaïlande (576 km2)

Dès les années 1990, jouer au golf dans des lieux exotiques est devenu l’attraction la plus convoitée par les amateurs de sport et de voyage. Pourtant, la construction de terrains de golf provoque d’importants problèmes environnementaux. En effet, pour obtenir un gazon aussi vert, les terrains de golf utilisent une quantité d’eau considérable pour l’irrigation ainsi que divers engrais chimiques.  « Un terrain de golf moyen dans un pays tropical tel que la Thaïlande a besoin de 1500 kg d’engrais chimiques, de pesticides et d’herbicides par an et utilise autant d’eau que 60 000 villageois ruraux » (Barcelona Fields Studies Center, 2017). Autrement dit, les terrains de golfs sont des désastres écologiques dans la mesure où une surconsommation d’eau modifie l’écosystème. Dans un soucis d’esthétisme et d’attraction touristique, les compagnies multinationales sont prêtes à modifier l’environnement pour fournir l’espace physique nécessaire à la construction des terrains de golf et de leurs besoins auxiliaires (Palmer, 2004). En effet, de nombreux touristes viennent en famille, ce qui implique l’installation de nombreuses infrastructures (aires de jeux, piscines, restaurants, hôtels…) construites sur le territoire qui fut jadis celui des populations locales. Sur l’île de Phuket, on peut compter 8 clubs de golfs dont l’accès touristique est facilité par la présence d’un aéroport. Cela en dit long sur l’impact environnemental causé par ce tourisme de masse. De plus, le lieu d’implantation de ces complexes hôteliers n’est pas choisi au hasard, il se situe souvent « dans ou à proximité de zones protégées ou de zones dans lesquelles les ressources sont limitées » (Unep, nd).  En effet, il s’agit d’offrir un site idéal afin que les touristes aient accès à différentes activités, notamment la plage et la plongée, causant davantage d’externalités négatives environnementales. La pollution de l’eau à Phuket est un sérieux problème résultant à la fois des déchets émis par les hôtels et restaurants (Thaweephon, 2016), mais également des comportements des voyageurs soucieux parfois plus de leur bien-être que de ce qui les entoure. Au large de Phuket, des plages ont été fermées récemment afin de protéger et sauvegarder les récifs coralliens, espèces désormais en danger d’extinction (l’Express, 2016).

 

La population locale affectée

L’invasion touristique n’est pas sans conséquence sur les modes de vies des populations locales. En effet, celles-ci doivent s’adapter aux nouvelles infrastructures imposées par les entreprises internationales ne cherchant qu’à accroître leur profit. Beaucoup furent victime de déforestation les obligeant à se déplacer ou à céder leurs terres. L’industrie du golfe a toutefois été créatrice d’emploi, mais avec le développement des technologies, peu d’employés ont conservé leur travail ; autrement dit, beaucoup se sont retrouvés sans emploi, l’agriculture leur ayant été enlevé (Hudson, 2003). De plus, au début du développement de l’industrie du golfe, beaucoup de femmes employées furent victimes d’exploitation sexuelle (Hudson, 2003). En effet, les clubs se servaient d’elles comme objet de confort et de distraction pour les golfeurs venus seuls. Tout était pensé et conçu pour répondre aux besoins des visiteurs, un business se créa au prix parfois de la perte de valeurs humaines. Les populations locales ont également subi un choc culturel en côtoyant les visiteurs occidentaux. Effectivement, le tourisme de masse tend à faire disparaître l’identité culturelle des habitants natifs, ce qui déplait aux voyageurs motivés par la rencontre culturelle (Korn, 2012). Les préoccupations politiques et économiques semblent souvent primer sur des questions éthiques.

 

Initiatives durables difficiles : rente économique privilégiée

Les touristes sont de plus en plus attirés par des séjours touristiques écologiques souhaitant pouvoir concilier protection de l’environnement et ouverture culturelle. De ce fait, de nombreuses agences de voyages se servent du label « écotourisme » pour plaire à cette gamme de client respectueux de l’environnement. Grand défenseur du tourisme, le gouvernement thaïlandais s’assure de répondre aux besoins des visiteurs en leur offrant la meilleure impression possible de leurs séjours (OMT, 2012). Bien que les autorités locales aient conscience des impacts environnementaux engendrés par l’activité touristique, ils font face à leur croissance économique qu’ils ne veulent pas voir s’effondrer. Ils tentent de mettre en place des politiques pour réduire l’impact environnemental tout en conservant leurs activités touristiques, ce qui s’avère difficile pour des terrains de golf à l’origine non conçu durablement. Plusieurs rencontres ont lieu lors des Commissions de lOMT pour l’Asie du Sud-Est et pour l’Asie du Sud afin que la Thaïlande, et ses pays voisins, se préparent au mieux à la gestion d’une vague de touristes toujours plus demandeurs, mais dont l’accueil devra se faire à l’intérieur d’une économie verte et prometteuse (OMT, 2012).

 


Lien vidéo : (Golf in a Kingdom – The Thaï golf experience) : comprendre les différentes stratégies marketing mises en place par les tours opérateurs pour dynamiser l’activité touristique.

 

Bibliographie :

 Barcelona Fields Studies Center. 2017. En ligne : http://geographyfieldwork.com/golf.htm (page consultée le 2 juin 2017).

Hudson, Simon. 2003. Sport and Adventure Tourism. New York : The Haworth Hospitality Press.

Korn, Bruce. 2012. « Golf tourism in Thaïland : an exploration of players’ constructions of an authentic thaï caddy ». Thèse, Southern Cross University, 115p.

L’Express, 2016. « La Thaïlande ferme une île pour la sauver des touristes ». En ligne : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/la-thailande-ferme-une-ile-pour-la-sauver-des-touristes_1793728.html (page consultée le 2 juin 2017).

Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). 2012. La Thaïlande reste très engagée en faveur du développement d’un tourisme durable ». PR 12029, 11 mai.

Palmer, Catherine. 2004. « More than just a game : the consequences of golf tourism ». Dans Ritchie Brent W. et Daryl Adair : Sport tourism : interrelationships, impacts and issues. Chanel vieux publications, p. 117-134.

Programme des Nations Unies pour l’environnement (Unep). nd. Tourisme, Hôtelerie et environnement : impacts et solutions. En ligne : http://www.unep.fr/shared/publications/cdrom/DTIx1043xPA/doc/fr/PARTIE2.pdf (page consultée le 2 juin 2017).

Thaïlande Tourisme. 2017. Le Golfe en Thaïlande. La Thaïlande : paradis des golfeurs. En ligne : http://www.thailande-tourisme.com/activites-et-loisirs/golf.html (page consultée le 2 juin 2017).

Thaweephon, Thwaeewat et Prangtip Yuvanont. 2016. « The influence factors to golf courses’ successful in Thailand context » Middle-East Journal of Scientific Research 24 (4): 1449-1456.

 

Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés