La femme en Malaisie, entre grandes villes et ruralité.

La capitale : Kuala Lumpur 

L’État de la Malaisie présente des caractéristiques particulière dans l’étude de la place des femmes en Asie du Sud Est, dans un premier temps face à l’organisation du territoire, déchiré entre ruralité et grandes villes. En effet, il existe un fossé culturel majeur entre les cités malaises très développées, notamment Kuala Lumpur qui est la capitale du pays, et les territoires moins urbanisés sur lesquels évoluent encore les tribus autochtones appelées Orang Asli. Parmi cette répartition culturelle, on prête plusieurs rôle différents et parfois même opposés à la femme malaise, du point de vue social mais également du point de vue religieux. Puisque l’article 3 de la constitution malaisienne fait de l’Islam la religion officielle de la fédération, bien que la pratique des autres religions y soit tolérée et autorisée. Ainsi on se pose la question suivante : quels sont les rôles divers réservés à la femme malaise ? Le but de ce billet est de déterminer la multiplicité qu’incarne la place de la femme en Malaisie, selon le cadre social mais également selon le cadre géographique.

La femme dans les grandes villes, la religion et les évolutions sociales.

Femmes malaises musulmanes 

Jusque dans les années 1960, la femme malaise est principalement cantonnée à un rôle confucéen, c’est à dire à remplir les tâches liées à l’entretient du foyer et l’éducation des enfants (Koshal 1998). Ce n’est que plus tard, depuis 1975 que le gouvernement malais se concentre sur la cause des femmes et s’implique pour l’égalité des sexes. Une démarche moderne mais très lente qui commence à prendre forme en 1991, avec la Politique Nationale pour les Femmes dont le but est de combattre la discrimination contre les femmes en Malaisie (Koshal 1998). Depuis ces prémices de la lutte pour les droits des femmes, le gouvernement malais a continué d’inclure cette cause dans ses actualisations qui mettent également la religion au centre. C’est une problématique complexe puisque la religion musulmane est trop souvent interprétée comme inégalitaire pour les femmes. Une pensée qui ne s’applique pas au gouvernement malais qui tente de libérer les femmes à travers la religion, mais qui subit un décalage par rapport à la mentalité de la population qui ne va pas dans le même sens. En effet, dans les dernières législations, les principales tentatives d’amélioration de la condition des femmes ont eu des effets secondaires inverses. La preuve d’une incompréhension de la part de la population malaise qui offre une interprétation différente de l’Islam (Sikandar Shah Haneef 2011).  Ce décalage culturel lié à des visions différentes entre la population et le gouvernement est un obstacle majeur à l’évolution du droit des femmes malaises. Principalement dans la mesure où la femme malaise est conditionnée par une vision de l’Islam qui la place en position d’infériorité face aux hommes (Hauchard n.d.). Cet écart de mentalité est marqué en 2011 par la création d’un « Club des femmes obéissantes », mené par un groupe de jeunes mariées qui pensent avoir trouvé la solution pour un couple heureux : la soumission (Gooch 2011). Un groupe qui liait déjà 800 femmes en Malaisie et 200 au Moyen-Orient en 2011. Leur message principal et très rétrograde incite les femmes à obéir à leur mari, dont le rôle est de mener sa ou ses femmes jusqu’à Dieu.

La femme dans les milieux ruraux, un rôle traditionnel important.

Des enfants autochtones : Orang Asli 

Il faut cependant préciser que la nation malaise est très divisée, entre le milieu urbain très moderne, et le milieu rural qui abrite encore une population autochtone importante, à la mentalité très différente. En effet, les Orang Asli, littéralement « hommes des origines » en malais, représentent des valeurs familiales et culturelles distinctes de celles partagées par les habitants des villes. La femme autochtone y est très importante pour la famille et la communauté en général puisque ces femmes sont considérées comme nourricières et formatrices (Massard 1985). En effet, leurs tâches sont principalement traditionnelles et pourraient paraître rétrogrades, mais sont en fait indispensables à la survie des tribus puisqu’elles sont porteuse de la culture Orang Asli et transmettent leurs connaissances aux nouvelles générations. Responsables des tâches liées à la famille, elles s’occupent de l’éducation des enfants et de la transmission des gestes qui ont permis la maintenance des autochtones sur un territoire hostile (Fatan, Liyana 2014). Une liberté culturelle mise en danger par un gouvernement qui tente de rassembler la population malaise autour des mêmes intérêts et qui menace les traditions des orang asli. On pense notamment à l’obligation de donner naissance avec une assistance médicale reconnue, qui a forcé la disparition des sages-femmes traditionnelles autochtones et des hommes qui occupaient également ce rôle (Hew Cheng Sim 2006). Une tentative d’homogénéisation maladroite qui tend a produire une culture malaise qui ne va pas dans le sens de l’évolution de la cause des femmes. Puisque le gouvernement ne saura être efficace qu’en réduisant l’écart des mentalités trop important dans le pays.

Bibliographie

Constitution malaisienne 

Gooch, Liz. 2011. « Malaisie. Sois belle, servile et tais-toi ! ». Article rédigé pour South China Morning Post – Hong Kong et diffusé par Courrier International. 

Hauchard, Amaury. n.d. « La femme, le Coran, et le bikini en Malaisie ». Récit et témoignages de femmes malaises pour Cross Worlds.

Hew Cheng Sim. 2006. « Orang Asli Women of Malaysia: Perceptions, Situations and Aspirations, Adela Baer et al. ». Pour Malaysia: Centre for Orang Asli Concerns. pp 167-190.

Koshal, Manjulika, Ashok K. Gupta, Rajindar Koshal. 1998. « Women in management: a Malaysian perspective ». Dans Women in Management Review, Vol. 13 Issue: 1, pp.11-18. 

Massard, Josiane. 1985. « La femme malaise, productrice et gestionnaire ». Pour Revue Tiers-Monde Volume 26  Numéro 102  pp. 359-370.

Sayed Sikandar Shah Haneef. 2011. « Women and Malaysian Islamic family law: towards a women-affirming jurisprudential reform ». Dans Journal of Social Welfare and Family Law Volume 33, 2011 – Issue 1. pp 47-60.

Yahaya Fatan Hamamah, Yahaya Liyana Syafiqah. 2014. « The Empowerment of Orang Asli Women in the Tourism Industry in Lenggong, Perak ». Pour SHS Web of Conferences.

Iconographie

Femmes malaises musulmanes 

Des enfants autochtones : Orang Asli 

La capitale : Kuala Lumpur 

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