La Thaïlande, un Tigre qui retombe toujours sur ses pattes

Par Pierre Fiola

La Thaïlande forme avec la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines ce que l’on appelle les Tigres de l’Asie.  La croissance économique du pays dans les années 80 et 90 a propulsé le pays parmi les leaders économiques de la région.  Malgré la crise économique de 1997, « certains analystes financiers pronostiquent, qu’à l’horizon 2020, elle sera la 8e puissance du monde, devant l’Italie et la Russie » [1].


Depuis 30 ans, l’économie de la Thaïlande est donc en plein essor, et ce, malgré la crise de 1997, qui aura peut-être été plus bénéfique que négative à long terme puisqu’elle a permis d’identifier certains problèmes telles la corruption et l’importance de contrôler les secteurs d’investissements.  La Thaïlande constitue toujours un endroit idéal pour un investisseur étranger qui veut y établir une industrie.  « La main d’œuvre y est relativement peu dispendieuse, il existe un marché domestique potentiel pour certains biens de consommation et les politiques étatiques y sont plus permissives  » [2].  De plus, l’économie thaïlandaise repose également sur une forte demande interne de biens de consommations et d’investissements privés qui la rende moins vulnérable que celles de ses voisins à la demande mondiale [3].

Pour Bernard Formoso, il n’y a plus de doute :

« À l’heure où l’influence politique et rayonnement économique sont de plus en plus étroitement liés, où l’ASEAN s’élargit aux pays bouddhistes et où l’Indonésie est en proie à l’instabilité, la Thaïlande est en voie de s’imposer comme la grande puissance de la région  ».[4]

En 1967, la Thaïlande forme l’ASEAN en compagnie de l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie et Singapour.  Sa position d’initiateur du projet, de même que son PNB supérieur aux autres pays membres fait de la Thaïlande

« l’un des deux grands de l’ASEAN, aux côtés de l’Indonésie.  Par rapport à cette dernière cependant, elle était en position de faiblesse.  En effet, l’Indonésie partageait avec les Philippines, la Malaisie, Singapour, et depuis 1984 avec Brunei, une même orientation maritime et un même fond culturel austronésien, doublé sur le plan confessionnel de la domination de l’Islam (sauf aux Philippines).  Or ces points communs favorisent les convergences en matière politico-économiques ».[5]

Ces pays ayant les mêmes besoins, les mêmes ressources, et une religion commune, sont plus susceptibles d’avoir des objectifs communs et de vouloir partager les moyens d’y arriver.  La Thaïlande se trouvait donc isolée.  L’arrivée du Cambodge, du Laos et de la Birmanie dans l’ASEAN au cours des dernières années aura permis de rééquilibrer les forces.

Le boom économique des années 80 et 90 en Thaïlande, et des autres Tigres de l’Asie « s’organise essentiellement autour de l’entrée massive de capitaux étrangers, de la libéralisation des marchés domestiques et d’un haut niveau d’intégration entre les marchés financiers nationaux et internationaux ». [6]

Pour faciliter cette entrée de capitaux étrangers, on libéralise et on déréglemente rapidement les marchés de capitaux ce qui mène à un large endettement du pays et à la crise de 1997 [7].  La crise est grave, le baht est déprécié de 50%.  En 1998, le taux de récession est de 10,5%.  Et pourtant, le pays s’en est tout de même relevé assez rapidement.

« Pour comprendre les raisons d’un tel rattrapage si rapide, il faut se souvenir que la crise asiatique était essentiellement à caractère financier.  Si le système bancaire a été réellement sinistré, le secteur productif n’a souffert de la crise que dans la mesure où il était exposé au risque de change  ». [8]

La bulle asiatique s’est dégonflée, mais les avantages financiers à déplacer sa production en Thaïlande étaient toujours présents.  La main-d’œuvre bon marché y est toujours disponible et la dévaluation du baht rend l’investissement encore plus avantageux.

Au-delà de ces côtés négatifs, la crise aura permis d’exposer au grand jour la corruption et la collusion qui prévalait entre le milieu des affaires et celui de la politique [9].  Depuis 2001, le PIB a toujours augmenté de façon assez stable :  4,5% en 2005, 5% en 2006, 4,8% en 2007 et on prévoit une croissance de 5% pour 2008 [10].

Références

[1] Bernard Formoso,  Bouddhisme renonçant, capitalisme conquérant (Paris : La documentation français, 2000), 167.

[2] Dominique Caouette, « Thailande, histoire d’une oligarchie », Relations (novembre 2005) En ligne. (page consulté le 8 juin 2008).

[3] Thailand Focus. Un pôle économique régional.  (2008) En ligne. (page consultée le 8 juin 2008).

[4] Formoso Op. Cit., 165.

[5] Formoso, Op. Cit., 161.

[6] Dominique Caouette, Op. Cit.

[7] Dominique Caouette, Op. Cit.

[8] Thailand Focus. Op. Cit.

[9] Dominique Caouette, Op. Cit.

[10] Thailand Focus, Op. Cit.

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