Muse et rhapsode

Par Stève Michelin

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Le temps

Une vague poissonneuse toujours recommencée

et nos chalutiers risquant les hautes mers scélérates

amoureux du phare Alexandrie.

Imagination mon amour

dans ta plus haute concrétude

où t’es-tu encore cachée.

Les pommes de l’aube et une poignée de dés

ayant séjourné dans les teintes d’une saison de phosphore

me frôlèrent l’épaule perçant ma redingote

préoccupée à signaler de son périscope

l’antre de l’Esprit ravagé par l’ennui.

Imagination mon amour

sortant des deux cuisses de la nuit.

C’est un séisme sur la peau âpre de l’étant

Un tremblement de l’infime

Vase vacillant

Rappelle dans son étonnement

Et les mots de la visitation

tombant dans la corolle des fermentations

cette périphrase de l’être au front plein d’audace

à grande rame aux jambes toujours recommencée.

Imagination mon amour dans ta plus haute concrétude où t’es-tu encore cachée.

Papier fusain pour panser le monde sur la table d’émeraudes

comme un javelot, il traversera viralement ton cœur.

Imagination mon amour

La science du matin s’est levée vers sa plus haute concrétude

pointant la barque et son aube ombilicale.

Corps trempé dans un firmament d’ailes.

Et la danse des aigrettes façonne le vent des timbales

Colibris et abeilles dans le même sinistre

pourchassant l’idée dans sa fleur minérale.

Que le chuchotement d’Orion

dans le pavillon de l’esprit du temps

ondoie dans l’âtre des roseaux enneigés

délivrant l’ivresse dans son immobilité silencieuse

et que les éléments lèvent leurs jupons

dans la houle commune.

Parole d’Hippocrate

Douce auberge de la lune

écho de Diane

scintille sur ma trompette fleurie

moi l’espadon humant les vêpres de Calypso

huîtres ouvertes des hymnes

aux cœurs péricarpes.

Les pianistes en duo

Deux escrimeurs se touchant au cœur

Chant de terre ébloui

le jardin de Cléopâtre reverdit.

Les fauves sortaient de leur vase

en des teintes chromatiques.

Deux acrobates dans leur chorégraphie

sortant des orties.

Et la danse des aigrettes façonna le vent des timbales

promesse d’un banquet sans fièvre.

Maintenant que tu as perdu tous tes fruits sous ton pied alexandrin

de cet alcool en jaillira une danse et les étoiles en seront étourdies.

Ce n’est pas le livre des livres comme Mallarmé

Mais un pentacle assorti à mes mains de pâtre.

Quand le concept dépose son regard sur une courbe

en sort la flammèche.

Le couronnement de la lyre invisible.

L’épiphanie du Poète.

Le marabout des savanes.

Au chemin des ronces se moque un chardonneret

et l’urgence d’un cours d’eau et son œuvre toujours recommencée,

la fleur métaphysique qui passe courbée par-dessus les toitures

un cirque de nuit pourfendant toutes les comètes

jouant à la marelle avec l’ourlet des choses.

Un clin d’œil de mirabelle

dans la résistance nocturne de mon église.

Un palais aux entrailles à ciel ouvert

que les fluides pastel ne peuvent retenir

et que mon genou sur le marbre… j’en resterai là ton grand couturier

dévolu par tant de coraux

toi qui filtre devant le portail de ma sœur.

Ah douce auberge atteindras-tu la cime de mon esprit

celle avec qui mon corps momentanément enflammera les épis?

Images, sons, mots

sont une même et seule histoire

se pavanant avec son cortège

d’épreuves, d’épaves et de gloire

s’éprenant de mon lasso

moi qui courais sur le sable avec le cerf-volant

que j’avais mis en feu pour lui faire des signaux

un feu d’Horeb bleu.

Maintenant que l’agneau peut s’allonger parmi la meute sans être reconnu,

à quoi bon écrire!

La bergerie ne chantera plus dans les flammes silencieuses

L’encre diluée pourchassant son propre récipiendaire.

Je suis l’animal résolu.

Le poète et ses oraisons

debout devant le vitrail coloré.

Le grand Remerciant.

Le grand Verdier.

***

Stève Michelin, poète Longueuillois, récemment publié en France et au Québec. « Je dirais de moi-même, comme le dit Nathalie Nothomb d’elle-même, que c’est le manque du pays natal qui me forge ». Né à Sedan (France) près de Charleville la ville de Rimbaud, là où je prenais le train pour aller retrouver ma grand-mère, j’ai grandi en Mauricie (Québec) partageant les ruelles, les bois, les sports de la région. Pianiste compositeur de musique contemporaine, homme de foi donc du vivace de la nature (voilure de l’invisible), je suis le citoyen mitoyen des frontières poreuses.

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