Par Jean-Pierre Pelletier
Un jour
il ne restera
presque plus rien d’elle
Des paroles déshabitées
la moelle vidée
jusqu’au sec du calcaire
le rugueux de la pierre
la raucité d’un chant d’outre-tombe
peupleront l’espace
D’autres se souviendront de toi
pétriront un pain nouveau
à même ton histoire
Ils t’auront vampirisé
jusqu’à l’oubli
eux
les déracinés les sans-nom
du globe terraqué
Ils te recouvriront
comme la louve ses petits
comme la putain un puceau
feront de toi un festin
comme la chatte de sa portée
Demeureront
(peut-être)
l’appel des origines
une musique originale
quelques images de toi
aspirées du néant
Cannibale
son cheval de bataille
s’appelle l’état agité
désuni de l’amour
Mais l’état n’en sait rien
si ce n’est de l’agité d’un bref séjour
sans lendemain qui vaille
seul
tu reposes
sous un ciel
les pores ouverts
***
Poète, traducteur littéraire, Jean-Pierre Pelletier collabore depuis une trentaine d’années à des revues, des anthologies, d’ici et d’ailleurs. Il est l’auteur de neuf livres, dont quatre sont des traductions; les autres de son cru. Le dernier, Le crâne ivre d’oiseaux (Éditions des Forges), a vu le jour en 2016. Entre autres projets, deux livres sont en préparation : Boxer avec le vide et Le cœur glacé de la flamme.
Références
Pelletier, Jean-Pierre. 2011. « L’Amnésique » (suivi de « Baraques et baraka »), maelstrÖm compAct, #22. Bruxelles : ©maelstrÖm reEvolution, ©Jean-Pierre Pelletier. Extrait : pp. 8-9.