Les groupes de réflexion de droite : le pouvoir caché qui façonne notre société

Par André Seleanu (en conversation avec les sociologues Jacques Mascotto et Jean-Claude St-Onge)

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Ce dossier composé en 2004 pour la revue Recto Verso contient en tant qu’élément central une entrevue avec deux sociologues montréalais sur le thème des think tanks de droite, qui exercent une grande influence sur la société, tout en maintenant un bas profil public. Recto Verso avait cessé de publier dans la même année, mais j’ai conservé le présent dossier. Je suis reconnaissant en effet à la revue Possibles qui me donne l’occasion de rendre publiques ces entrevues, qui restent d’une brûlante actualité. De nombreux membres de l’administration Trump proviennent de think tanks fondés par les frères milliardaires Koch. Les mirobolantes coupures de taxes corporatives adoptées par le Congrès en décembre 2017 faisaient partie du programme des Koch, dont l’influence sur la campagne de Trump a été déterminante.

« Les think tanks constituent l’alliance entre le pouvoir et le savoir », expliquait en 2004 Jacques Mascotto, ancien professeur de sociologie à l’UQÀM. Ce sont des organismes intégrant des intellectuels, ayant choisi de servir une certaine vision de l’économie privée en développant des argumentaires partisans. En 2004, on comptait 300 groupes de réflexion en Amérique du Nord selon M. Mascotto. En 2017, on en comptait plus de 1 900.[1]

La vraie mission du think tank néo-conservateur est d’influencer l’opinion publique, « toujours vers la droite », précisait M. Mascotto. L’un de ces rôles ressemble à celui d’une agence de relations publiques.  « Les think tanks sont des instituts bidon où des idéologues propagandistes se pavanent en professeurs et savants. L’argent s’y déverse comme du sang coulant à partir d’artères ouvertes, afin de maintenir l’étouffement d’un vrai débat, ce qui est effectué par des techniciens de la communication », écrivait le journaliste américain John Chuckman dans YellowTimes.org, en faisant ressortir le vecteur communicationnel. Les grands médias n’identifient presque jamais la position idéologique de leurs auteurs au service de ces groupes de réflexion, car on essaie de mettre l’accent sur le caractère « naturel » du néo-libéralisme.

Les think tanks contribuent de manière significative à l’élaboration de politiques servant des intérêts financiers et corporatifs. Groupes de pression copieusement financés par des fondations privées, les think tanks sont en relation entre eux, formant un réseau, expliquait Jacques Mascotto. Ils ont de forts liens avec le pouvoir politique et les universités.

Parmi leurs objectifs invariables se trouvent la diminution du fardeau fiscal des classes supérieures, la maximisation du profit grâce à la dérèglementation tous azimuts, la privatisation des services publics de santé, d’éducation et de distribution d’eau potable, et la privatisation des services ferroviaires.

Aux États-Unis, the American Enterprise Institute de Washington et son « émanation politique », le « Project for a New American Century » (PNAC), ont lancé en 1997 le projet politique de remodeler le Moyen-Orient. Le gouvernement américain s’en est fait un fer de lance, en envahissant l’Irak.

Les fondations et les institutions : une importante distinction à retenir

Une distinction cruciale doit être établie entre les fondations, qui octroient des fonds aux think tanks, et les think tanks proprement dits, aussi appelés « institutions ». Voilà un thème important dans les entrevues retranscrites plus bas. Aux États-Unis, l’American Enterprise Institute, le Cato Institute, le Manhattan Institute for Public Research, la Foundation for the Defense of Democracies, la Rand Corporation, représentent, en 2004 tout comme aujourd’hui, les plus influents d’entre eux.

La Heritage Foundation, vouée à la défense des grandes fortunes, est à la fois fondation et think tank. Les fondations influentes sont aussi les Koch Family Foundations (liées à une fortune de 80 milliards de dollars en 2016, reposant surtout sur l’industrie pétrochimique), la fondation Coors (liée à une grande fortune du domaine de la bière), la bien structurée fondation Bradley, la fondation Olin, ainsi que les fondations financées par la fortune Mellon-Scaife de Pittsburgh, aux origines dans l’industrie de l’acier.

 

Entrevue sur les groupes de réflexion de droite avec les professeurs et auteurs J.-C. St.-Onge et Jacques Mascotto

« Actuellement, on ne peut rien faire sans les think tanks » :  Jacques Mascotto

Mascotto (M.) Les think tanks, ça ne tombe pas du ciel, il y a eu un mûrissement. Dans la tradition britannique, il n’y a pas de constitution écrite, ce qui aide à comprendre l’influence des think tanks au cours des dernières décennies. Les think tanks sont des organisations privées, elles sont dans le secret. Elles ne sont pas tenues de s’expliquer devant les médias, devant des institutions publiques. Au Parlement, il y a l’opposition : on ne peut pas dire n’importe quoi comme proposition au Parlement. Les think tanks parlent de démocratie dans les quelques publications, mais entre eux, ils disent la démocratie, on n’en a rien à foutre.

André Seleanu (S.) En Amérique du Nord, on décompte quelques 300 think tanks. On voit qu’il y a des personnalités qui se concentrent sur leur fondation, et on voit une prolifération presque incompréhensible de think tanks.

M. Lorsque des ministres républicains se font battre dans des élections, neuf fois sur dix, ils atterrissent dans des universités, et plus particulièrement dans un département de Strategic International Studies, pratiquement des think tanks. Le problème « think tanks », c’est que ce sont des réseaux.

J.-C. St.-Onge (S.O.) Quand on regarde le site de l’Institut Économique de Montréal, il te renvoie à une quinzaine, une vingtaine d’autres sites, et lui-même, l’IÉDM, a été formé par le Fraser Institute de Vancouver, qui a été formé par le Adam Smith Institute de Londres – qui a donné naissance à un nombre incalculable de think tanks qui se sont multipliés à cause de la crise de croissance que le capitalisme connaît depuis les années 1975-80, comme une réponse à cette crise-là – on a essayé de battre en brèche les idées promues par le keynésianisme, de rétablir les idées classiques du « marché » …

M. Ceux qui ont quarante ans restent encore les principaux : la Rand Corporation qui fait entre autres des logiciels de simulation de guerre appelés Real War – vous avez les Heritage Foundation, Hoover Institution, Georgetown Institute, Brookings Institution, Stanford Research Institute, Hudson Institute… un des plus importants nés dans les années 1960, c’est l’American Enterprise Institute.

S. Pourquoi ne voit-on jamais de reportages sur ces institutions aussi importantes dans les grands médias?

M. De plus en plus, il y a l’idée que les journalistes sont triés sur le volet, qu’ils prennent leurs nouvelles à CNN, qu’ils sont de moins en moins de formation personnelle d’investigation – je parle ici au Québec, en France, en Italie…

L’IÉDM et le prix des médicaments

S.O.  Par exemple, à Montréal, l’IÉDM émet un communiqué sur le prix des médicaments, à savoir que si le prix des médicaments est élevé, c’est que la demande est de plus en plus grande, que les médicaments soignent de plus en plus de maladies, qu’ils ont besoin de notre argent pour financer la recherche – les journalistes prennent ce communiqué et le reproduisent dans le journal, sans faire d’enquête…

M. Il y a des institutions aux États-Unis comme le Council on Foreign Relations, le Defense Policy Board, dont les documents pèsent lourd sur le gouvernement, mais dont les membres n’ont aucune position officielle dans le cadre du gouvernement.

S. Alors, c’est quoi un think tank ?

M. Un exemple : des membres du Defense Policy Board, un corps intermédiaire, qui sont eux aussi membres d’un think tank, vont faire passer des politiques d’un think tank, comme l’American Enterprise Institute ou la Heritage Foundation. Vous avez des think tanks dans les think tanks.

Il y a des étudiants brillants qu’on repère en physique, en linguistique, etc. à qui on promet des bourses pour travailler directement sur les dossiers de think tanks, ensuite vous avez des senior researchers qui utilisent ce que ces étudiants brillants font sur la base de bourses… Il y a une idéologie du savoir du capitalisme contemporain : ça donne des experts qui sont la légitimation. C’est pour ça qu’il y a des fellows (membres de think tanks).

S.O. Jean-Luc Migué, qui est président d’honneur de l’IÉDM, est aussi un senior fellow du Fraser Institute; il a été décoré par le Fraser Institute pour son bouquin sur l’État et le Québec… c’est une espèce de mutual admiration society qui met en avant les idées néo-libérales. Les think tanks défendent une vision du monde fondée sur la propriété privée des moyens de production, qui prime sur les valeurs de justice sociale, de liberté et tout le reste.

L’éducation économique, selon Kelly-Gagnon

S. L’ancien directeur de l’IÉDM, M. Michel Kelly-Gagnon, parlait d’une « éducation économique » de la société. Il y a un discours médiatique, rôdé, en surface ça ne donne pas l’impression d’un club occulte. Il veut prêter à cette institution un ton quasi humaniste.

S.O. Ça correspond à un club occulte dans la mesure où ils sont en contact avec les politiciens, les hommes d’affaires, et ils essaient de faire passer leurs idées à travers des rencontres parfaitement privées, et d’autre part, ils doivent intervenir publiquement, par la voie des journaux, de la télé.

M. Dans la Bilderberg Conference dans les années 1950, Zbignew Brzezinski, qui a lancé l’idée de la Trilatérale, a dit : « Il faut avoir plus de journalistes cooptés dans nos organismes, dans nos réunions ». Le think tank a une activité de publicisation énorme depuis la fondation de la Trilatérale, dans les années 1960. Ils sont sortis de leur total secrecy : discussions très secrètes, et ensuite le volet public.

S. C’est quoi, la Trilatérale?

M. Avec l’émergence de l’Allemagne et du Japon comme de grandes puissances économiques aux côtés des États-Unis, Brzezinski a dit : « Il ne faut pas nous entredévorer, il faut coopérer. »

S.O. Antony Fisher, un fondateur de beaucoup de think tanks était un fervent admirateur de Friedrich von Hayek, père du néo-libéralisme. Fisher a mis sur pied un think tank en Grande-Bretagne, et puis il est venu ici au Canada : c’est lui qui a fondé avec Boyd, un homme d’affaires canadien, le Fraser Institute. L’IÉDM est la création, le prolongement du Fraser Institute. Récemment, je lisais sur le site Internet de l’IÉDM que l’ancien premier néo-conservateur de l’Ontario, Mike Harris, avait dit que l’IÉDM – dans ses idées – était un train d’occuper une place extrêmement importante non seulement au Québec, mais au Canada.

S. Comment décrivez-vous l’IÉDM ?

S.O. C’est une organisation charitable.

M. [rires] Ils ont un budget annuel de 800 000 dollars et ces contributions à l’IÉDM sont faites notamment par la Banque de Montréal, ce qui veut dire que c’est nous, finalement, qui finançons ces think tanks. Depuis 1975, les idées néo-libérales sur la productivité dominent : il faut couper les budgets publics, il faut faire des profits. La solidarité est finie : c’est dans l’air du temps, de sorte que leur discours ne rencontre pas de résistance.

S. Dans une entrevue que j’ai eue avec M. Kelly-Gagnon, le président de l’IÉDM se réfère à la « mission » de l’IÉDM : éducation économique et débats sociaux…

S.O. Oui, ils font de l’éducation économique qui va dans le sens de la classe dominante. Ce qu’ils mettent en avant, c’est la réduction de l’État, la privatisation, la déréglementation : l’ensemble des intérêts de la classe dominante.

S. Kelly-Gagnon parlait d’une amélioration de la compréhension publique des concepts de l’offre et de la demande …

S.O. C’est de la foutaise. Pour que la loi du marché fonctionne, il faut qu’il y ait des milliers de producteurs et des milliers de consommateurs. Dans une situation oligopolistique, ce n’est plus le marché, dans le sens classique du terme, qui dicte les choses. Quand il y a huit, neuf joueurs, de grandes sociétés pharmaceutiques qui dictent les prix, ce sont les gros joueurs qui dictent les termes.

M. Des fois, c’est cinq, six; des fois c’est trois, quatre, dans le domaine du pétrole, c’est cinq, six… Et dans la presse, c’est combien ? Deux, trois ?

Les think tanks sont liés au capital. Ils sont alimentés par des fondations qui sont elles-mêmes propriétaires de journaux. Si vous n’êtes pas fédéraliste, est-ce que vous pouvez écrire dans La Presse ?  Est-ce que Simon Durivage, Bernard Derome de la télévision ont des orientations socialistes ?

Pour être professeur agrégé, il faut avoir des subventions, ce qui vous paie une partie de votre salaire. Or, les subventions, c’est les capitalistes qui les donnent. La commandite remplace le programme universel universitaire. Ce sont eux qui contrôlent la recherche, parce que ce sont eux qui définissent les paradigmes de base. Ça veut dire que depuis dix, quinze ans, on remplit l’université de professeurs qui doivent leur titre à des commandites et à des subventions. Un étudiant qui a payé ses études grâce à l’IÉDM, lorsqu’il  sera professeur, est-ce qu’il va cracher sur l’IÉDM ?

L’université ne forme plus des gens qui ne sont pas dans l’air du temps, les grands journaux appartiennent à ceux qui font l’air du temps… à part de temps en temps ceux comme moi et M. St.- Onge qui ont le droit à un entrefilet…

S.O. Je regardais les étudiants diplômés de la faculté de pharmacologie de l’Université de Montréal, et tous les étudiants sans exception avaient reçu des bourses d’entreprise. Que ce soit de Glaxxo, Merck Frosst, etc. Et le New England Journal of Medicine disait récemment qu’aucun chercheur aujourd’hui n’est indépendant : la recherche fondamentale n’existe plus. Ils sont tous à la solde de l’industrie pharmaceutique. Et si les chercheurs n’arrivent pas avec des résultats qui plaisent aux industries pharmaceutiques, ils ne seront plus financés. Par exemple, si un chercheur ose dire que le « Prozac » peut causer le suicide…

La Food and Drug Administration (FDA) vient d’émettre un avis sur le « Prozac », qu’il est dangereux  pour les adultes, et on le savait déjà pour les adolescents. Et Glaxxo Smith Kline a supprimé des résultats de recherche stipulant que des jeunes de moins de 18 ans, et sous placebo, aucun n’avait commis de tentative de suicide, alors que ceux qui étaient sous médication, prenant le « Paccile », un dérivé de la famille du « Prozac », en proportion de 2,5 à 3 %, avaient tenté de mettre fin à leurs jours. Et les résultats de cette recherche ont été cachés pendant des années.

S. Je voudrais revenir sur la fréquence des interventions sur le sujet des think tanks. Quel est le lien entre les think tanks et la structuration des nouvelles ?

M. Les grands journaux influents, de penseurs comme le Foreign Affairs, The Weekly Standard, The National Review, The Public Interest… Ils sont tous liés à de grands think tanks. C’est ce que les étudiants lisent, et c’est ce que les journalistes lisent. Donc, c’est eux qui font passer les idées. Ils sont en position de force.

S. Et où se trouve l’esprit critique dans tout ceci ?

S.O. Il est évident que les néo-libéraux ont fait front commun contre toute idéologie commune, collective. Et dans ce collectivisme, ils incluent le régionalisme, le keynésianisme, la démocratie sociale et le marxisme… À partir de 1980, les néo-libéraux se sont aperçus que le capitalisme traversait une grave crise. Diminution des taux de profits, de croissance. Avant septembre 2001, il commençait à se produire un changement : émergence d’un front de résistance. Malheureusement, un coup de frein a été donné à ce mouvement. Mais on voit tout de même de forts mouvements de gauche. Au Vénézuela, au Brésil, en Argentine, au Chili…

M. On commence à se rendre compte des désastres du néo-libéralisme, qui est arrivé – on se le rappelle – au milieu des Trente Glorieuses. Vous savez, l’économiste John Kenneth Galbraith a dit que le capitalisme a été stupide. Beaucoup d’intellectuels et de journalistes se sont retrouvés avec entre les mains des documents subversifs. Si les dirigeants les avaient mieux payés, ils auraient peut-être fermé leur gueule !

Évidemment, dans les think tanks, on est très bien payé. Et c’est une porte d’entrée dans les universités. Ou inversement. Les universités américaines ont des conseils d’administration privés, qui représentent les intérêts privés et industriels. Et ils sont tout à fait intéressés à voir venir des gens parler des grands sujets de l’heure. Et si vous avez une lettre de référence de l’AEI (American Enterprise Institute) signée par quatre ministres de l’administration Reagan et l’ancien chef de la CIA pour entrer à Harvard, ça vaut plus qu’une lettre signée par Mascotto.

Comme toute idéologie doit avoir un intérêt dans la réalité, et comme les États-Unis importent 83 % de ce qu’ils consomment, le pays s’est changé en gigantesque pompe à pomper le surplus mondial. Alors, ils sont obligés de veiller à leurs intérêts spécifiques, parce qu’ils ne produisent pas. Ils doivent donc mettre des barrières tarifaires, contrôler le dollars, etc… Ça rentre donc en contradiction avec leurs propres idées mondialistes.

S.O. Les États-Unis subventionnent néanmoins des industries, ils pratiquent une politique protectionniste importante.

S. Qu’en est-il du Cato Institute, de la Brookings Institution, de la Scaife Foundation ?

 

M. Des think tanks ultra conservateurs. Qui les finance ? La fondation Coors, qui finance les ultra-conservateurs, comme le AEI, la fondation Olin… Il y a les fondations Carnegie et Rockefeller, qui financent des think tanks. Olin se spécialise dans l’édition, entre autres. Elle a financé le livre de François Furet, le Livre noir du communisme, qui a réussi à dire que la Révolution française n’était qu’une immense dictature. Ce qui prouve qu’on ne peut plus rien réaliser en termes de souveraineté populaire.

Les ouvrages de Charles Murray, de Dinesh De Sousa et de Furet sont financés par la fondation Olin. La fondation Bradley a contribué fortement à l’écriture du Choc des civilisations de Samuel Huntington.

S.O. Ce livre dit que ce n’est pas l’économie et la politique qui régit le monde, mais plutôt l’idéologie, et au cœur de l’idéologie, la religion.

S. Parlez-moi du philosophe conservateur Léo Strauss (né en Allemagne, décédé en 1973). Beaucoup de personnes de l’AEI se réclament de lui…

M. La base de la philosophie de Strauss, c’est que les grands hommes d’État, c’est eux qui font le monde. Comme Platon, où il y a les rois-philosophes et le peuple. Le royaume des idées est réservé aux élites. En se réclamant de Strauss, ils s’auto-proclament élite.

S. Est-ce que ça vaut la peine de faire un profil de tous ces groupes de réflexion, ou c’est du pareil au même; AEI, Cato, Rand ?

M. La Ford Foundation, par exemple, est plus progressiste. Elle est marquée par l’histoire des États-Unis, tout comme Rockefeller Foundation, Carnegie… Elle est née du fordisme, du taylorisme… Et non pas de la lutte anti-syndicale et anti-communiste de l’époque, comme le sont les Fondations Olin, Scaife, Bradley et al…

S. Un lien entre le positionnement politique des fondations et l’époque où elles sont nées ?

M. Les fondations Ford ou Carnegie ont un passé de philanthropie, de rapport au modernisme : elles ont financé des mouvements d’avant-garde en art. Ceux-ci ont détrôné Paris en art moderne.

Hayek a écrit The Road to Serfdom (La Route de la servitude). C’est un économiste, mais il est surtout connu pour ses écrits politiques anti-socialistes. Ce qui caractérise le néo-libéralisme, c’est que les économistes sont aussi de grands idéologues.

S.O. Hayek était vachement plus idéologue qu’économiste. Il a utilisé l’ensemble des sciences économiques et des sciences naturelles – notamment le néo-darwinisme – pour développer l’idéologie néo-libérale. Il s’inspire aussi notamment de l’idéologie de Herbert Spencer. Il est un idéologue de première classe. Il n’a jamais terminé son doctorat en économie, même s’il a obtenu le prix Nobel d’économie ! À mon avis, c’est beaucoup plus un idéologue, un politologue, qu’un économiste.

M. Les think tanks se distribuent de deux façons; il y a division de travail : ceux dédiés à l’action économique et politique d’une part, et ceux dédiés à l’éducation, de l’autre. Le premier groupe est nommé International Strategic Studies, ainsi que Economic Studies. On y dénombre : The Competitive Enterprise Institute, The Center for the Defense of Free Enterprise, Citizens for a Sound Economy, The Reason Foundation de Los Angeles, The Texas Research League, The Political Economy Research Center.

Vous avez les Strategic International Studies, les Economic Studies et les Educational Studies. Dans ce dernier domaine : The National Association of Scholars, The Madison Center for Educational Affairs, The Institute for Educational Affairs

Ces think tanks influencent et financent l’expression de leur point de vue, grâce notamment à la fondation Olin, et à Bradley. Ils influencent le choix de livres d’école. Aux États-Unis, les différences entre écoles sont désastreuses. Les universités privées sont très riches, mais les écoles pour les petite et moyenne classes – par exemple les Noirs et les Hispanos – n’ont même pas de livres.

Dans les livres, on raconte la meilleure histoire du capitalisme concurrentiel. Ils sont distribués gratuitement aux instituteurs, c’est une des particularités de ces think tanks, à la fois de faire le tri idéologique des manuels scolaires et de déterminer comment on embauche. Vous voyez que ces groupes de réflexion n’ont pas seulement le rôle de décideurs derrière les rideaux, mais de travailler profondément dans le tissu social.

Le think tank, il est partout. Ils sont en relation avec des institutions apparentées, à savoir « La Chambre de commerce de New York », le Business Round Table, la Chamber of Commerce of the United States et la Chamber of Commerce of New York. Vous avez des think tanks qui sont en relation avec ces chambres de commerces les plus importantes, d’autres qui sont en relation directe avec des gouvernements au moyen des conseils d’administration et des conseils consultatifs, qui sont en relation avec les universités, qui sont en relation avec le Pentagone et la CIA, qui sont en relation avec tout ce qui concerne l’éducation à la base et qui sont en relation avec Hollywood et les médias. Vous avez également des think tanks qui sont conçus aux États-Unis, qui ont aussi une vocation de super-mondialisation – comme le Forum de Davos en Suisse.

S. Est-ce un think tank ?

M. Ça l’est. Certains participants rentrent à titre privé, comme par exemple les Rockefeller… Les statuts de Davos disent qu’il faut veiller qu’il y ait des politiciens, des économistes, des décideurs nationaux, des décideurs régionaux : il y a aujourd’hui la Catalogne, la Rhénanie… des journalistes, des poètes, des artistes, des hommes des médias, des personnalités morales, comme les prix Nobel. Ce n’est qu’à ce prix que l’on peut développer une force de frappe de conviction des masses.

S. C’est présenté souvent dans les médias dans le genre : Au Forum de Davos, vous y rencontrez votre voisin poète, écrivain, autour d’un repas…

M. Il y a des quotas pour chaque groupe. Une des particularités est que d’autres think tanks y rentrent à Davos : des gens du Bilderberg, de la Heritage Foundation, de la Trilatérale. Davos est un super think tank. Davos a cette vision « d’une mondialisation heureuse ».

S. Avec Bilderberg, la Heritage Foundation ?

M. Ils y sont, soit pour entendre des choses, soit pour prendre des contacts personnels, soit pour influencer des décisions. Ce qui impressionne aussi, c’est cette espèce de passage de l’un à l’autre. Vous avez des gens du groupe Bilderberg à la Trilatérale.

Quelqu’un comme Zbignew Brzezinski (1928-2017, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter) qui est à la fois à la Trilatérale, au Council for Foreign Relations, au Conference Board, au comité éditorial de Foreign Policy Magazine, au comité éditorial de Foreign Relations, au conseil d’administration d’Amnistie Internationale. En même temps il est professeur à Harvard. Il faut connaître la biographie de quatre-cinq cents personnages et vous verrez que généralement les think tanks veillent qu’il y ait chez eux d’anciens généraux à la retraite… Par exemple, le général Schwarzkopf, en charge de l’invasion américaine de l’Irak, est dans un think tank. Il y a des anciens professeurs, des hommes et des femmes des médias, des spécialistes du marketing, des statisticiens, des spécialistes en affaires militaires, des anciens de la CIA, des renseignements.

Aux États-Unis, on ne peut rien faire sans les think tanks. On peut parler d’un complexe think tank, universitaire, militaire, industriel. À part ceci, les think tanks abreuvent et possèdent les journaux. Par exemple, le Weekly Standard. Le fameux réac’, William Kristol, est le rédacteur en chef du Weekly Standard et il est un des principaux du Project for a New American Century – PNAC  (think tank qui préconisait la conquête de l’Irak depuis 1998). C’est le bras médiatique du PNAC.

Aiguilleurs du ciel

M. Je comparerais les think tanks à des aiguilleurs du ciel : sans eux, les avions ne peuvent pas voler ou atterrir. Parce qu’ils ont d’abord beaucoup de fichiers, ils savent qui compte et qui ne compte pas. Ils disposent d’une information stratégique. Ils sont dans le problem solving. Vous dites : voilà le problème. Ils vont vous chercher des mathématiciens, des généraux, des sociologues, des psychologues, voire des zoologues. Là, ils les mettent tous ensemble. Et c’est cette synergie – le réel est faible, comme dirait Castoriadis, il est tellement plastique – que l’apport de toutes ces sciences stratégique, pragmatique, behavioriste fait en sorte qu’ils dégagent un document qui a valeur directe d’application, et a la capacité d’influencer les décideurs.

Un think tank résout les problèmes du capitalisme américain dans la logique et l’intérêt du capitalisme américain. Il y a une émeute raciale à Los Angeles : on mobilise des urbanistes, des policiers, des sociologues, des spécialistes en ethnies, et le think tank dit : « voilà ce qu’on doit faire ».

S. Et pourtant selon certaines descriptions que j’ai vues des think tanks, ce sont des places pour stationner des amis, ces spécialistes sont un peu bidon…

Project for a New American Century

M. Ça existe aussi. Mais les gens qui y travaillent sont quand même des spécialistes de leur domaine, il y a un noyau efficace. Le Project for the New American Century, c’est trois mille pages, commencé au temps de l’administration Reagan, avant la chute de l’URSS. Déposé en 1997 devant l’administration Clinton en 250 pages […] : au début, ça s’appelait The Presidential Mandate.

Un groupe de réflexion peut se charger d’aspects de l’éducation d’un président. Le futur président Carter a été inscrit en cours d’été à la Brookings Institution en politique internationale : là, ils l’ont formé en trois mois. Un think tank est capable de briefer un type qui ne connaît rien en politique internationale. Depuis les années 1936-38, quand Brookings a été fondé, l’institution avait la mission de peaufiner la culture des présidents démocrates américains.

Avec  G.W. Bush, son entourage républicain a dit : « C’est pas la peine, on va mettre des gens solides autour de vous ». Les think tanks autour de lui : American Enterprise Institute, Heritage Foundation, Bob Jones University, institution qui se dit religieuse protestante, qui influence fortement les politiciens du Sud : ils ont dit que son profil devait être martial, populiste et religieux.

S. Il n’avait aucun profil particulier avant d’être pris en charge ?

M. Il ne brillait en rien. Il avait fait plusieurs faillites. Il n’avait pas d’idées préconçues sur la politique. Il devient born-again et il suit la voie tracée par les intérêts du Sud. Pour la première fois un président représente une alliance des intérêts agri-business du Texas, du Sud, et du capitalisme financier du Nord, sur la base du populisme américain. À partir de là, on lui écrit ses discours; il a tout un agenda à suivre avec ses jackets militaires, il apparaît toujours sur les lieux…

« Ce qui est dans l’avenir est la privatisation de la médecine au Québec »

S. Parlons de quelques activités des groupes de réflexion et de cette « pensée unique » au Québec.

M. Au Québec, il y a une tentative qu’on appelle la ré-ingénierie de l’État. L’Institut Économique de Montréal est pour la privatisation : il est pour que l’État prête aux grandes organisations, pour qu’il n’investisse plus dans le social. Sachez que la grande gabegie, la grande hypocrisie est que jamais l’État n’a été aussi gonflé, tant dans ses budgets, que dans ses interventions, que chez les néo-libéraux. l’État doit donner de l’argent aux grandes organisations, pour soi-disant créer des jobs; et pas du tout le donner à ce qu’on appelle un projet social de société. Ce qui est dans l’avenir, c’est la privatisation de la médecine, la privatisation de l’éducation, supprimer des fonds de pension – pour en faire des fonds de pension tout à fait individualisés, la généralisation complète des RÉER, et bien entendu, se retirer le plus possible du financement des universités, en disant « vous allez payer vous-mêmes pour l’éducation de vos enfants ».

S.O. Il semble qu’il y ait un mouvement lié au gouvernement Charest pour privatiser les analyses de laboratoire. En Ontario, ceci a déjà été fait. Ce qui coûtait en analyses de laboratoire en Ontario 100 dollars, coûtait au Québec 70 dollars. Voilà ce que donnent les « partenariats public-privé »…

S. En Grande-Bretagne, on a vu des accidents ferroviaires : un train de banlieue privatisé a fait des dizaines de morts à la gare Islington, à cause du mauvais contrôle informatique et du personnel insuffisant…

S.O. Oui, les accidents ferroviaires mortels en Grande-Bretagne… On n’a qu’à comparer le système américain de santé avec le système canadien. On cherche ici la déréglementation, notamment avec l’abolition de l’article 45 du code du travail : un véritable programme néo-libéral que le gouvernement Charest a mis de l’avant. Ça va donner des résultats véritablement catastrophiques dans les prochaines années.  Le coût des médicaments a augmenté d’environ 1 567 % depuis 1975.

S. Quel est le rôle, par exemple, de l’IÉDM dans ceci ?

S.O. Si vous allez sur son site Internet, vous voyez toute une série d’articles qui défendent les médicaments brevetés, que si jamais on maintient le contrôle des prix des médicaments au Canada, ça va être une catastrophe, parce qu’il n’y a plus personne qui va vouloir investir dans les nouveaux médicaments au Canada, alors qu’on sait que la plupart des nouveaux médicaments ne sont pas nouveaux.  Seulement, 8 % des nouveaux médicaments sont des médicaments représentant des avances thérapeutiques substantielles, selon le Patented Medicine Review Board. Il s’agit aussi d’allonger le plus possible la période brevetée d’un médicament pour qu’il ne devienne pas générique. Il faut voir que le taux de profit sur les ventes des sociétés pharmaceutiques est huit fois le profit médian des cinq cents entreprises de Fortune.

Des groupes de réflexion de gauche ?

M. Il y a une contradiction. Quand on est de gauche, on n’a pas besoin de think tanks, on fait appel à la souveraineté populaire… à la capacité des individus à délibérer librement.

S.O. Je pense que Public Citizen en est un. C’est un groupe de pression et un think tank. C’est un groupe qui, entre autres, fait l’évaluation des nouveaux médicaments. Oui, vous avez des think tanks de gauche, mais il faut faire attention : les think tanks de gauche ne sont pas financés par des capitalistes. Ils sont financés par les contributions volontaires des gens qui les appuient.

M. Au Québec, Jacques Parizeau a fondé un think tank pour s’opposer à l’Institut Économique de Montréal, et il s’agit de l’Institut de Recherches Économiques du Québec. Mais à cause du manque de ressources, il a de la difficulté à jouer dans la logique du think tank : billets d’avion en première classe pour des spécialistes, réceptions, faire la cour aux journalistes, haut niveau de bourses pour les étudiants… La gauche a ses partis et ses organisations de masse.

S. Pourrait-on parler des ONG, celles entre autres qui défendent les droits des Amérindiens, des petits paysans, si présentes au Forum de Porto Alegre, comme une forme de think tanks de gauche ?

M. Quand on se dit à gauche, c’est qu’on pose le problème de la production et du type de rapports de propriété, et les ONG ont cette remarquable capacité d’éluder le problème de la production et de l’économie. L’ONG suppose le cadre du capitalisme. Comment peut-on être de gauche quand on ne s’interroge pas sur les mécanismes reproducteurs à la base ? Vous avez beau parler des OGM et vous ne posez pas le problème de l’agri-business et de la logique du capitalisme, à quoi ça sert ?

S. Voit-on d’autre horizon que celui de la pensée que proposent les think tanks de droite, celui de la « pensée unique » ?

Avec les échecs de plus en plus cumulatifs de la mondialisation, de la privatisation à outrance, de la déréglementation pour les uns et d’un laisser-passer gratuit pour les autres, ceci conduit à des catastrophes. On va peut-être assister à des réactions populaires massives. Peut-être que ce sera un retour à Marx, sans le marxisme…

 

Conclusion

Les paroles de Jacques Mascotto avaient un sens presque prophétique. Il notait la dépendance des États-Unis par rapport aux exportations. Donald Trump a créé toute une tourmente économique internationale en 2018, en préconisant l’augmentation des tarifs douaniers tous azimuts, en contradiction avec le néo-libéralisme globalisant de bien de think tanks. Côté éducation, il est fort probable que l’influence décisive des think tanks et des fondations de droite sur les écoles et les universités, soulignée par Jacques Mascotto, ait miné à long terme la capacité analytique des électeurs américains, ce qui a pu contribuer à la victoire de Trump : « Donald Trump a transformé les fantasmes corporatifs des frères Koch en réalité »,[2] expliquait Robert Weissman, président de l’organisme de défense citoyenne de Washington, Public Citizen.

« L’idéologie de déni du changement climatique, la permission accordée aux infractions corporatives, l’annulation des mesures de réglementation des sociétés, tout ceci provient littéralement du scénario des Koch. Des figures majeures de l’empire Koch se sont vantées que les importantes réductions d’impôts des entreprises votées par le Congrès américain en décembre 2017 pour les riches et les super riches, sont les plus importantes jamais implémentées ».

« Le gouvernement devrait travailler pour le peuple, et non pas pour deux personnes, parmi les plus riches aux États-Unis », affirmait pour sa part Alan Zibel, directeur de relations publiques pour Public Citizen.  « Quarante-quatre membres de l’administration Trump ont travaillé pour des groupes créés par Koch, tels que Americans for Prosperity, Freedom Partners, Libre Initiative, Concerned Veterans for America et Generation Opportunity. Il s’agit d’avocats et de membres de lobbies qui ont représenté des entreprises des Koch et de leurs groupes politiques, entre autres Mike Pence, vice-président du pays, [l’ancien] chef des projets législatifs de la Maison-Blanche, Marc Short, le secrétaire démissionnaire de l’EPA (Environmental Protection Adminstration) Scott Pruitt, et le directeur du budget de la Maison-Blanche, Mike Mulvaney »,.

Quant aux Québec, en cette période pré-électorale de l’été 2018, il y a de nombreuses craintes qu’une victoire du parti provincial de droite, le CAQ, pourrait aussi signifier un grave rétrécissement du système provincial d’assurance-maladie, ce qui représente une obsession du discours et du programme de L’Institut économique de Montréal, déjà soulignée en 2004 déjà par J. C. St.-Onge.

 

Biographies des participants à la table ronde

Jacques Mascotto. Ancien professeur de sociologie à l’UQÀM, diplômé de l’Université de Grenoble et de l’UQÀM. Il a participé au livre Hannah Arendt, le totalitarisme et le monde contemporain, publié aux Presses de l’Université Laval. Il a collaboré à un livre sur la mondialisation, dont un chapitre traitait des groupes de réflexion.

Jean-Claude St-Onge. Philosophe et économiste, il enseigne la philosophie au collège Lionel-Groulx.  Il est l’auteur de livres importants sur le néo-libéralisme : ADQ-Voie sans issue, avec Pierre Mouterde, et  L’Imposture néo-libérale : marché, liberté et justice sociale.

 

Quelques repères

Société du Mont Pelerin. Fondé en Suisse en 1947 par l’économiste et idéologue Friedrich von Hayek, cet influent groupe de réflexion comptant dans ses rangs des chefs d’État, plaide en faveur de la « société économique ». Selon cette doctrine, le libre marché est l’expression ultime de l’humanité, et doit donc définir le cadre de notre société. Antony Fisher, adepte et continuateur des idées de Hayek, fondait au cours des années soixante-dix la Heritage Foundation à Washington, le Fraser Institute à Vancouver, l’Institute for Economic Affairs  (IPN) à Londres, l’Atlas Economic Research Foundation, qui crée à son tour un réseau international de think tanks. Ces riches institutions sont les gardiennes du néo-libéralisme.

Milton Friedman (1912-2006). Économiste américain qui soutenait l’idée que chaque intervention de l’État est néfaste pour l’économie et limite la liberté individuelle. L’État se doit d’éliminer toute restriction au commerce international, se retirer des programmes de pensions, des soutiens de prix à l’agriculture.  Il a même plaidé en faveur de l’élimination des banques centrales. Son influence sur les think tanks et les politiques nationales a été très importante.

Herman Kahn (1922-1983). Fondateur du Hudson Institute, un influent groupe de réflexion de droite, Kahn était le modèle même du savant « fou » dans le légendaire personnage de Dr. Strangelove, créé par le cinéaste Stanley Kubrick. Physicien nucléaire de formation, adepte du progrès illimité, Kahn s’opposait au principe de précaution dans l’application des technologies, appuyait la destruction des forêts, et considérait les pluies acides comme un problème mineur. Il rejetait le concept de pollution de l’environnement. Ces idées extrémistes, minoritaires au cours des années soixante et soixante-dix, deviennent le dogme de la droite et des think tanks au tournant du millénaire.

 

Biographie

André Seleanu, journaliste, a été correspondant principal de Recto Verso de 1999 à 2004 pour les questions du Tiers Monde et de la mondialisation néo-libérale.  Il a couvert le Forum Social Mondial de Porto Alegre et il a interviewé entre autres Hugo Chavez et Evo Morales.  Depuis 1997, il collabore aussi fréquemment à la revue de référence québécoise Vie des Arts

 

[1] https://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1012&context=think_tanks

[2] www.citizen.org/media/press-releases/44 trump administration officials

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