Par Jean Yves Métellus
Il y a obsession du langage quand plus rien ne semble subsister aux éblouissements de l’aurore. Quand tout l’espace semble évacuer jusqu’à devenir émule de l’oubli par la complicité du silence. Alors, s’ouvrent des voies parallèles qu’on pénètre sans heurt jusqu’aux limites des sentiers vierges. De l’agonie des eaux à l’enchantement des mots, la beauté se révèle dans toute sa nudité. Sans réflexion de miroirs, l’éternité devient miracle à savourer à chaque instant. Et la folie si bien nous sied en contrepoids de la nuit. Je cours, à corps perdu, les bras tendus cherchant le pouls de l’infini.
Le poids de l’âge, les amours ambigües et cet ourlet des caresses qui me ciselaient le cœur, me libérant enfin. Vigile ensanglanté, mon être repu ne fait plus allégeance aux impostures. S’effritent des visages, sombrent en leur demeure des corps impies et le glaïeul des savanes. J’ai tant accumulé de vertiges dans la luxure des végétations qui m’entouraient, petit. L’ombre assassine gisait sous le revers de mes mains, lavées de toute souillure. Baignant dans la voie lactée, habité par des soupirs, étant à la fois l’hôte et le fils du mystère, je portais l’île en moi, séante. Je vous le jure, il y a l’altérité du regard tourné vers des landes livides quand le phosphore absent, hormis les yeux du cœur, expie tout le sang au moment ultime où l’alarme a sonné. Et l’immanence absolue vaut tout l’essoufflement. Aussi, je demeure limpide dans l’insistance du mystère, le cœur las de souvenirs.
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Jean Yves Métellus, peintre et poète montréalais, est né en Haïti en 1962. Après des études en arts plastiques à L’ENARTS (École Nationale Des Arts), il s’adonne à l’enseignement de la littérature et des arts et devient membre de l’Association des écrivains haïtiens. Aujourd’hui, à Montréal, il publie des recueils de poésie et expose en galerie ses œuvres de plasticien, tout en s’engageant dans la communauté artistique à titre de président et de cofondateur du groupe Duo Des Muses.