Par Nadine Jammal
Nicole Laurin, professeure de sociologie à l’Uqam, puis par la suite à l’Université de Montréal, est décédée récemment des suites de la maladie d’Alzheimer. Elle était une féministe notoire et une chercheuse qui a participé à plusieurs revues académiques et militantes, notamment à des revues aussi différentes que Parti-Pris, Rédaction et Sociologie et Sociétés. Elle a également dirigé plusieurs recherches d’envergure portant notamment sur le travail des femmes et sur les professions à majorité féminine. Dans les dernières années de sa vie, Nicole s’est beaucoup rapprochée des communautés religieuses en travaillant dans un refuge pour femmes en difficulté et aussi en venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale. Nous lui rendons ici hommage, parce qu’elle a eu, entre autres, le mérite d’avoir aidé et influencé fortement les idées féministes, anarchistes et de gauche, qui ont toujours cours dans le Québec d’aujourd’hui et parmi l’équipe actuelle de la revue Possibles.
Il y a des êtres qui nous marquent, par leur générosité, par leur intelligence et par leur entêtement à exister. Il y a des êtres qui s’obstinent et à dire et faire ce qu’ils croient être juste, en tout temps.
Il a des êtres qui nous ouvrent les fenêtres sur la vie, qui nous montrent le chemin lorsque les autres ne le voient pas, dont les actions et les idées nous impressionnent sans cesse et dont la tendresse pour le genre humain nous remue.
Il y a des êtres discrets dont nous chérissons le souvenir parce qu’ils ont su nous aider au moment où l’on en avait le plus besoin. Il y a des êtres généreux, tant par la pensée et la réflexion, dont ils ne sont jamais avares, que par leurs paroles réconfortantes qu’ils offrent à tous ceux et celles qui ont besoin d’encouragement. Pour ses étudiantes et ses étudiants, pour ses amis, pour ses proches, Nicole fut tout cela et plus encore: une inspiration, une invite à la réflexion et à l’analyse, un vent rafraichissant qui balayait tout sur son passage, une intellectuelle qui détestait les préjugés, la bêtise humaine et les lieux communs.
Je me souviens d’elle comme d’une personne à qui je pouvais tout dire : mes pensées, mes idées, mes réflexions, sûre qu’elle me répondrait sans fard, avec sincérité et passion.
C’était aussi une femme extrêmement honnête qui avait toujours le courage de ses opinions et qui ne s’embarrassait jamais des demi- vérités ni des stéréotypes. Directe, franche, elle nous étonnait toujours : marxiste et féministe sans être dogmatique, pleine d’humour sans jamais être cynique, pour la justice sans jamais être naïve.
Elle était également anarchiste et nous lui avons dit Adieu dans une église.
Repose en paix Nicole, où que tu sois. Nous penserons à toi lorsque le courage nous fera défaut. Nous nous souviendrons de toi lorsque nous aurons envie de baisser les bras ou de fermer les yeux pour ne pas voir ou pour ne pas combattre la misère humaine.
Nadine Jammal,
Pour l’équipe de la revue Possibles