Par Christine Archambault
Quand un entrepreneur de Vancouver s’est mis à livrer de l’oxygène en Chine, nous n’avons malheureusement pas été étonnés outre mesure. Dans certaines régions du monde, le ciel reste obstinément bouché, et le soleil n’apparaît qu’à la télévision.
La ville polluée nous étouffe, la ville froide laisse les personnes âgées, les marginaux et les pauvres se détériorer dans des rues aveugles à la souffrance humaine. La ville de l’argent impose des quartiers et des apartheids visibles ou transparents. Les codes postaux décrètent à quels jeux nous avons le droit de jouer et à quel âge nous allons mourir.
En 1956, Léopold Sédar Senghor écrivait déjà :
New York !
L’angoisse au fond des rues à gratte-ciel […]
Pas un rire d’enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche […]
Pas un mot tendre en l’absence de lèvres, rien que des cœurs artificiels payés en monnaie forte […]
Nuits d’insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d’enfants.
Extrait de A New York, Ethiopiques, 1956
L’équipe de Possibles s’est donc penchée sur la question du bien-être en ville. Mais en élaborant ce numéro, nous avons découvert une utopie agissante visant à réparer le tissu urbain. Comment se tricoter une ville douillette dans un monde divers, coloré, pressé, paradoxal et complexe ?
Un pied dans la sphère ménagère et l’autre dans la sphère politique, nous avons interrogé des citoyens et des experts au sujet de projets étatiques et communautaires prometteurs, ainsi que sur les initiatives d’aménagement et de verdissement qui contrent la pollution et servent la santé humaine en ville. Au-delà des technologies novatrices, il semble que les gestes simples donnent aussi des résultats probants. Popotes roulantes, bibliothèques ambulantes, potagers communautaires, ruelles vertes, etc. L’ingéniosité des citadins adoucit et enrichit le quotidien de nos semblables. Nous entamons donc une discussion avec vous, chers lecteurs, pour trouver des ébauches de solution aux problèmes de la cité, vivier d’idées et d’expériences fascinantes, parfois encouragées et parfois bloquées par les pouvoirs publics.
Les cités d’aujourd’hui sont les berceaux des générations de demain. À l’heure où les réfugiés politiques et climatiques cognent à notre porte, il convient de trouver rapidement des avenues solidaires pour nourrir, loger, soigner et éduquer tout le monde. Vivement que ce dicton chinois s’avère : « Les aspirations et les sentiments du sage s’étendent naturellement à tout l’univers » !
Nos remerciements les plus chaleureux et admiratifs à nos auteurs. Et bonne lecture à tous.
Christine Archambault