Ardoise

Par Gilles Matte

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la nuit s’accueille dans l’effritement des couleurs

je suis venu y rencontrer la beauté

des langues épouillées ne cultivant

plus que la musique

le repos dans les brèches du silence

la rumeur sur les pupilles

le cornet à dés du rêve

les lents voiliers battant mémoire

qui font glisser le jour usé sur

les rails imprévus

prévisibles du désir

il faudra vivre lentement

si nous voulons avoir soif encore

 

si nous voulons élargir la paresse de ces murs

pour les tables basses de l’ombre

 

ce menu

est une mainmise de l’enfance

une ville est une ardoise

le bonheur d’effacer se joue à la courte paille

des distributrices de café mou et de fleurs en pot

le bonheur d’effacer se joue

sur le trottoir des hésitations

dans l’entêtement des odeurs

et la rubrique aléatoire des envoûtements

une ville est une ardoise

 

qui murmure ment abrège livre au chantier des mots des résidus

/de solitude

des fragments horaires démantelés par une épaule nue

des débris de fleuve à recoudre à l’aube

avec des envies de rire et d’effleurer du coin de l’œil

les jardins encagoulés

où se faufilera calmée la craie de midi

 

mais ici dans l’effritement des couleurs

le détail maître du jeu

le détail souverain de passage

le détail parrain des horloges

le détail lignes de la main

je connais bien cet œil qui halète la nuit

c’est le mien sous ta paupière

 

je n’ai pas beaucoup vécu sinon

dans des crayons d’images et d’usages

dans les brûlures épinglées aux verres vacants de l’obéissance

et parfois

la lumière m’ennuie

 

une ville est une ardoise

où j’effeuille des mains inutiles où

j’embrasse les détails d’une nuit où

tu t’absentes sous la mise à jour des incertitudes où

la lumière dans les yeux

est une allumette de poudre au cœur où

 

toutes mes mains délabrent les dictionnaires en usage

les horloges en partage les portages

à poids variables des amours où

 

ou

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