Par Christian Mistral
Le corps s’en va, le sang soupire
Muettement et sans souffrir;
Quand elle est déchirée, l’enfance,
On reste nu et sans défense.
Y a pas d’avenir dans les souvenirs,
Y a pas d’espoir dans la mémoire;
Ya pas d’roman dans l’ancien temps,
Pas d’magie dans la nostalgie.
Autrefois n’est qu’un long dimanche
Triste à mourir, morne et pluvieux,
Une plaie pâle qui s’épanche,
Nous laissant moins vifs et plus vieux.
Le corps s’en va, le sang soupire
Muettement et sans souffrir;
Quand elle est déchirée, l’enfance,
On reste nu et sans défense.
Le temps m’est passé à travers
Sans demander la permission
Comme une volée de bois vert,
Comme un faisceau de suspicions.
C’est dans l’oubli que je veux vivre,
Je n’écrirai jamais de livre;
Si l’on me rendait mes vingt ans,
Je les vendrais au plus offrant.
Le corps s’en va, le sang soupire
Muettement et sans souffrir;
Quand elle est déchirée, l’enfance,
On reste nu et sans défense.