Possibles Été 2013 Vol. 36 n. 3
Ces dernières années, l’agriculture a connu un regain d’intérêt sur l’agenda international avec l’explosion récente des investissements fonciers (trans)nationaux dans des projets (agro)industriels à grande échelle. Toutefois, cette ruée sur le foncier à l’échelle mondiale, souvent présentée comme favorable au développement rural, constitue une nouvelle vague agressive « d’accaparement des terres » mettant en péril le devenir de l’agriculture paysanne. Il s’agit du phénomène d’ampleur globale par lequel le contrôle sur l’accès à, l’utilisation de et les bénéfices liés à l’emploi de la terre et autres ressources naturelles est capturé par de entreprises et/ou des capitaux à grande échelle. Cette mainmise s’exerce au détriment des populations rurales les plus vulnérables, qui voient leurs droits humains, souveraineté alimentaire et résilience écologique entre autres compromis.
Ce nouveau numéro de possibles, avec des auteurs du Québec et d’Europe, des milieux universitaires comme de la société civile, explore les racines du phénomène, ses différentes dimensions et enjeux, ainsi que ses multiples formes à travers les continents. Face à l’explosion mondiale des conflits sociaux autour du contrôle des ressources foncières et naturelles, ce numéro se veut un plaidoyer que non, la planète n’est pas à vendre. Différentes contributions nous permettent de comprendre pourquoi les investissements fonciers à grande échelle ne sont pas ceux à même de répondre aux besoins des communautés rurales – et à quoi ressemblent des investissements fonciers qui supportent les agricultures paysannes.
Comme l’a rappelé le mouvement paysan international La Via Campesina le 16 octobre 2013 à l’occasion de la journée de la souveraineté alimentaire, si la société et les gouvernements « veulent vraiment éradiquer la faim, ils doivent accepter que les paysans jouent un rôle central pour nourrir l’humanité et ils doivent les soutenir dans cette tâche ».
- Introduction éditoriale – Accaparement des Terres, Planète (pas) à vendre par Timothé Feodoroff, Transnational Institute
Section I : Conceptualiser l’accaparement des terres
- Quelques clés de lecture pour comprendre et analyser l’accaparement des terres par Timothé Feodoroff, Transnational Institute
- Inscrire les racines de l’accaparement dans les transformations du régime agro-alimentaire par Valérie Potvin, University of Ottawa
- Comment le modèle néolibéral justifie l’accaparement par Rose-Anne Saint-Paul, Université de Montréal
Section II : Tour d’horizons du phénomène
- Main d’acier dans un gant de velours : l’accaparement en Roumanie par Judith Bouniol, Ecoruralis
- Les acquisitions massives des terres en Afrique de l’Ouest par Myriam Minville, Université de Montréal
- L’action collective face à l’accaparement dans la jungle du Pérou par Cécile Famerée, Leiden University
- Mouvement paysan et réforme agraire contre l’accaparement aux Philippines par Geneviève Talbot, Développement et Paix
- La longue histoire de l’agriculture coloniale en Indonésie par Jean-François Bissonnette, Université de Montréal
- Réflexion sur la question féminine et du genre dans l’étude des acquisitions de terres par Myriam Minville, Université de Montréal
Section III : Contre Accaparement, Repenser Investissement
- Investissement, mot magique mais mot piège par Michel Merlet, AGTER
- Pour des formes alternatives positives d’investissement à la place des acquisitions à grandes échelles par Sylvia Kay, Transnational Institute
- Protéger l’avenir des agricultures paysannes face aux nouvelles pressions sur la terre par Laurent Delcourt, CETRI
- Réviser les investissements fonciers en Europe grâce aux Directives sur la Gouvernance Foncière par Florence Kroff, Claire Guffens et Philip Seufert, FIAN
Section IV : Documents
- « Notre Terre, Leur Business »
- « Touche pas à Ma Terre »
- Déclaration de la Via Campesina «Stop à l’accaparement des terres »