LE CRI DES « INDIGNÉS »
par Dominique Boisvert
Notre monde ne s’est manifestement pas remis de la crise économique de 2007-2008. On a eu beau promettre de « réformer le capitalisme », rien de sérieux n’a été fait. Si bien que l’Europe se débat toujours avec la crise de l’Euro, les États-unis sont en récession et partout dans le monde, l’économie tourne au ralenti. Ça, c’est le portrait pour les spécialistes et les décideurs, c’est-à-dire ceux qui ne subissent pas vraiment les conséquences de la crise.
Mais pour les travailleurs grecs, les chômeurs espagnols, les centaines de milliers d’Américains qui ont perdu leur maison et pour tous ceux et celles qui ont perdu leurs emplois, de la Chine au Canada en passant par tous les continents, la crise économique prend un tout autre visage : celui d’un monde qui ne fonctionne plus, d’une situation qui ne peut plus durer!
C’est la situation économique, tout autant que le blocage politique, qui est à l’origine des « printemps arabes » surgis au début de 2011. « Basta! Ras-le-bol! Dégage! » exprimaient pacifiquement les foules tunisiennes, puis égyptiennes. C’est la même colère diffuse qui animait la foule des « indignés » réunis sur la Puerta del Sol à Madrid et ailleurs en Espagne, puis l’ensemble des mouvements « Occupons » qui se sont multipliés un peu partout, à partir d’Occupy Wall Street le 17 septembre 2011.
Il est encore difficile de comprendre avec précision ce qui explique cette résurgence d’activisme et de mobilisation politiques dans des contextes, des cultures et des lieux aussi différents[1]. D’autant plus qu’il faudrait y ajouter bien d’autres mobilisations qui peuvent à première vue sembler plus spécifiques, comme les grèves étudiantes au Chili, en Colombie ou au Québec. Mobilisations plus spécifiques qui sont pourtant, j’en suis convaincu, l’expression du même ras-le-bol ressenti intuitivement par tant de gens à travers la planète.
Qu’y a-t-il de commun entre le « Ben Ali, dégage! », le « Nous sommes le 99% », le « Ce n’est pas une crise, c’est le système » et le « Printemps érable »? Au-delà d’une jeunesse plus consciente et engagée qu’on le croyait, et de l’impact important des nouvelles technologies de communication (les fameuses « révolutions Facebook »), je crois qu’il y a un substrat commun à l’ensemble de ces soulèvements imprévus et plus ou moins spontanés : une conscience encore diffuse et relativement informulée, mais largement partagée, des culs-de-sac vers lesquels nous filons à vive allure : à la fois sur les plans économique, politique, social et environnemental. Tous ces mouvements divers témoignent d’un refus : la dictature des élites, politiques ou financières, ça ne peut plus durer! Il faut inventer autre chose : une autre façon de gouverner, de faire du commerce, de la politique, de l’éducation, de la société.
Et au-delà de ce refus, il y a sans doute aussi l’affirmation, aussi diffuse et informulée que le refus, d’ « un autre monde possible », la réappropriation de l’espace public par les gens ordinaires, l’expérimentation concrète d’une façon différente de vivre, bref le surgissement et l’imposition de la dignité souveraine du peuple d’en bas[2].
Nommer ce non-dit
Refus et affirmations plus ou moins informulés, disais-je. C’est surtout la partie des refus que j’ai voulu essayer de nommer dans un petit livre qui vient de paraître : ROMPRE! ou Le cri des « indignés » (Écosociété, octobre 2012, 108 p.). Non pas que je sois, d’aucune façon, un porte-parole de ces divers indignés. Mais parce que je crois entendre, sous leurs slogans multiples, les colères et les révoltes qui grondent et que je partage avec eux. Et que d’essayer de mettre des mots sur les émotions permet de mieux comprendre et de porter plus loin les combats nécessaires et urgents.
J’avais déjà, en septembre 1997, publié dans la revue Relations un dossier complet consacré à la nécessité de « rompre avec le système économique néolibéral », dossier qui avait connu une assez large diffusion à l’époque[3]. Quinze ans plus tard, la situation du monde s’est considérablement dégradée, à plusieurs points de vue, et la nécessité de rompre est encore plus urgente et touche beaucoup plus de domaines.
S’il est une chose que j’ai apprise, au fil des années, c’est « qu’on finit par s’habituer à tout » : le négatif autant que le positif. Ce qui était exceptionnel hier (l’eau courante, la télévision ou les navettes spatiales) est devenu bien ordinaire aujourd’hui. Et c’est vrai tout autant de choses plus questionnables : la nudité, les armes nucléaires, la concentration de la richesse et du pouvoir, etc. Si bien qu’à force de routine, d’habitude… et de matraquage idéologique véhiculé par la publicité et les mass médias, on finit par perdre de vue des choses aussi fondamentales que « pour quoi et pour qui vit-on? », « à quoi devrait servir l’économie? », « à qui appartiennent les villes et les places publiques? » Et quand des milliers de gens ordinaires descendent dans la rue (dans « leurs » rues, dans « leur » ville), on y voit maintenant le désordre et le chaos, au lieu d’y voir ce peuple qui était l’origine même de la démocratie!
Si bien qu’il nous faut maintenant re-découvrir l’essentiel, le bon sens, la base. À force de nous faire dire que « les vêtements (invisibles) de l’empereur sont les plus beaux du Royaume » et que seuls les gens bien sont capables de les apercevoir, nous avons perdu cette capacité de l’enfant qui est seul capable de voir encore que « le roi est nu! ».
C’est donc au niveau de l’imaginaire collectif que ce travail de rupture nécessaire doit d’abord se faire. Car si le monde tourne comme il le fait présentement, c’est parce que les « idées dominantes » qui le supportent ont réussi à s’imposer (à nous être imposées, devrait-on plutôt dire, car les idées ne tombent pas du ciel!) comme incontournables, essentielles, évidentes. L’argent, la propriété privée, la vitesse, le progrès, la compétition, etc., autant d’idées que nous prenons généralement pour acquises et qu’il ne nous viendrait même pas à l’esprit de contester. Or ce sont précisément ces idées, et bien d’autres, qui sont à la base de ce que nous contestons, qui sont les racines du mal que nous dénonçons, et avec lesquelles il nous faudra rompre si nous voulons vraiment d’un « autre monde possible ».
Porter les questions jusqu’au bout
Dans notre époque où même les façons de penser doivent changer, il est plus facile de constater ce qui ne va pas que d’imaginer par quoi on pourrait le remplacer. Les questions sont devenues tellement complexes que les réponses habituelles ne conviennent plus. Il faut explorer des terres inconnues, avec tout l’inconfort que suscite ce genre d’exploration. Et la tentation est forte de se raccrocher à la première solution proposée, pour mettre fin au plus tôt à l’insécurité et se retrouver enfin en terrain familier. On l’a bien vu lors de la crise économique de 2008-2009 : les dirigeants et banquiers qui prétendaient appeler à une réforme du capitalisme se sont empressés d’adopter des pseudo-solutions qui n’ont rien réglé du tout.
Nous avons vécu le même défi lors des mouvements « Occupons » de l’automne 2011. Les occupants, qui semblaient d’abord de sympathiques hippies inoffensifs, sont devenus de plus en plus menaçants et insupportables pour les « autorités » à mesure que leur occupation se prolongeait, qu’ils fonctionnaient sans « leaders » ou « représentants officiels », que leurs « revendications » n’étaient ni précises, ni « raisonnables ». Bref, on avait hâte qu’ils « aboutissent », qu’ils soient concrets, qu’ils acceptent de « jouer selon les règles du jeu », et qu’on puisse enfin en finir!!!
Or en thérapie, quand un patient ressent une émotion forte, le thérapeute lui conseille de « rester dans son émotion », d’aller jusqu’au bout de ce que celle-ci cherche à lui dire. Alors que notre réflexe spontané est plutôt de fuir au plus vite l’émotion et son aspect déstabilisant, en la niant ou en cherchant à « reprendre rapidement le contrôle».
De la même façon, nous sommes face à des défis sans précédent, qui exigent des transformations radicales de nos façons de penser, de vivre et de faire. Radicales, au sens « d’aller à la racine des problèmes » et de ne pas nous contenter de remèdes cosmétiques. Et pour cela, nos mobilisations populaires actuelles, un peu partout sur la planète, ne peuvent être qu’un commencement, et non une fin. Nous commençons à peine à remettre en question l’ordre établi (qui est, à bien des égards, l’injustice imposée au plus grand nombre). Si nous voulons vraiment faire face aux problèmes urgents du monde (environnement, économie, mondialisation, injustices criantes, etc.), les transformations (en fait, c’est plutôt de bouleversements qu’il faudrait parler) devront être profondes. Et ça va prendre beaucoup plus qu’une ou des élections, ou un Sommet sur le financement des universités, pour répondre adéquatement aux enjeux soulevés par Occupons Montréal ou le Printemps érable.
Retirer notre consentement
La guerre civilisée, du spécialiste nord-américain de la nonviolence[4] Gene Sharp, m’a fait découvrir la puissance fondamentale que peut avoir la rupture. Analysant « la défense par actions civiles », et donc comment s’opposer à un pouvoir qui cherche à s’imposer par la force, l’auteur consacre un chapitre entier à étudier les sources du pouvoir. Il montre que le pouvoir des « gouvernants » ne leur est ni inné, ni intrinsèque : « En fait, ils ne peuvent utiliser ce pouvoir que dans la mesure où on les laisse en disposer ».
Cette analyse du pouvoir politique peut s’appliquer, pour l’essentiel, à tout pouvoir social, qu’il soit économique, culturel, religieux, répressif, etc. Pour Gene Sharp, le pouvoir repose toujours sur un certain nombre d’éléments : l’autorité, l’adhésion, les compétences et la connaissance, certains facteurs intangibles (psychologiques ou idéologiques comme les émotions ou les croyances), les moyens matériels et finalement les sanctions.
Quand on analyse chaque élément de plus près, on constate que tous ces facteurs dépendent, pour l’essentiel, de l’attitude des « gouvernés » à leur égard. Car non seulement l’autorité du « gouvernant » est évidemment fonction de la plus ou moins grande adhésion des « gouvernés », mais même les compétences, les connaissances, les moyens matériels et la capacité de sanction des dirigeants ne leur appartiennent pas en propre. Ils dépendent tous, pour une large part, de la collaboration plus ou moins étroite d’un grand nombre d’intermédiaires et des « gouvernés » eux-mêmes. Ce qui permet à Sharp de conclure que « le gouvernant dépend du gouverné ». Ce que Gandhi résumait ainsi dans La jeune Inde : « Le gouvernement n’a aucun pouvoir en dehors de la coopération volontaire ou forcée du peuple. La force qu’il exerce, c’est notre peuple qui la lui donne entièrement ».
Bref, tout pouvoir dépend, pour l’essentiel, de l’adhésion plus ou moins grande et collective que les « gouvernés » accordent, consciemment ou inconsciemment, de façon tacite ou explicite, volontaire ou non, à ceux qui détiennent ce pouvoir. Il suffit, pour miner ce pouvoir de l’intérieur jusqu’à le faire céder, d’être suffisamment nombreux et déterminés à lui retirer toute forme de collaboration, d’adhésion ou de soumission. Ce constat est au fondement même de toute stratégie d’action nonviolente.
C’est ce « retrait de notre consentement » que j’appelle ROMPRE. Et cela peut s’appliquer à n’importe quel aspect de ce monde qui va mal[5].
ROMPRE avec…
À consulter la liste des choses avec lesquelles j’invite à rompre, on pourrait penser qu’il n’y a plus de vie possible! Car tour à tour, j’examine pourquoi et comment on doit rompre avec l’argent, la vitesse, la propriété privée, la guerre et la violence, l’acceptation de l’inacceptable, la facilité, la liberté (mal comprise), l’individualisme, la compétition, le « toujours plus », la (sur)consommation, la « distraction », la pornographie, le « travail », la fuite en avant dans le virtuel, l’illusion technologique, et la tentation de se prendre pour Dieu.
Et pourtant, rompre avec ces choses ne signifie pas les faire disparaître pour autant! Je ne suis ni naïf, ni fanatique. Le monde va continuer à tourner. Et même si des changements profonds sont à la fois nécessaires et urgents si nous voulons éviter les catastrophes qui nous pendent au bout du nez (au niveau climatique au premier chef, mais aussi de plus en plus aux niveaux économique et politique), ces changements ne se feront évidemment pas du jour au lendemain.
Mais « ROMPRE avec… » signifie avant tout remettre en question de manière radicale notre rapport à l’argent, la vitesse, la propriété privée, etc. Repenser notre façon de voir ces réalités, imaginer d’autres rapports possibles, expérimenter d’autres façons de faire. Mais avant tout, faire éclater nos modèles actuels, les « évidences » et les certitudes habituellement rattachées à ces sujets, questionner les automatismes mentaux qui conditionnent nos existences jusque dans leurs moindres recoins.
Pour ne prendre qu’un exemple, parmi tous les thèmes abordés : qui a décidé, un bon jour, que la vie était d’abord faite pour « travailler » (au sens du travail rémunéré développé dans l’économie capitaliste; mais aussi largement copiée dans le modèle socialiste) et qu’il fallait y consacrer l’essentiel de son temps de vie?
Bien peu de gens peuvent imaginer, ne fût-ce qu’un seul instant, une vie sans « travail » (au sens d’un emploi ou d’un travail rémunéré auquel on va généralement chaque jour consacrer de 7 à 8 heures, au moins 5 jours par semaine). Car « on n’a pas le choix; il faut bien gagner de l’argent pour payer ses factures »! Notre système est ainsi fait que dès leur naissance, les individus sont programmés pour une vie consacrée à « nourrir la machine », à « faire tourner la roue économique », sans égard véritable à ce qu’ils aimeraient faire de leur vie, aux talents ou aux aspirations qu’ils ont, à leurs besoins particuliers. Quel gâchis! (p. 67)
Se pourrait-il qu’on puisse envisager la vie autrement? Que le partage des tâches collectives nécessaires soit fait sur une autre base? Que les aspirations et les talents puissent être mieux pris en compte dans l’intérêt de tous? Que le soin et la croissance des personnes, de la naissance à la mort, aient priorité sur l’accumulation des biens et des « richesses »? Que le souci de la réussite et du mieux-être collectifs soit davantage inculqué aux jeunes que la priorité à la réussite individuelle et matérielle? Que l’on développe à nouveau l’appartenance à une collectivité ou à une communauté comme l’un des piliers du bonheur et du sens à la vie?
Les « indignés » n’en sont qu’à leur début
Je ne prétends évidemment pas connaître « la » réponse à toutes mes questions! Pas plus que les « indignés » de Madrid à New York n’ont la solution à tous les défis considérables de notre époque.
Mais je prétends que la solution vers un monde davantage vivable (ou même simplement survivable, quand on pense aux dangers prochains entraînés par les changements climatiques), si elle existe et je le crois, se trouve davantage dans les discussions longues et laborieuses des humains ordinaires qui ont choisi de descendre dans les rues et d’occuper les places publiques que dans les grandes conférences internationales de politiciens ou d’experts.
Car ce qui est urgent plus que tout, c’est la conscience des besoins et la volonté de changer les choses. Et cette volonté de changement, elle ne pourra toujours venir que des humains suffisamment nombreux de la base; jamais d’en haut.
Nous aimerions croire que l’Histoire humaine est assurée pour toujours. Je suis au contraire convaincu que si l’avenir de la planète Terre est assuré pour encore quelques milliards d’années, l’avenir de l’humanité, elle, telle qu’on la connaît depuis plus ou moins 10,000 ans, n’est aucunement assuré au-delà du siècle à venir. La Terre n’a aucunement besoin de l’Homme pour continuer son évolution. Mais l’inverse n’est pas vrai : l’Homme ne peut vivre ni survivre en-dehors d’un environnement terrestre favorable.
De la même façon, nous aimerions croire que les défis actuels ne sont qu’une simple étape à franchir, comme tellement d’autres auparavant dans l’Histoire. Mais là encore, je suis profondément convaincu que l’étape actuelle est absolument unique dans l’histoire de l’humanité, et qu’elle pourrait bien s’avérer décisive si les humains n’ont pas la sagesse collective de faire les choix difficiles, urgents et nécessaires qui s’imposent. Car c’est la première fois que l’humanité est confrontée ainsi aux limites de son habitat à la fois par le nombre sans précédent de ses habitants et par la (sur)consommation excessive des ressources planétaires disponibles, entraînant dans son sillage des conséquences environnementales potentiellement catastrophiques.
C’est dans cette perspective plus globale et planétaire que le mouvement des « indignés » prend tout son sens : non pas seulement la révolte ponctuelle ou localisée des foules anonymes depuis trop longtemps laissées pour compte par les intérêts économiques et politiques de leurs élites, mais également le plus récent sursaut d’une humanité qui pressent que les drames actuels ne font qu’annoncer de bien pires lendemains et exigent des changements radicaux à l’échelle de la planète.
En ce sens, le mouvement des « indignés » ne peut que commencer…
Dominique Boisvert
21 octobre 2012
Bibliographie
Boisvert, Dominique. 2012. ROMPRE, Le cri des « indignés »). Montréal : Ecosociété.
Collectif. 2012. « D’Athènes à Wall Street, #indignés !, Échos d’une insurrection des consciences », Textes rassemblés par la revue Contretemps. Paris : La Découverte.
Collectif, Jade Lindgaard. 2012. Occupy Wall Street !Textes, essais et témoignages des indignés. Paris : Les Arènes.
Collectif. 1997. « Rompre ! », Relations 633. En ligne : www.cjf.qc.ca/userfiles/Relations_Rompre_%20septembre1997.pdf.
Mason, Paul. 2012. Why It’s Kicking Off Everywhere, The New Global Revolutions. London: Verso.
[1] Un livre récent (2012), publié par le journaliste économique de la BBC Paul Mason, tente justement de comprendre le phénomène. Dans un essai qui tient aussi du grand reportage nous conduisant d’Athènes à Wall Street, en passant par Westminster et Manille, Mason explore les causes et les conséquences de ce que nos gouvernants voient d’abord comme « le désordre et la rue ». Why It’s Kicking Off Everywhere, The New Global Revolutions, London, Verso, 2012, 237 p.
[2] Voir, entre autres, les recueils de textes publiés récemment en français, à partir des productions abondantes et stimulantes issues des divers mouvements d’occupation : D’Athènes à Wall Street, #indignés !, Échos d’une insurrection des consciences, Textes rassemblés par la revue Contretemps, Paris, Zones, Ed. La Découverte, 2012, 197 p. ; Occupy Wall Street !Textes, essais et témoignages des indignés, Paris, Les Arènes, 2012, 291 p.
[3] Dossier « Rompre ! », Relations, no 633, septembre 1997. En ligne : www.cjf.qc.ca/userfiles/Relations_Rompre_%20septembre1997.pdf.
[4] Le mot nonviolence s’écrit normalement avec un trait d’union. Cette graphie a l’inconvénient d’insister sur l’absence de violence ou sur le refus de la violence, alors que ce terme est la traduction traditionnelle, en français, du terme sanskrit « satyagraha » popularisé par Gandhi et qui veut dire « poursuite ou force de la vérité ». Pour Gandhi, il s’agit d’abord d’une véritable force positive et non pas du seul renoncement à la violence. C’est pourquoi j’ai choisi d’écrire nonviolence en un seul mot, pour contribuer à en faire un véritable nouveau mot, dont le sens positif se rapprocherait de celui de Gandhi.
[5] Le contenu du présent texte emprunte, bien évidemment, au livre que je viens de consacrer à la question (ROMPRE, Le cri des « indignés »). Je voudrais aussi remercier Le mouton noir (vol. XVIII, no.1, Sept-Oct. 2012) pour lequel j’ai rédigé une brève présentation du livre.