Version pdf.: Bloc 2_Yves Patrick Augustin
Toi, mon Infinitude
J’enfonce mes regards dans tes yeux de faïence,
Je tire les cordages de l’ombre jusqu’à ceindre le rêve
Pour découvrir le temps,
Le temps qu’il fait en toi.
Je connais le contour de tes lèvres :
C’est ma route de clarté dans les profondeurs de la nuit,
Celle qui débouche sur ton cri;
Je connais le relief de tes songes…
Mais le temps, ma quête obsédante se dérobe à ma soif.
Ce que je cherche en toi,
Je le dessine avec ma langue sur ta silhouette
En rêvant de tes bras qui ceinturent ma solitude,
Qui tombent sur mon délire en ailes endormies.
Ce que je cherche en toi,
Je le file en métaphores sur la trajectoire des étoiles.
Cette bouche qui s’arque en lune,
Cette lumière sur mon épaule,
Ce silence dans mon poème,
Ce parfum dans ma blessure
Cette présence dans mon néant…
Femme secrète de mes pôles célestes,
Ma promise, ma déraison,
Ma fleur sacrée des antipodes
C’est toi!
Pourquoi chercher en toi le temps qui passe
Quand tu es mon commencement et ma fin,
Toi, mon Infinitude?
Quand prendra fin ma marche?
Je marche sur les routes défoncées du rêve,
Les yeux perdus dans le territoire de mes mots…
Il y a longtemps que je n’ai pas vu mon ombre
Errer dans la maison qui pleure ton absence,
Ton absence,
Il y a longtemps que je n’ai pas vu mon ombre
Frôler les premières pousses de tes roses.
Je salue la mer qui déroule le silence entre tes lèvres,
Je salue chaque chose qui me ramène à toi,
Chaque chose comme le temps dans ton rire,
La houle de ton souffle et le couchant de tes regards
Qui m’obsède, me dévore.
Rien n’a changé dans le paysage de tes yeux
Où je lis mon destin comme le chagrin dans la nuit
De mes amour de larmes, d’errance et de corps renversés.
Quand prendra fin ma marche
Sur les trottoirs brisés de cette terre
De délire, de folie, d’orgasme et de malheur
Qui vibre sous mes pas?
À toi
Sur mes lèvres, tu as laissé un goût d’humus et d’argile
Un goût de sirène au seuil du désir,
Un goût de baisers, de larmes et d’amertume.
Le vent qui souffle dans mon langage déprime le silence,
Ces nuages gris qui se perdent dans la solitude
De minuit ont le goût de ton insupportable absence.
Ma femme de terre nouvelle et de tourmente,
Ma langue qui dit les aubes de cristal et les soirs de solitude,
Ma chienne d’errance perdue dans les rues
Poursuivie à tous les carrefours sombres de mes villes désertées,
Traquée à chaque halte,
Où es-tu?
Je ne veux pas mourir comme la ville de mon enfance
Ou cette femme brisée dans mon écriture,
Qui se nomme Naïma,
Je ne veux pas mourir avant le dernier clin d’œil d’une étoile
Dans l’obscurité de la nuit.
Je veux simplement mettre en musique tes mots
Qui roucoulent dans mon silence,
Chanter la fulgurance des météores dans tes yeux de jeune fille
Et la mélancolie de l’automne qui dépouille les arbres
Et les cœurs et les rêves
Avant de m’endormir dans tes bras.
La raison de ma marche
Le temps est en lévitation.
Moi, je m’échappe de toi pour me confondre à ton essence.
Je suis une part de toi, un fragment de ton être,
Un être né de ton ombre,
Plus seul que le pin solitaire sur la colline de l’ennui
Quand tu t’éloignes de moi,
Une terre fêlée…
Je suis l’homme de toutes les rues délaissées,
Ta doublure aux yeux d’amandes meurtries,
Au corps pétri de souffrance,
Le rêveur devant les portes closes de ton cœur
Quand il ne répond plus à ma démence et à ma soif.
Je ne veux pas passer ma vie à errer sur la corde de ton âme
Avec l’automne dans mes yeux et la mémoire à fond de puits.
Je veux étendre ma poésie sur la margelle de ton corps.
Car mon amour de janvier,
Ma femme bas-relief miraculée de la pierre,
Tu es la raison de ma marche dans le désert du monde.
La première neige
La première neige qui tombe est un flocon de lumière
Dans tes yeux qui ne fondent jamais quand brille la tendresse.
Tu me regardes ainsi que la mer qui se défait du silence des vagues
Tu me regardes avec le monde fragmenté dans tes prunelles…
Ah, que la vie est douce dans l’imagerie de tes regards!
Les oiseaux tristes ont délaissé mes rêves,
Les voix contraires de la folie, mes cauchemars…
Je suis, par la magie de tes regards, le verso de la douleur,
L’autre versant du moi.
Ô mon amour, laisse-moi m’abriter sous l’ombrelle de tes paupières
Toute une éternité. Le paysage de tes yeux est cette neige qui tombe
En flocon de lumière,
Plus pure que l’innocence de tes baisers,
Plus légère que l’évasion du songe dans la mémoire.
Yves Patrick Augustin, Passionné dès le jeune âge par les arts et les lettres, Yves Patrick Augustin poursuit une double carrière de graphiste et de poète. Auteur de quatre recueils de poésie, il est membre de la Société des Poètes Français, de la Société littéraire de Laval et de la revue Carquois.