Par Manuella Borges Muniz
L’État du Vietnam fait face à d’importants défis vis-à-vis à la pluralisation religieuse accrue au sein de sa population. Notamment, ses politiques de contrôle intérieures sont une source d’administration (ou domination) par l’État afin de que des mouvements révolutionnaires n’émergent pas en apportant une menace à la survie du régime vietnamien. Un de ces défis peut aussi être compris par le développement de la religion protestante dans l’État, qui fut initialement conçu comme étant une menace à la domination de l’Église catholique pendant l’époque de la colonisation française. Vis-à-vis à la considérable croissance des adeptes de cette religion, l’Église protestante doit faire face à des lois de réglementation vietnamiennes, dont elle a besoin de s’ajuster au contrôle des autorités tout aussi comme prouver sa loyauté à l’État.
Source : Protestantism Among the Vietnamese Ethnic Minorities in the Central Highlands. Vietvisiontravel.https://www.vietvisiontravel.com/post/protestantism-among-vietnamese-ethnic-minorities-central-highlands/
La politique religieuse du Vietnam est, jusqu’à un certain point, inspirée par des idéologies marxistes, qui conçoit la religion comme étant « l’opium du peuple », où elle serait opposée aux idéaux dits révolutionnaires et qu’elle serait liée aux régimes d’exploitation capitaliste[1]. Le protestantisme, pour sa part, a été introduit au Vietnam en 1900, et à cause de la pluralité religieuse, culturelle, sociale et également pour des raisons politiques dans ce pays, cette religion s’est beaucoup plus développée dans le sud. À partir des années 1980, elle s’est rependue rapidement dans l’État, surtout dans des communautés de minorité ethnique. Néanmoins, cette diffusion a posé de nombreux problèmes en termes de sensibilisation et de politique[2]. La consolidation de la présence protestante marque la rupture de la relation Église-État à la fin de l’époque coloniale, et son développement a éveillé des préoccupations chez les catholiques, car ils la comprenaient comme une menace à sa domination de plus d’un siècle. Aussi, le surgissement en force de la religion protestante est marqué par une présence de plus en plus importante des États-Unis (après la Première Guerre mondiale) en Asie. Cette présence accrue a éveillé des inquiétudes chez les Français, à savoir comment la montée en puissance américaine affecterait la France et son empire (surtout après la conquête des Philippines par les États Unies). Aussi, les inquiétudes sont nées de la présence des missionnaires protestantes américaines qui se trouvaient en Asie et enseignaient que le protestantisme était la religion de la modernisation en tant que pont entre la foi et les idées scientifiques[3].
Hô Chi Minh, un des acteurs les plus importants de l’histoire du Vietnam et qui se considérait comme un élève de Marx, Confucius, Sun Yat Sen et Jésus Christ, a créé en 1945 une proposition visant la liberté des croyances, où il comprenait la religion comme l’héritage culturel de l’humanité. Aujourd’hui, sa pensée est encore pertinente et sert comme référence, à la fois utile et opportune, pour ce pays qui a choisi de se dégager d’une approche marxiste-léniniste de dénonciation de la religion. Même avec les considérations de respect aux religions, il existe encore une préoccupation de la part de l’État qui veut maintenir l’ordre social et politique en contrôlant toutes les activités sociales. En 1986, le Parti communiste vietnamien a créé une politique de rénovation appelée đổi mới qui a aussi défini une nouvelle politique religieuse de reconnaissance des certaines croyances, où le rôle des religions est reconnu par l’État comme ayant un objectif de maintien et progrès de la vie morale des citoyens dans la société. Puis, la création de cette nouvelle politique peut avoir été le résultat de la pression des États-Unis sur cet État, où à cette époque le Vietnam aspirait l’appui des Américains pour intégrer l’OMC[4].
C’est aussi important de souligner que les politiques de rénovation, ouverture, intégration internationale, industrialisation et modernisation ont aussi influencé le développement du Protestantisme au Vietnam. Parallèlement au processus de rénovation, cet État élargit ses relations avec des pays du monde entier, y compris des pays comptant un grand nombre d’adeptes protestants. Le rôle de la mondialisation avec la science et la technologie sont aussi importants, car elles créent les conditions pour que les religions et de nouvelles idées puissent étendre ne pas seulement au Vietnam, mais dans différentes parties dans le monde[5]. Finalement, on peut affirmer qu’au Vietnam la politique à l’égard des protestants s’est améliorée au fil du temps, par contre les situations sont encore fluctuantes et dépendantes des enjeux à la fois culturels, sociaux et politiques[6].
[1] Willaime, Jean-Paul. 2010. “Le Vietnam au défi de la diversité protestante ». Social Compass, 57(3), p. 319-331. https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0037768610375516
[2] Loi, Nguyen Thang. 2020. “The development of Protestantism in Vietnam”. Political theory. Ho Chi Minh National Academy of Politics. http://lyluanchinhtri.vn/home/en/index.php/forum/item/693-the-development-of-protestantismin-vietnam.html
[3] Keith, Charles. 2012. “Protestantism and the Politics of Religion in French Colonial Vietnam”. Michigan State University. French Colonial History, Vol. 13 p. 141-174. https://www.jstor.org/stable/41938226?seq=1#metadata_info_tab_contents
[4] Willaime 2010.
[5] Loi 2020.
[6] Willaime 2010.
Bibliographie
Loi, Nguyen Thang. 2020. “The development of Protestantism in Vietnam”. Political theory. Ho Chi Minh National Academy of Politics. http://lyluanchinhtri.vn/home/en/index.php/forum/item/693-the-development-of-protestantismin-vietnam.html
Keith, Charles. 2012. “Protestantism and the Politics of Religion in French Colonial Vietnam”. Michigan State University. French Colonial History, Vol. 13 p. 141-174. https://www.jstor.org/stable/41938226?seq=1#metadata_info_tab_contents
Willaime, Jean-Paul. 2010. “Le Vietnam au défi de la diversité protestante ». Social Compass, 57(3), p. 319-331. https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0037768610375516