Par Karel Sauvageau
La Corée du Sud et la Malaisie ont ensemble une coopération économique en continuel florissement, ce depuis l’instauration, dans les années 1960[1], d’une alliance diplomatique. La Malaisie fait partie de la deuxième génération des pays développés d’Asie, ces tigres asiatiques. La Corée du Sud, qui elle est de la première génération, a une longueur d’avance incontestable. C’est pourquoi lorsqu’il est question des ententes de développement économique entre les deux pays, le terme employé par les Sud-Coréens en Malaisie est influence.
Figure 1 : https://fr.123rf.com/photo_59846707_puzzle-avec-le-drapeau-national-de-la-malaisie-et-de-la-cor%C3%A9e-du-sud-sur-un-fond-de-carte-du-monde-ill.html.
Développement
L’expansion économique de la Corée du Sud s’étant réalisée sur la base d’une politique d’exportation, la Malaisie n’a pas été épargnée. Lorsque, dans les années 1980[2], la Malaisie a elle-même implémenté sa stratégie de développement, elle s’est inspirée du modèle de développement sud-coréen comme ligne directrice. La Malaisie fait partie des 10[3] pays plus grands receveurs d’investissements sud-coréens. La ville de Kota Kinabalu est considérée par les Sud-Coréens eux-mêmes comme étant le Joyau caché de l’Asie du Sud-Est[4]. À Kuala Lumpur, les emblématiques tours jumelles ont notamment été construites en partie par la société sud-coréenne Samsung. En 2019, les deux pays ont signé plusieurs mémorandums d’accords[5] impliquant une coopération soutenue dans le domaine des transports, dans le développement d’une ville intelligente en Malaisie ainsi que dans le développement de l’industrie alimentaire halal.
Cuisine
Les malais sont reconnus comme étant d’importants consommateurs de nourriture sud-coréenne, avec une augmentation croissante d’année en année. L’ambassade de la Corée du Sud en Malaisie, avec le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales et le Korean Food Promotion Institute ont mis en place le concours de cuisine Hansik (nourriture coréenne)[6]. Ce concours permet non seulement à la Corée d’exporter sa culture, mais aussi d’inspirer les Malaisiens à s’y référer comme modèle, c’est pourquoi ce concours culinaire encourage la création de mets coréens, mais cela à la malaisienne. Selon le distributeur 11street, « la vente de produits alimentaires coréens sur sa plate-forme a doublé depuis sa création en avril 2015, la tranche d’âge des 26 à 35 ans contribuant en moyenne à 40% du total des ventes alimentaires coréennes en 2016 »[7].
La société sud-coréenne KMT Group s’est implantée en Malaisie dans les années 1990[8]. Il s’agit d’un énorme réseau de distribution de produits sud-coréens vers les supermarchés, les hypermarchés, les dépanneurs, les chaînes de magasins, de produits de santé et de soins personnels et les détaillants généraux malais. KMT Group, grâce à ses importations en Malaisie, serait reconnu comme étant le pionnier[9] dans la promotion du commerce international entre la Corée du Sud et la Malaisie.
Avec la vague culturelle sud-coréenne, la Malaisie n’est pas non plus restée à l’écart. En effet, la musique et le cinéma sud-coréens n’ont fait qu’accroître la curiosité des Malais envers la Corée du Sud. De ce fait, l’intérêt pour les produits sud-coréens ne fait qu’augmenter en Malaisie, cela notamment pour les produits alimentaires. Afin de s’assurer que les Malais continuent de consommer les aliments sud-coréens, KMT Group, en collaboration avec des producteurs et d’autres distributeurs, propose non seulement des produits alimentaires sud-coréens, mais aussi des produits halal[10] pour attirer davantage d’acheteurs musulmans malais.
Figure 2 : http://www.koreapost.com/news/articleView.html?idxno=9639.
Expansion économique
La multinationale sud-coréenne SK Group a, en 2018, signé un accord commercial[11] avec la Malaisie qui vise à investir en collaboration avec cette dernière dans les domaines des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la 5G, du pétrole et du gaz, des technologies vertes et du développement urbain. Il y a de nombreuses entreprises sud-coréennes en Malaisie qui contribuent à la promotion de la coopération et d’une bonne relation entre les deux pays. Seulement pour l’année 2008, pour encourager des études de maîtrise, de doctorat ou d’autres recherches de troisième cycle en Corée du Sud, le gouvernement sud-coréen a octroyé des bourses totalisant 8 millions de Malaysian ringgit[12] à des Malais.
Il faut l’admettre, la Corée du Sud a positionné et développé ses grandes entreprises en Asie du Sud-Est, puisque le coût de la main-d’œuvre y est compétitif. Or, cela a généré un avantage aux populations de l’Asie du Sud-Est, puisque de nombreux emplois ont pu y être créés. Aussi, la croissance de la productivité dans certaines régions a pu faire bénéficier à l’économie sud-est asiatique, et donc a pu aider au développement des entreprises locales dans les zones devenues plus industrialisées. Un bon exemple n’est nul autre que le complexe industriel de Seremban au sud de Kuala Lumpur. C’est un réel effet d’entraînement[13] qui s’y est produit, car avec la mise en place de plusieurs sous-productions de Samsung, ce sont 131 entreprises locales sur les 161 sociétés qui ont collaboré à ce projet de développement et qui y ont ouvert des succursales de manière progressive. « La valeur ajoutée que génèrent les entreprises de cette zone représenterait 2 % du PIB du pays, selon le directeur de la Kotra[14] de Kuala Lumpur, L.J.M. »[15]
Technologie
Dans le but de rechercher une réponse commune, en cette époque de la quatrième révolution industrielle, les deux présidents se sont entendus pour explorer activement la coopération dans les industries de haute technologie, technologie de l’information, défense, sécurité publique, cybersécurité, fabrication intelligente, voitures, systèmes de transport intelligent, santé et domaines médicaux[16]. D’ailleurs, la Corée du Sud est en 2021 le leader en innovation selon l’indice de bloomberg, donc la Malaisie ne peut que bénéficier de son expertise et la Corée du Sud peut elle-même bénéficier de ce statut de puissance innovante afin d’exporter son savoir-faire en Malaisie.
Ainsi, la Malaisie a à la fois accueilli les grandes entreprises en plus de la culture culinaire de la Corée du Sud. Il n’en reste pas moins que cela a été aussi un bénéfice de développement pour la Malaisie et c’est bien là la stratégie d’influence à la sud-coréenne.
[1] Kim, Korea top 7 trade partner and top 10 investor in Malaysia.
[2] Kim.
[3] Kim.
[4] Kim.
[5] Kim.
[6] Kim.
[7] Sun Media Corporation, Malaysians love Korean food and the spicier the better!
[8] KMT Group (Korea Malaysia Trade), Who We Are.
[9] KMT Group (Korea Malaysia Trade).
[10] Sun Media Corporation.
[11] Kim.
[12] Kim.
[13] Kim, Le Soft Power Sud-Coréen en Asie du Sud-Est : Une théologie de la prospérité en action, 38.
[14] KOTRA : Korea Trade-Investment Promotion Agency.
[15] Kim, 38.
[16] Kim, Korea top 7 trade partner and top 10 investor in Malaysia.
Bibliographie
Kim, Hui-yeon. Le Soft Power Sud-Coréen en Asie du Sud-Est : Une théologie de la prospérité en action. Bangkok : Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, 2014. http://www.doi.org/10.4000/books.irasec.194.
Kim, Hyung-dae. « Korea top 7 trade partner and top 10 investor in Malaysia ». The Korea Post, 2019. http://www.koreapost.com/news/articleView.html?idxno=9639.
KMT Group (Korea Malaysia Trade). « Who We Are » 2019. http://kmt.com.my/who-we-are/.
Sun Media Corporation. « Malaysians love Korean food and the spicier the better! » 5 novembre, 2016. https://www.thesundaily.my/archive/406265-FTARCH406265.