Thaïlande : Une société sous domination Thaïs

Par Hélène Deveaux

 

La Thaïlande est située au cœur de l’Asie du Sud-Est continental entre la Birmanie, le Laos et le Cambodge. Ce pays s’étend sur 513 120 km² et compte en 2017 plus de 68 millions d’habitants (Central Intelligence Agency-CIA). Avant l’arrivée des Thaïs, ce pays était occupé par divers groupes ethniques et ethnolinguistiques. Il est intéressant de voir comment les Thaïs, des migrants, ont su nationaliser le pays à leur image.

Les principales ethnies en Thaïlande

Les Thaïs aujourd’hui représentent environs 92% de la population totale en Thaïlande. La partie la plus représentative et importante de cette ethnie se concentre au centre du pays. Nous retrouvons aussi au nord et au sud deux grands groupes de personnes identifiées comme Thaïs. La partie qui se trouve au nord de la Thaïlande est le plus gros groupe quand on parle en nombre de personnes mais c’est aussi les plus pauvres. Plus de 80% des Thaïs du nord sont des fermiers et sont employés par des gros propriétaires de champs et travaillent dans les plantations de cannes à sucre. Ils sont aussi connus comme ayant un niveau d’éducation peu élevé et c’est aussi pour cette raison qu’ils sont laissés un peu à part de la vie dynamique du pays. Cette extrême pauvreté pousse la nouvelle génération à migrer vers le centre à Bangkok dans le but de travailler. Cette communauté de migrants dans la grande ville représente environs un travailleur sur six. De plus, c’est à eux que sont consignés ce qu’on appelle les « dirty job ». On les retrouve dans les emplois tels que femmes de ménage, dans la construction et dans le marché de la prostitution. Cependant cet exode rural est important pour la survie de leurs familles en campagne car ces travailleurs y envois une partie de leur salaire (la différence de revenue entre les deux régions est assez conséquente) (Fistié, 1971).

Le deuxième groupe les plus important du pays est les Khmers : ils représentent 2,3% de la population, ce qui est équivalent à environs 1 million de personnes. On les retrouve essentiellement dans les régions rurales. Ce sont les plus gros cultivateurs de riz de la Thaïlande.
Puis, nous avons les Malais, qui se regroupent au Sud, ils sont principalement les négociants commerciaux dans les comptoirs de la région côtière (Fistié, 1971).

La dominance des Thaïs

Par ailleurs, les Thaïs ne sont pas le peuple autochtone de la Thaïlande. D’origine chinoise, cette ethnie nous vient tout droit de Yunnan, une région au sud de la Chine. Dans les environs du 11e siècle, lorsque le sud de la Chine a connu l’invasion mongole, les Thaïs ont décidés de migrés vers l’Asie du Sud-Est. Cette descente vers le Sud s’est fait le long des rivières et des fleuves en passant par le Laos, le Cambodge, et la Birmanie pour finalement s’établir dans le Chao Phraya Valley dans le Royaume de Siam. Les minorités autochtones qui se trouvaient en Thaïlande ont vite été assimilées par les Thaïs.
Cette assimilation s’est faite en grande partie grâce à la volonté du roi Rama V Chulalongkorn (1868-1910) d’entreprendre une unification de la nation thaïlandaise. Lors de cette démarche, le gouvernement thaï a instauré un programme d’assimilation (au début du 20e siècle), qui par principalement le biais des écoles en régions, a contribué à l’effacement des différentes identités ethniques du pays au profit de celle des Thaïs. Le principal outil de cette entreprise a été d’instauré la langue Thaï comme langue nationale (Rappa, 2006).
Aujourd’hui, on retrouve très peu des autres ethnies et les distinctions sont d’avantage d’ordre culturel que racial. De plus, les autres ethnies qui sont issues de groupes ethnolinguistiques différents, parlent aujourd’hui le thaï même si ce n’est que leur deuxième langue comme dans le cas de la communauté Khmer.

Cependant, cette unification de la nation thaïlandaise n’a pas eu que de mauvais côtés. Elle a permis à la Thaïlande de résister face aux occupations occidentales durant le 19e siècle.

Bibliographie :

. Fistié, Pierre. La Thaïlande. Presses universitaires de France, Que sais-je? . Paris. 1971. 126p.

. Central Intelligence Agency, The world factbook. [En ligne] https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/th.html [page consultée le 25 Avril 2019]

. Rappa, Antonio L. Language policy and modernity in southeast Asia : Malaysia, the Philippines, Singapore and Tahiland. 2006. New York Springer.

. Stephane, La diversité ethnique en Thaïlande. 2016. [En ligne] http://fr.onlychaam.com [page consultée le 20/02/2019]

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