Par Ingrid Welschinger
La guerre du Viêt Nam est connue notamment à cause de l’utilisation de l’agent orange, qui servait à empêcher les guérillas défavorables aux américains. Cet herbicide fut répandu sur le sol vietnamien occasionnant la destruction de forêts, entrainant de graves maladies de type cancer pour les personnes touchées (habitants vietnamiens et soldats américains qui répandaient le produit).
Dans ce billet nous verrons les impacts de l’agent orange sur les sols vietnamiens, et donc sur les ressources qu’il possède.
L’agent orange
La guerre du Viêt Nam est la plus grande guerre chimique de tous les temps. Des produits comme les « herbicides, bombes à phosphore, napalm »[1]. Le tristement célèbre agent orange, produit par Mosanto, faisait partis d’un groupe d’herbicides appelés : « herbicides arc-en-ciel » du fait de leur grand nombre de couleurs différentes.
Ainsi, en 1962, le gouvernement américain lance l’opération « Ranch Hand », où des herbicides sont déversés par voie aérienne, « dans le but de détruire le couvert foliaire sous lequel l’ennemi se dissimule autant que les récoltes susceptibles de le nourrir »[2]. Cette opération fit en 9 ans un déversement de 70 000 000 L de produits chimiques. Cela sur 20% de la superficie totale de la jungle sud-vietnamienne[3]. Mais les voies aériennes ne sont pas les seules voies utilisées pour déverser ses produits. Il y eut aussi d’énormes quantités déversées par voies terrestres, notamment avec des camions équipés de lances pour asperger les sols.
Les conséquences de l’agent orange sur les sols vietnamiens
L’agent orange épandu par le gouvernement américain sur les forêts, les cultures et sur tout ce qui permettait de se cacher ou de s’alimenter, eu des conséquences sur les sols vietnamiens. Une des premières conséquences sur le sol est la déforestation.
En effet, les sols étant remplis d’herbicides sont comme brûlés. Les armes chimiques utilisées à répétition causèrent des écocides[4]. Par écocide on entend la destruction des milieux naturels regroupant la faune et la flore. Les forêts ne poussent plus. Elles sont remplacées par des savanes herbeuses où la culture est plus que difficile. Les paysages sont complètement différents à la fin de la guerre. Il ne perdit pas moins de 100 millions de mètres cubes de bois d’œuvre[5], ce qui représente une masse considérable de perte. Ainsi, le Viêt Nam perd une de ses ressources à savoir le bois. Avec ce bois il pouvait faire du commerce, or cela semble compliqué à la suite de la guerre du Viêt Nam.
De plus, n’ayant presque plus de forêts ou d’arbres dans certaines régions, comme le sud du pays lors des périodes de moussons[6], les terrains et les flancs de montagnes qui ne sont plus retenus par les racines peuvent s’écrouler, emportant avec eux toutes les ressources produites à cet endroit. Les sols sont craquelés. On a l’impression à certain endroit que la Terre s’est ouverte. D’immenses crevasses se forment. L’exploitation des terres peut être compromise. Les ressources tirées habituellement du sol vietnamien se désagrègent. Les dommages de ces épandages durent de nombreuses années et peuvent même empêcher toute activité économique humaine qui persiste jusqu’à maintenant dans les zones extrêmement contaminées comme les « hotspots »[7].
Par ailleurs, avec le ruissellement des produits chimiques dans la mer et également dans le delta du Mékong, les zones côtières sont affectées. Les animaux sont touchés tout comme les hommes et les terres. Les populations présentes dans ces endroits, que ce soit : mammifères, oiseaux, poissons… furent rapidement tués par l’exposition aux herbicides ou subirent les mêmes problèmes que les humains. Ici, on entend les problèmes de difformités, cancers et effets tératogènes[8] (risque de malformation du fœtus). De nos jours, dans certaines régions, les conséquences de l’agent orange sont toujours visibles. De nombreux enfants issues de cette période sont handicapés, ainsi que leurs parents et survivent tant bien que mal avec les séquelles de cette triste guerre.
L’agent orange n’est pas l’unique responsable
Attention, il ne faut pas imputer à l’agent orange toute la responsabilité de la déforestation du Viêt Nam et donc de sa perte de ressources naturelles. En effet, les causes de la déforestation sont multiples. On y retrouve les bombardements américains, qui causèrent des entonnoirs empêchant la culture de la terre, mais aussi les pratiques des populations à déboiser sans replanter. De plus, les coupes commerciales et la colonisation agricole, qui sont les premières causes de déforestations dans le monde, sévissent également au Viêt Nam[9].
NOTE : 5,75/6
Bibliographie :
Dorian Brunet. L’utilisation de l’agent orange durant la guerre du Vietnam et ses conséquences sur la santé. Sciences pharmaceutiques. 2015.
Amélie Robert, « Au cœur de la guerre du Việt Nam : herbicides, napalm et bulldozers contre les montagnes d’A Lưới », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine [En ligne], 104-1 | 2016, mis en ligne le 29 mai 2016, consulté le 06 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/rga/3222 ; DOI : 10.4000/rga.3222
Robert-Charmeteau, A. (2015). Les impacts de la guerre du Việt Nam sur les forêts d’A Lưới. [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, 15(1).
Yann Roche et Rodolphe De Koninck, « Les enjeux de la déforestation au Vietnam », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 3 Numéro 1 | avril 2002, mis en ligne le 01 avril 2002, consulté le 06 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/4113 ; DOI : 10.4000/vertigo.4113
Thao Tran, Jean-Paul Amat et Françoise Pirot, « Guerre et défoliation dans le Sud Viêt-Nam, 1961-1971 », Histoire & mesure [En ligne], XXII – 1 | 2007, mis en ligne le 01 juin 2010, consulté le 06 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/histoiremesure/2273
Image 1 : Carte de Hatfield Consultants LTD et du Comité 10-80 d’après les données du département de l’Armée des Etats-Unis, traduit (http://www.hatfieldgroup.com/UserFiles/File/ContaminantMonitoringAgentOrange/VietNamHighlights/SprayLines.PDF , consultée le 07/06/2018)
Image 2 : URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/4113/img-19.jpg Fichier image/jpeg, 20k
[1]Dorian Brunet. L’utilisation de l’agent orange durant la guerre du Vietnam et ses conséquences sur la santé. Sciences pharmaceutiques. 2015.
[2] Amélie Robert, « Au cœur de la guerre du Việt Nam : herbicides, napalm et bulldozers contre les montagnes d’A Lưới », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine
[3] Thao Tran, Jean-Paul Amat et Françoise Pirot, « Guerre et défoliation dans le Sud Viêt-Nam, 1961-1971 », Histoire & mesure
[4] Robert-Charmeteau, A. (2015). Les impacts de la guerre du Việt Nam sur les forêts d’A Lưới. [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, 15(1).
[5] Op Cit : Dorian, 2015.
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] Ibid.
[9] Yann Roche et Rodolphe De Koninck, « Les enjeux de la déforestation au Vietnam », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 3 Numéro 1 | avril 2002