Conflit en Mer de Chine Méridionale : Le cas du Vietnam

A- Un pamphlet de propagande vietnamien citant : « Les îles Paracel et Spratley appartiennent au Vietnam. »

Mai 2014, des émeutes Antichinoises prennent lieux dans les différentes grandes villes du Vietnam. Entre manifestations, actes de vandalisme et de violence contre des usines chinoises et leurs ouvriers, le peuple vietnamien dénonce haut, fort et violemment son mécontentement contre l’installation d’une plateforme de forage appartenant la compagnie nationale de pétrole chinois non loin des cotes vietnamiennes [1].

Ceci représente un des nombreux évènements qui ont eu lieux entre Hanoï et Pékin autour des revendications territoriales. Cependant, pour être en mesure de comprendre la nature des altercations entre ces deux états, il faut commencer par discerner le fondement du conflit.

 

  • L’histoire du conflit 

 

Tout d’abord, il faut savoir que les discours vietnamiens autour des revendications des îles Spratley et Paracels se basent sur des principes historiques, géographiques et juridiques [1].

 

Le Vietnam revendique ces territoires contestés en se fondant sur leurs activités de pêches historiques. D’après Hanoï, la Mer de Chine méridionale a été le lieu de pêche pour elle depuis l’ère précoloniale montant jusqu’au 17e et 18e siècle. Pendant la période de colonisation française, la France a proposé, trois fois (en 1932, 1937 et 1947) [1] de résoudre les contestations soit par voie amicale, soit par le biais d’une arbitration neutre entre les deux, mais la Chine refusa.

Incontestée jusqu’alors par ses voisins et plus précisément, la Chine, cet argument historique vient « renforcer » la légitimité des revendications vietnamiennes. Notons également, qu’indiffèrent aux autres belligérants inscrits dans ce conflit, le Vietnam n’est pas le seul État qui base ses revendications sur une légitimité historique.

 

Le second principe repose sur l’aspect géographique des revendications. Située à environ « un tiers de la distance entre les Philippines et le Vietnam » [1], Hanoï réclame les îles Spratleys sur la base de proximité géographique. De même ce fait pour les Paracels qui sont « à peu près à égale distance des cotes vietnamiennes et chinoises » [1]. Encore une fois, les mérites de ces revendications ne se limitent pas exclusivement au cas du Vietnam. La majorité des 6 états ayant fait une revendication territoriale en Mer de Chine Méridionale, utilisent la proximité entre leurs côtes et les îles contestées pour renforcer leurs prétentions à ajouter 200 miles marins a leurs délimitations géographiques maritimes.

 

B- Un deuxième pamphlet de propagande vietnamien citant : « Ensemble exploitons et protégeons la mer et les îles du Vietnam. »

Enfin, sur le principe juridique, la République Socialiste du Vietnam invoque la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer établie en 1982 et ratifiée par cette dernière qu’en juillet 1994 alors que la Chine y adhère qu’à partir de juin 1996 [1]. Or, tout comme la Chine, le Vietnam désire étendre sa Zone Économique Exclusive (ZÉE) à partir des Paracels et Spratleys sans établir une démarcation concrète de la zone désirée. Intentionnelle, cela permet au Vietnam d’élargir « plus profondément » ses revendications en Mer de Chine méridionale [1].

 

  • Maintenir des bonnes relations interétatiques rationnelles serait dans l’interet de tous.

 

Malgré « l’intransigeance chinoise et la montée des tensions » [2] entre les deux, Hanoï se trouve, de par et plus, à essayer de désescalader ses dissensions avec Pékin, car les gains perçus par les Investissements directs à l’Étranger (IDE) chinois sont primordiaux pour un Vietnam qui récemment éprouve des difficultés économiques.

Le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung a dit cela en 2013 concernant la question d’un éventuel conflit armé : « tout acte isolé irresponsable ou visant à déclencher un conflit pourrait conduire à une interruption de ces immenses flux commerciaux, avec à la clé́ des conséquences imprévisibles non seulement pour les économies de la région, mais également pour le monde entier » [2].

Avec plus de la moitié du total du transport pétrolier et un trafic de marchandise « trois plus important que celui passant par le canal de Suez et cinq fois plus que celui du canal de Panama » [3], un conflit militaire complet en Mer de Chine Méridionale va sûrement mettre des impasses a un monde déjà fragile économiquement de nature.

Les gains ne sont pas uniquement économiques. Rappelons que les pays partagent bien plus que des relations commerciales. Grâce à leur système politique socialiste, Pékin et Hanoï partagent également des aspects politique, culturel et idéologique [1]. Néanmoins, il existe une asymétrie croissante [1] entre les deux états due essentiellement aux dotations avantageuses de la Chine en matière de défense nationale et d’économie.

 

  • En guise de conclusion sur les Relations internationales et sécuritaires en Asie du Sud-Est, et plus précisément, La question de la Mer de Chine Méridionale

 

Nous avons donc vu, à travers ces 5 billets, comment les ostentations chinoises se font de plus en plus nombreuses à travers la zone. Ces actions sont perçues par certains comme étant contradictoires à la politique chinoise de « non-ingérence ». D’autres affirment que ceci n’est qu’une simple démonstration de ce que pourrait porter potentiellement une menace chinoise.

Par rapport au conflit en Mer de Chine Méridionale, il semble que les pays membres de l’ASEAN concerné sont implicitement en train de renoncer à leurs politiques du « ASEAN WAY » impliquant un multilatéralisme ainsi que le consensus pour résoudre leurs différends.

Effectivement, c’est une chose de s’unir pour faire face à un « adversaire » commun, mieux doté, et c’est une autre de faire face à ce même « adversaire » de façon unilatérale comme on le témoigne de plus en plus.

Malgré les différentes revendications propres à chaque état concerné de l’ASEAN, ils partagent tous un point en commun, ils ne peuvent se permettre d’entrer en guerre ou même rompre leurs liens avec la Chine. Dire que ce scénario serait un catalyseur désastreux présenterait un euphémisme.

Il est donc clair qu’une solution pacifiste à travers le dialogue est notre unique choix. L’exploitation commune de cette mer, arbitrer par la communauté internationale à travers la création d’un organisme spécifique propre à cet effet, serait possiblement une solution.

Malheureusement, étant donné les positions prises par les différents belligérants de ce conflit, il semble que l’aboutissement de ce conflit n’est pas prévu sur le court terme.

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

[1] Mottet, Éric. 2018. « Vietnam-Chine: Rivalités Et Revendications Territoriales En Mer De Chine Méridionale. » Cqegheiulaval.com. https://cqegheiulaval.com/vietnam-chine-rivalites-et-revendications-territoriales-en-mer-de-chine-meridionale/ (17 June 2018).

[2] Storey, Ian. 2014. « Discordes En Mer De Chine Méridionale: Les Eaux Troubles Du Sud-Est Asiatique. » Politique étrangère Automne (3): 35.

 

 

ICONOGRAPHIE :

 

[A] Ngo Quang Minh – CC BY-NC 2.0

[B] Menras, A. (2014)

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