Par Priscilla Phan
Savez-vous quel est le crime à l’échelle mondiale qui est tout autant lucratif que le trafic de drogues? Le trafic humain. À chaque année, la traite des personnes rapporte des milliards de dollars aux organisations criminelles[1]. Quelle est l’ampleur de la traite des personnes dans le monde?[2]
Il n’y a pas une seule journée qui passe sans qu’un humain soit victime de la traite des personnes. Tous les jours, un homme, une femme ou un enfant se fait exploiter sexuellement quelque part dans le monde. Des millions de personnes en sont victimes de cette forme d’exploitation tandis que des centaines de milliers d’autres sont également réduites à des pratiques comme le travail forcé, la servitude domestique, la mendicité des enfants ou le prélèvement de leurs organes[3].
Particulièrement en Asie, on retrouve une autre forme de trafic humain qui est le mariage forcé. Par exemple, les autorités vietnamiennes et chinoises ont reporté plusieurs cas de traite de personnes pour le mariage forcé des femmes provenant des régions rurales du nord du Vietnam vers la Chine[4].
Une nouvelle forme d’esclavage moderne
La traite des humains est souvent définie comme la nouvelle forme d’esclavage moderne[5]. Elle est définie selon l’article 3 du Protocole des Nations Unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes comme désignant : « le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes[6]. »
La situation en Asie du Sud-Est
La traite des personnes est un véritable fléau en Asie du Sud-Est, une région du monde où on retrouve plusieurs causes de la traite des personnes tel que la pauvreté, l’industrie du tourisme sexuel, les droits des femmes peu valorisés ainsi que le niveau peu élevé d’éducation de la population[7]. Même s’il y a plusieurs flux migratoires qui traversent les frontières transnationales, environ 42% des victimes détectées sont trafiquées régionalement ou à l’intérieur des frontières domestiques[8].
En Asie du Sud-Est, le pourcentage est encore plus élevé. En effet, plus d’environ 90% des victimes sont trafiquées à l’intérieur de la région. La région de l’Asie du Sud-Est est une destination pour le trafic intrarégional tandis qu’en même temps, les victimes sont généralement originaires de la région pour le trafic de personne international. Les victimes sont généralement trafiquées des pays les plus pauvres vers des pays plus riches tel que le Japon et l’Australie. La Chine, la Thaïlande et la Malaisie ont également été reportés comme des pays de destination qui ont détecté des victimes provenant de pays voisins tel que le Vietnam, le Cambodge, le Laos et les Philippines[9].
C’est dans l’espoir de trouver une vie meilleure et des meilleures opportunités de travail que les victimes suivent ce flux migratoire. C’est en majorité des femmes et des enfants qui ont peu d’avenir dans leur pays d’origine qui se retrouvent dans cette catégorie. À cause de leur situation sociale et financière dans leur pays d’origine, il est très facile pour les trafiquants de tromper et de décevoir les victimes en gagnant leur confiance et en leur promettant tout ce qu’ils ont pu espérer pour leur vie.
En conclusion, la traite des personnes est un crime qui affecte énormément les pays de la région de l’Asie du Sud-Est. Comme nous pouvons le constater dans le dernier rapport de l’UNODC de 2016, les chiffres sont en hausse quant au nombre de victimes du trafic humain. Il est possible que ces chiffres ont augmenté dû au fait qu’il y a plus de dénonciation de la part des victimes et d’une conscience plus élevée par rapport au problème et non parce qu’il y a actuellement une véritable hausse de victimes. Les États asiatiques ont tendance à collaborer ensemble afin de mieux lutter contre cette menace non-traditionnelle dans l’espoir de l’éliminer pour de bon dans les années à venir.
Bibliographie
[1] Sécurité publique Canada, Plan d’action national de lutte contre la traite de personnes, Gouvernement du Canada, 2018.
[2] Consultez cette carte interactive afin de comprendre l’ampleur de la traite des personnes dans le monde.
[3] UNODC, « Criminalité transnationale organisée. Traite des êtres humains : personnes à vendre », 2018, en ligne : <https://www.unodc.org/toc/fr/crimes/human-trafficking.html>.
[4] UNODC, Global Report on Trafficking in Persons 2016 (United Nations publication, Sales No. E.16.IV.6) ; informations tirées des rapports des autorités du Vietnam ; Visionnez ce court reportage « The Survivors : Trafficked Women and Girls in Vietnam » pour avoir une idée de ce que représente ce crime au Vietnam.
[5] Supra note 1.
[6] Protocole addition à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, Doc. off. A.G. N.U. A/55/383 (2000), art. 3.
[7] Diana Betz, Human Trafficking in Southeast Asia: Causes and Policy Implications, Thesis, Monterey, California, 2009.
[8] Ibid.
[9] Ibid.