par Blandine Maindiaux
En 2011, la Birmanie change de président, Thein Sein accède au pouvoir et entreprend rapidement certaines réformes, amenant à un nouveau pouvoir civil qui se veut être plus démocratique. La junte militaire est dissoute et 300 prisonniers politiques sont libérés; des décisions qui laissent entrevoir une volonté d’ouverture notamment vis-à-vis de la communauté internationale. Quelles sont les motivations qui poussent le gouvernement birman à entamer ces réformes refusées pendants des décennies ? Quelles sont les conséquences sur les relations entretenue avec la communauté internationale et plus précisément avec les pays occidentaux ?
J’ai choisi dans ce billet de ne traiter que de la relation occidentalo-birmane, principalement menée par les Etats-Unis et l’Union Européenne et soutenue par l’ONU. Des relations internationales qui sont marquées par des intérêts économiques mais surtout qui touchent à la dimension des droits de l’homme et de la démocratie.
En 1990, plusieurs pays occidentaux, tels que les Etats-Unis et les pays européens, ont volontairement isolé la Birmanie de toute intégration économique ou politique.[1] L’annulation des élections législatives remportées par la National League for Democracy (NLD), l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi ainsi que le massacre des étudiants de 1988 (protestation pacifique des étudiants pour plus de démocratie qui s’est conclue en bain de sang) ont mené à la mise en place d’un ostracisme occidental. Les pays européens ont affiché leur opposition à ce régime autoritaire en limitant la délivrance de visas ou encore en interdisant la vente d’armes vers la Birmanie. En 2003, les Etats-Unis intensifient leurs sanctions économiques en divulguant le Burmese Freedom and Democracy Act, qui établi différentes sanctions commerciales et financières tel que l’interdiction de transférer de l’argent vers la Birmanie ou encore d’importer des produits birmans vers le territoire américain.[2]
Une politique d’isolation qui peut apparaître à première vue comme un échec. Sur le plan économique, la suppression des aides financières ont détérioré l’économie de la Birmanie et sur le plan politique, l’ostracisme occidental n’a pas eu d’impact sur le gouvernement. Et encore une fois, c’est la population qui est le plus touchée par les sanctions imposées. Le retrait de multinationales américaines de la Birmanie a provoqué une hausse du chômage et privé de nombreuses familles de ressources financières, augmentant leur état de précarité. En coupant toute relation économique ou politique avec les Birmanie, les gouvernements occidentaux ont participé dans une certaine mesure à la dégradation des conditions de vies de la société birmane. Sur le plan politique, l’absence d’initiative pour instaurer un dialogue a souvent été reproché.
Un échec qui n’en est peut-être pas totalement un. En effet, si la Birmanie essaie de faire bonne figure auprès des pays occidentaux c’est que sa priorité aujourd’hui est de réussir à faire lever les sanctions économiques qui lui sont imposées, de façon à permettre le retour des investissements étrangers. D’un l’autre côté, les grandes puissances ont de nombreux intérêts économiques qui passent par l’amélioration de leurs relations avec la Birmanie. En effet, le pays possède de nombreuses ressources naturelles telles que du minerai, du gaz ou encore du pétrole, et représente également un sérieux marché pour les multinationales. Son emplacement stratégique entre l’Inde et la Chine, au bord de l’océan Indien est également convoité.[3] Les réformes entreprises, aussi minimes soient-elles sont observées avec intérêts par les pays occidentaux qui attendent de pouvoir justifier leur retour en Birmanie. Ainsi en 2103, l’Union Européenne a levé ses sanctions économiques, seul l’embargo sur les armes restent appliqué.[4] Les États-Unis ont également levé la plupart de leurs sanctions contre Naypyidaw.
Aujourd’hui, le dialogue est engagé, nombreux sont les chefs d’Etats des grandes puissances occidentales qui se pressent à aller rencontrer le président Thein Sein. Bien que la Birmanie montre de façade une certaine démocratisation, qu’en est-il réellement ? Pour les pays occidentaux, le non-respect des droits de l’homme pourrait être un frein à cet élan d’ouverture. Entre espoirs et raidissements, dégradations et ouvertures, les projections du devenir de la Birmanie sont nombreuses.
[1] Defert, Gabriel, 2008. Birmanie contemporaine. France : Les Indes Savantes.
[2] Ibid.
[3] Hlaing, Kyam, Yin, Taylor, Robert, Thang, Tin Maung Maung, 2005. Myanmar, beyond politics to societal imperatives. Singapore : ISEAS Publication
[4] Philip, Bruno. L’UE lève ses sanctions économiques contre la Birmanie [en ligne ] http://www.lemonde.fr/international/article/2013/04/23/l-ue-leve-ses-sanctions-economiques-contre-la-birmanie_3164650_3210.html (consulté le 6 décembre 2014 )
Bibliographie
Defert, Gabriel, 2008. Birmanie contemporaine. France : Les Indes Savantes.
Hlaing, Kyam, Yin, Taylor, Robert, Thang, Tin Maung Maung, 2005. Myanmar, beyond politics to societal imperatives. Singapore : ISEAS Publication
Philip, Bruno. L’UE lève ses sanctions économiques contre la Birmanie [en ligne ] http://www.lemonde.fr/international/article/2013/04/23/l-ue-leve-ses-sanctions-economiques-contre-la-birmanie_3164650_3210.html (consulté le 6 décembre 2014 )