Colonialisme Hollandais en Indonésie (1816-1941)

Par Christelle Bitar,

Dutch East India Company125 000 Indonésiens sont mort entre 1870 et 1910 et 200 000 Javanais sont mort pendant la guerre de 5 ans de résistance contre l’Empire Hollandais. Cet empire fut caractérisé comme un « état de violence » par Henk Schulte Nordholt (1). Il se remarqua par l’établissement d’un régime de terreur. Ainsi, la radicalité coloniale est très bien illustrée par l’exemple du colonialisme Hollandais en Indonésie. Ce billet a donc pour but de montrer certains traits de ce colonialisme radical. Nous nous intéresserons à la période entre 1814 et 1941.

L’Empire coloniale Hollandais était constitué, en Asie du Sud Est, de Sumatra, et des îles adjacentes  telles que : Java, Malacca, Bornéo, Ceylan et Célèbes. (2). Ce ne fut pas une première pour la présence hollandaise. En effet, ils étaient présents dans la région grâce à la Dutch East India company, compagnie qui fut créée en 1602. Cette dernière se conservait des droits et constituait un réel État dans l’État. Entre temps, les anglais contrôlèrent la région entre 1811 et 1814 (3). En 1814, les anglais ont rendu la région aux hollandais pour des raisons politiques (4). C’est alors que leur règne sanglant commença. En effet, les hollandais voulaient démontrer leur puissance et montrer leur capacité militaire. Mais c’est à partir de 1825 qu’ils se sont donnés une mission, celle de se débarrasser de toute résistance. Ainsi, suite à une révolte au Java, les hollandais se sont engagés dans une guérilla qui dura 5 ans. Ils se servirent donc des indigènes pour combattre à côté des forces hollandaises mais ne les considéraient pas assez fiable, donc les contrôlaient en les mettant sous les ordres des hollandais. Ils s’en servaient en quelque sorte pour augmenter le nombre de personnel dans leur armée. Ils développèrent des stratégies pour gérer les guérillas. Premièrement, le « benteng system » ou le fait d’occuper graduellement des zones de résistance. Ensuite, la destruction massive du territoire ennemi. Cette étape fut utilisée comme une première phase de la guerre d’Aceh. Enfin, ils firent usage de la violence militaire contre les résistants et mirent en place une administration militaire stricte pour forcer la population à coopérer. Cette phase fut utilisée comme dernière étape de la guerre d’Aceh. (5).

Bien qu’il existe des règles internationales de guerre, les hollandais ne s’en soucièrent pas. Pour eux, ces règles s’appliquaient dans le cas ou deux États civilisés étaient en guerre et ils considéraient les indigènes comme des « barbares ». En effet, ils justifiaient leur colonisation comme étant une condition nécessaire pour le développement d’un état moderne et civilisé. Ainsi, même les règles internationales de guerre tels que le traitement des blessés ou des prisonniers n’était pas pris en considération à cause d’une « nécessité de guerre ». (6). Il leur semblait donc nécessaire de brûler des villages entiers, ou de les bombarder. La perception négative des indigènes était ce qui justifiait leur occupation.

Malgré ce dessein messianique, il est évident que les hollandais avaient des intérêts propres dans la région. Nous pouvons citer l’exemple de présence de pétrole en Indonésie en contexte de crise, qui débuta en 1880. Ainsi, en 1890 la première raffinerie de pétrole en Indonésie fut créée par un particulier, Adrien Stoop (7). En effet, l’Empire encourageait le développement du commerce. Un semblant d’autonomie été légué aux particuliers hollandais, mais l’empire se réservait un pouvoir plus ou moins centralisé.

A partir de 1870, les hollandais essayent de centraliser l’État dans le but d’encourager l’exportation des produits indonésiens et les investissements hollandais en Indonésie. Avec cet objectif, le besoin d’infrastructures c’est fait ressentir. Ainsi, il était nécessaire de développer un appareil administratif qui assure la gestion de la colonie pour la productivité. Ils mirent donc en place des administrations spécialisées. L’administration demeure indirecte, l’Empire passe par des locaux pour asseoir son autorité. Des chefs de villages rendent compte à des représentants du sous- districts. Ces derniers étaient responsables devant les districts qui constituent des afdeeling, étant des subdivisions de préfectures et donc sous l’autorité du gouverneur. Ce système persista jusqu’en 1903. Suite à cette date, des conseils locaux furent introduits. Cependant, ils dépendaient des gouverneurs et n’étaient pas très autonomes. (8).

Ainsi, nous avons vu un colonialisme radicalement différent de celui instauré aux Philippines par les espagnols. Alors que ce-dernier visait une propagation du christianisme, le colonialisme hollandais vise clairement un développement de ses intérêts économiques et ce, par une force radicale et se différencie des autres formes de colonialismes (Philippines, Indochine, Vietnam, Singapour). En 1942, les hollandais ont capitulé devant les forces japonaises mettant fin au colonialisme hollandais dans la région (9). Nous pouvons nous douter que face à autant de violence des groupes nationalistes de résistances virent le jour. Ce fut par exemple le cas de Sarikat Islam, qui fut fondée en 1912 (10). Ces mouvements ont connu une répression massive de la part des hollandais qui ont finit par instaurer le régime de terreur. Il est intéressant de souligner, qu’après le départ de l’Empire les régimes qui y succédèrent ont continué à instaurer des régimes de terreur. Suite à cet exemple qui témoigne de la violence du colonialisme et de l’instauration d’un régime de terreur, il serait intéressant de voir comment une population se défait de la terreur et réussi à instaurer une démocratie dans des États issus d’une telle violence.

Bibliographie.

(1) : Groen, Petra. « Discipline and delegation: colonial governance in Malayan towns, 1880–1930 », (2012). En ligne. http://dx.doi.org/10.1080/14623528.2012.719365 (Page consultée le 18 octobre 2013).

(2) : Britannica, « Dutch East Indies », (2013). En ligne. http://www.britannica.com/EBchecked/topic/174553/Dutch-East-Indies (Page consultée le 18 octobre 2013).

(3) : France, « Chronologie historique de l’Indonésie », (2013). En ligne. http://www.ambafrance-id.org/Chronologie-historique-de-l (Page consultée le 18 octobre 2013).

(4) : Groen, Petra. « Discipline and delegation: colonial governance in Malayan towns, 1880–1930 », (2012). En ligne. http://dx.doi.org/10.1080/14623528.2012.719365 (Page consultée le 18 octobre 2013).

(5) : Idem.

(6) : Idem

(7) : Bauquis, Pierre-René (1987), « Cent année d’industrie pétrolière en Indonésie : 1885-1985 », Archipel, 33, 117-142.

(8) : Freire, Alexandre Dormeier et Jean Luc Maurer (2002), « Le dilemme de la décentralisation en Indonésie », Archipel, 64, 255-287.

(9) : France, « Chronologie historique de l’Indonésie », (2013). En ligne. http://www.ambafrance-id.org/Chronologie-historique-de-l (Page consultée le 18 octobre 2013).

(10) : Idem.

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