Qui n’a pas déjà rêvé d’aller voir les paysages fabuleux des régions les plus reculées de la Thaïlande ou de visiter la ville de Bangkok? Après tout, le pays accueille plus de 10 millions de visiteurs par an, ce qui en fait le second pôle touristique en Asie du Sud-Est, juste derrière Hong-Kong. Toutefois, pour certains individus, le tourisme en Thaïlande ne se limite pas qu’aux paysages du pays ou à sa culture. Il y a également un développement de l’industrie du tourisme sexuel qui est non seulement ancrée en Thaïlande, mais aussi dans d’autres pays de l’Asie du Sud-Est. Par contre, pour bien comprendre le phénomène, il ne faut pas se limiter à une étude sur la situation des femmes, mais il faut aussi comprendre que l’industrie du sexe en Asie trouve certaines de ses fondations dans la culture traditionnelle tout en ayant été perçue comme une solution viable pour redresser l’économie du pays suite à la crise asiatique. Le contenu du billet visera donc à expliquer comment la prostitution est légitime dans une certaine mesure, mais aussi à comprendre les réalités socio-économiques du tourisme sexuel. En dernier lieu, on verra comment le gouvernement thaïlandais réagit à l’égard du tourisme sexuel. Il est quand même important de préciser que le tourisme sexuel thaïlandais concerne également autant les hommes que les enfants. Toutefois, ce billet se concentrera principalement sur les femmes.
La prostitution dans la culture thaïlandaise
D’une part, le système de prostitution peut trouver son origine dans les rapports polygamiques en Thaïlande. Dans le pays, il était normal pour un homme d’être entouré d’une femme officielle, mais aussi de concubines. Toutefois, en 1935, sous la pression de l’Occident, les hommes vendirent plusieurs de leurs concubines, conservant leur première épouse, mais aussi la seconde en guise de maîtresse.
Par contre, c’est dans le bouddhisme therevada (bouddhisme pratiqué en Thaïlande) qu’on retrouve les origines d’une certaine légitimisation de la prostitution. Dans cette ligne de pensée, on considère qu’il n’est pas entièrement déshonorable pour une femme de s’adonner à la prostitution si l’usage de l’argent gagné sert à nourrir sa famille. En fait, la femme qui pratique la prostitution en ce sens gagnerait du mérite, mérite qui, par ailleurs, sera comptabilisé pour déterminer sa prochaine vie. En fait, l’acceptation de la prostitution chez la femme est directement en lien avec son rôle de mère-nourrice, vision qui est également issue de la tradition bouddhique. De plus, comme on va le voir prochainement, la prostitution joue un rôle économique important sur le plan micro-social, principalement sur le plan familial. Alors qu’auparavant, c’était la naissance d’un garçon qui assurait les chances d’accroître ses richesses, c’est désormais la naissance d’une fille qui assure ce rôle, car on l’envoie se prostituer.
Les conditions socio-économiques
De façon générale, les prostituées thaïlandaises sont de jeunes femmes non mariées et ont un faible niveau d’éducation. Ces femmes proviennent généralement des milieux ruraux et des régions du Nord et du Nord-Est, donc de milieux pauvres pour migrer vers les milieux urbains. Vu leurs conditions sociales, peu d’emplois leur sont disponibles. Elles ont le choix entre être sous-payées dans des manufactures ou d’avoir un plus grand revenu en se vendant leur corps pour des services sexuels. D’autres, quant à elles, s’adonnent à cette pratique pour augmenter leur revenu. D’une certaine manière, l’inégalité des richesses entre les différentes
régions du pays influe sur la pratique de la prostitution. De plus, la prostitution est perçue comme un moyen d’améliorer sa condition économique. Une femme y gagnerait 5 à 10 fois plus d’argent que si elle avait un emploi « conventionnel ». Malheureusement, en échange de ce salaire assez substantiel, les jeunes thaïlandaises s’exposent davantage aux risques de contracter des infections transmissibles sexuellement, dont le SIDA. En 2007, les jeunes comptaient pour 45 % des nouveaux cas d’infections. Les raisons sont nombreuses. Toutefois, on dénote chez eux une maigre information sur les dangers de SIDA, la pression des pairs et l’incapacité d’évaluer les risques.
Politique et prostitution
Bien que la prostitution soit considérée comme illégale depuis 1960, il n’en demeure pas moins que concrètement, cela est loin d’être le cas. Mais pourquoi? En fait, tant l’État que les institutions bouddhiques seraient impliqués. D’un côté, les moines recevraient certaines donations de la part des commerçants dans l’industrie du sexe. De l’autre, l’État, comme il en a été fait mention précédemment, en tire des bénéfices par un achalandage plus marqué de touristes et qui dépensent dans différentes sphères économiques : hôtels, restaurants, bars, etc.. Par ailleurs, en 2004, suite au désir du gouvernement à légaliser la prostitution, son Ministère de la Justice a tenu un forum public. Ce débat a soulevé de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne la situation sociale des prostituées dans le pays.
En résumé, la prostitution en Thaïlande demeure une réalité ancrée dans la culture thaïlandaise. Toutefois, les conditions de vies des femmes dans ce pays a fait en sorte de créer des groupes d’intérêts pour sensibiliser la population et améliorer la situation des prostituées thaïlandaises.
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