Les origines de la crise asiatique de 1997

À partir des années 1960, la Thaïlande, ainsi que les autres pays de l’Asie du Sud-Est connaissent une croissance asian-crisiséconomique fulgurante. Cet essor économique est principalement lié par de la spécialisation dans la production de produits manufacturiers ainsi qu’à un fort taux d’exportations partout dans le monde1. Toutefois, en 1997, des problèmes économiques commencent à surgir en Thaïlande. Le baht est dévalué. Dès lors, un effet domino se produit et affecte les autres pays de l’Asie du Sud-Est. C’est le début de la crise asiatique. Or, comment la crise asiatique a-t-elle pu prendre forme en Thaïlande? Plusieurs facteurs peuvent expliquer le phénomène : la diminution des exportations, le manque de transparence de la part du gouvernement ainsi que les actions prises par les banques.

La diminution des exportations

En 1996, la Thaïlande connaît une perte économique de 9,4 % de son taux d’exportations. Plusieurs secteurs économiques sont touchés dont celui qui a le plus d’importance, le secteur du textile2. Toutefois, les autorités considèrent le problème comme étant temporaire et font peu d’actions pour résoudre le ralentissement économique3. Principalement, cette diminution dans la quantité des exportations peut s’expliquer par une faible compétitivité entre les pays de la région4. Par contre, bien que les exportations soient en diminution, le prix des produits demeurait fixe, notamment à cause de la parité avec le dollar américain. Néanmoins, en 1995-96, l’appréciation du dollar américain augmente de 40 %5. Ce déséquilibre entre la valeur de la monnaie ainsi que la diminution des exportations firent en sorte que le gouvernement thaïlandais dut lui-même faire déprécier sa monnaie6. D’une certaine façon, la faible compétitivité en terme d’exportation et la dévaluation du baht firent en sorte que les investisseurs étrangers délaissèrent l’économie thaïlandaise pour aller investir dans d’autres pays de la région7 comme le Laos et le Cambodge. D’autre part, les investisseurs étrangers prirent conscience que la Thaïlande avait une quantité de dettes à court terme qui excédait largement les réserves en devises étrangères8.

Le manque de transparence du gouvernement

Bien que la baisse de la quantité d’exportation soit en cause dans la crise asiatique, il est loin d’être le seul facteur. Les politiciens sont également en cause sur certains points, notamment leur manque de transparence à l’égard de la situation économique de leur pays9. Néanmoins, pour bien comprendre le problème, il est nécessaire de mettre l’accent sur une forme de pratique économique bien ancrée au pays : le clientélisme10. En fait, ce type de pratique entre le gouvernement et le milieu des affaires rend difficile la divulgation des informations au public notamment leur caractère informel, mais aussi parce que les décisions sont prises en privée et qu’elles sont conclues sans la moindre trace officielle11. De plus, un tel système fait en sorte qu’il n’y a aucun mécanisme de surveillance. La régulation du développement économique est donc impossible à réaliser dans de telles conditions. Par moment, on va même jusqu’à dire que certains gouvernements étaient comme des « buffets à volonté », comme ce fut le cas avec le gouvernement de Chatichai12. Ainsi, le système clientéliste en Thaïlande est un couteau à double tranchant. Bien qu’il ait permis une croissance économique pour la Thaïlande, c’est, paradoxalement lui qui sera une des causes de la chute économique du pays13.

Par ailleurs, le gouvernement serait responsable de la crise selon un autre point. Celui du cadre législatif. Ce dernier étant adéquat pour les activités économiques, il n’en demeure pas moins qu’il est déficient en ce qui concerne le système parlementaire. Ce que l’on peut remarquer par le nombre de coups d’État. Le cadre législatif, étant assez vague pour une libre interprétation, ouvre la porte à un pouvoir discrétionnaire14. Au final, cette instabilité politique jouerait grandement sur la confiance des investisseurs15.

Les décisions des institutions financières

En dernier lieu, les banques thaïlandaises jouèrent un rôle dans l’endiguement vers la crise économique. Au début des années 1990, il y a une rapide accumulation des dettes à court terme, notamment en dollars US, qui sont sous la responsabilité des banques domestiques16. C’est également durant cette période que le gouvernement thaïlandais mit sur pied la « Bangkok International Banking Facility » (BIBF), une institution chargée de fournir du crédit à partir de fonds à l’étranger. De même, la Banque de Thaïlande permit aux banques commerciales de faire des opérations à l’étranger17. Toutefois, puisque ces institutions (BIBF, Banque de Thaïlande et les banques commerciales) n’étaient pas surveillées, elles firent des opérations qui augmentèrent considérablement la dette du pays et à faire perdre la confiance des investisseurs. Finalement, le coup décisif fut porté lorsque le gouvernement annonça soudainement lafinancial_crisis_028-300x195 dévaluation du baht. Seize compagnies financières furent déclarées insolvables alors que quarante-deux durent être fermées18. Cela eut pour effet que les entreprises locales, qui avaient accès à trop de crédit en 1996 se retrouvèrent dans la situation opposée un an plus tard19.

En conclusion, la crise asiatique peut s’expliquer par divers facteurs : la baisse des exportations, un système opaque des décisions gouvernementales en ce qui concerne le développement économique et les décisions des institutions bancaires qui augmentèrent considérablement la dette du pays. De plus, avec ce qui a été vu, on constate que le gouvernement et les institutions financières, en focalisant chacun sur le développement économique du pays ne firent pas attention aux conséquences de leurs actes, ce qui fit en sorte que la crise financière qui allait se produire aurait pu avoir des effets ayant une moins grande ampleur si un système de sécurité avait été établi.

1Grilli Enzo. 2002. « The asian crisis : trade causes and consequences ». The world economy. Vol.25. No.2. p.177.

2Ibid, p.181.

3Ibid, p.183.

4Ibid, p.186.

5Dixon Chris. 1999. « The developmental implications of the Pacific asian crises : Tha thai experience ». Third world quaterly. Vol.20. No.2. p.441.

6Haggard Stephan and Andrew MacIntyre. 1998. « The Political Economy of the Asian Economic Crisis ». Review of international political economy. Vol.5. No.3. p.386.

7Grilli Enzo. op.cit., p.187.

8 KingMichael R.. 2001. « Who Triggered the Asian Financial Crisis? ». Review of International Political Economy. Vol.8. No. 3. p.444.

9MacDonald Scott B. 1998. « Transparency in Thailand’s 1997 Economic Crisis: The Significance of Disclosure ». Asian survey. Vol.38. No. 7. p.688.

10 KU Samuel C. Y.. 2002. « The Political Economy of Regime Transformation: Taiwan and Southeast Asia ». World Affairs . Vol.165. No.2. p.67.

11MacDonal Scott B. op. Cit. , p.690.

12Ibid, p.693.

13Ibid, p.690.

14Ibid, p.693.

15Idem.

16 Khan Saleheen & al.. 2005. « The Asian Crisis: An Economic Analysis of the Causes ». The journal of developing areas. Vol.39. No.1. p.171.

17MacDonald Scott B., op.cit.. p.691.

18Ibid, p.694.

19Ibid, p.695.

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