Par H. Aysegul Karsli
La Corée est située entre la Chine et le Japon et est dominée par deux systèmes totalement opposés : le capitalisme pour la Corée du Sud et le système communiste pour la Corée du Nord. Le pays est toutefois uni par une langue commune (le coréen) et une devise commune (le won).
En adoptant une économie capitaliste, la Corée du Sud a bénéficié du soutien des Américains et des Japonais; ennemis jurés du communisme. La croissance du pays était maintenue par l’aide financière américaine et l’assistance politique dans le but de combattre le communisme. Toutefois, il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Park Chung-Hee en 1963 pour que le décollage économique débute réellement [1].
Émulant le modèle japonais, la Corée du Sud s’est engagée dans un processus d’industrialisation et d’ouverture économique. Les Sud-coréens choisissent une industrialisation par l’exportation basée sur l’utilisation de la main d’œuvre peu dispendieuse et la création de grands conglomérats. À partir des années 80, cette stratégie a permis le développement du secteur automobile, informatique et électronique [2]. Le won prend de la valeur de manière spectaculaire.
Cette stratégie n’est pas sans conséquences : le surinvestissement étranger, la suraccumulation des capitaux et l’endettement excessif des conglomérats maintient l’économie dans un état de vulnérabilité. Lorsque la crise éclate en 1997, l’économie est essoufflée par la course à l’expansion, le won connaît une dépréciation forte par rapport au dollar et plusieurs conglomérats comme KIA ou Daewoo déclarent faillite [3]. La dépréciation du won est suivie par une baisse des exportations et les investisseurs étrangers ne veulent plus prendre de risques dans un pays avec une devise fragile. Cette déstabilisation économique engendre du chômage; les écarts de revenus augmentent de façon spectaculaire.
Le mécontentement envers le gouvernement en place est évident et le parti d’opposition gagne les élections en 1997. Toutefois, la reprise économique se fait plutôt grâce à l’aide internationale conditionnelle offerte par le FMI, la BM et la BAD; les réformes économiques, la restructuration des conglomérats et les règles de la recapitalisation ont toutes été définies et imposées par le FMI. Certaines mesures, comme la dissolution de certains conglomérats provoquent de vives contestations et un mécontentement général, mais un plan de réduction de l’endettement piloté par le FMI et mis en place par le président règle cette situation fragile [40. La reprise économique s’amorce tranquillement. La réussite économique pousse l’État à réduire son contrôle laissant plus de place à une société civile en émergence.
À l’heure actuelle, l’économie sud-coréenne est cyclique. À la suite d’un rebond de croissance en 1999, l’économie est entrée en récession en 2000. Mais vu que les réserves en devises étrangères sont reconstituées, que le secteur bancaire est nettoyé, que l’inflation est faible et que l’État a les moyens d’injecter de l’argent sur le marché financier, le pays est mieux équipé pour faire face à une crise d’une même ampleur que celle de 1997 [5]
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[1] Jacques Mauduy, Asie de l’Est : émergence, convergence, concurrence ? (Paris : Éditions Ellipses, 2005)
[2] Jean-Luc Domenach, L’Asie en danger, (Paris : Librairie Arthème Fayard, 1998)
[3] Barroux, David. Les Échos : le web de l’économie [En ligne], (page consulté le 27 juin)
[4] Yves Gounin et Sébastien Vivier-Lirimont, La crise asiatique (Paris : presses universitaires de France, 1999)
[5] Éric Bouteiller et Michel Fouquin, Le développement économique de l’Asie orientale (Paris : Éditions La découverte, 2001)