Vietnamiens du Québec

À cause des événements de 1975 à 1979, dont la réunification du pays sous le régime communiste du nord, des guerres contre le Cambodge et la Chine, et des problèmes économiques à cause des politiques sociales internes et externes, plusieurs Vietnamiens ont fui le pays par la mer. Ces réfugiés de la mer, connus sous le nom des boat people (réfugiés de la mer), seront ensuite accueillis dans 80 pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Australie et la France.

Dès 1965, le Canada accueillait déjà des Vietnamiens. Ils étaient pour la plupart des étudiants qui bénéficiaient de bourses pour étudier au Québec. L’Université de Laval à Québec et l’Université de Montréal sont les premières institutions qui ont reçu ces étudiants. Après la réunification du pays en 1975, des vagues de réfugiés sont venues agrandir la communauté vietnamienne du Québec. Lors du recensement canadien de 2006, 180 130 personnes se sont déclarées d’origine vietnamienne. Ces Vietnamiens se retrouvent principalement en Ontario (surtout à Toronto), au Québec (à Montréal), en Alberta (à Edmonton) et aussi en Colombie-Britannique (à Vancouver). Les immigrants vietnamiens se définissent habituellement comme des người Việt ở hải ngoài ou des Việt kiều. Ces deux appellations signifient des « Vietnamiens à l’étranger ».

Les premiers Vietnamiens arrivés au Québec étaient hautement éduqués. Ils étaient financièrement aisés et pouvaient parler français et/ou anglais. Par rapport aux premiers arrivés, les vagues arrivées après 1980 étaient moins éduquées. Ils n’étaient pas partis grâce à des bourses d’études, mais à cause de la situation politique et économique catastrophique du pays. Ceux qui étaient éduqués avaient des outils pour établir et organiser les nouveaux arrivés. Plusieurs associations vietnamiennes ont été mises sur pied pour les aider à s’intégrer au Québec (trouver du travail, inscrire les enfants à l’école, apprendre le français, etc.). Les Vietnamiens au Québec se répartissent principalement dans la région métropolitaine de Montréal. Selon les statistiques de 2001, ils sont près de 90,4 % à Montréal, 3,7 % à Québec, 3 % à Hull et à Sherbrooke et les 3 % restant à St-Jean sur le Richelieu, à Granby, à Trois-Rivières, à Chicoutimi et ailleurs. Dans l’annuaire téléphonique de 2003-2004, 60 % des noms de famille vietnamiens se retrouvent à Brossard (Richard 2003, p. 4).

Les premières générations de Viet kieu ressentent beaucoup d’animosité envers le régime communiste vietnamien. Elles accusent le régime de les avoir forcées à quitter le Vietnam. Elles manifestent souvent leurs opinions anticommunistes lors des grands rassemblements de Vietnamiens. Elles ne reconnaissent pas le drapeau officiel du Vietnam, mais s’attachent à l’ancien drapeau du Vietnam du Sud orné de trois lignes rouges.

Drapeau de la République démocratique du Vietnam depuis 1955, une étoile sur un fond rouge, symbole du communisme.Flag_of_Vietnam

Drapeau de la République du Vietnam, trois lignes rouges sur un fond jaune. Les lignes rouges représentent le sang des trois régions Nord, Centre et Sud. Le jaune représente l’ethnie à la jaune jaune. Il est aussi appelé le « drapeau de la liberté » (lá cờ tự do) ou simplement le drapeau jaune vietnamien (lá cờ vàng Việt Nam). Ngô Ðình Diệm avait gardé le drapeau que l’empereur Bảo Ðại avait adopté en 1948.Flag_of_South_Vietnam

Les générations suivantes ne manifestent pas autant d’hostilité envers le régime. Pour elles, plus que des questions d’idéologie politique, ce sont la famille, les réseaux d’amis, l’éducation, le travail et l’intégration économique dans la société qui les héberge qui sont les plus importants. Elles ne se désintéressent pas du Vietnam ou de ce qui est en lien avec le pays de leurs parents. Au contraire, beaucoup font des voyages pour aller voir le pays. C’est juste qu’elles doivent focaliser plus leur attention sur la vie qu’elles mènent au Québec.

L’insertion économique des Vietnamiens du Québec est généralement réussie. Ce phénomène est expliqué par leur taux de scolarité relativement élevé. Les statistiques de 2001 démontrent que le taux de scolarité des Vietnamiens du Québec dépasse celui des Vietnamiens dans le reste du Canada. Plus de 42 % des Viéto-Québécois avaient entrepris ou terminé des études universitaires alors que c’est seulement 24,8 % pour le reste des Viéto-Canadiens. Jusqu’à 38,7 % des Vietnamiens du Québec exercent des professions libérales (gestion, domaine de l’enseignement, des sciences sociales, naturelles et appliquées, soins de la santé et services sociaux) alors qu’ils ne sont que 22 % dans le reste du Canada. Par contre, comparés aux autres immigrants à Montréal, les Vietnamiens occupent des emplois moins prestigieux et leur salaire est moins élevé (Dorais 2007, p. 58). D’après Dorais, les Vietnamiens au Québec sont en très grande majorité satisfaits des conditions de vie que la société d’accueil leur offre (accès une meilleure éducation pour les enfants, de conditions économiques, droit à la liberté d’expression et d’opinion, accès aux soins universels et accès au support gouvernemental si l’on rencontre des conditions difficiles).

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Références

DORAIS, Louis-Jacques (2010). “Politics, Kinship, and Ancestors : Some Diasporic dimensions of the Vietnamese Experience in North America”, Journal of Vietnamese Studies, Vol 5, Number 2, pp. 91-132.

DORAIS, Louis-Jacques et Éric Bourchard (2007). Les Vietnamiens de Montréal, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 235 pages.

RICHARD, Éric (2003). « Profil statistique des immigrants d’origine vietnamienne au Québec et au Canada : comparaison des données de 1991, 1996 et 2001 », Université Laval, 15 pages.

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