Les tensions sino-vietnamiennes ne cessent de changer depuis des décennies. La rivalité historique mais aussi régionale est la source des tensions entre les deux. L’idéologie, toujours présente, de l’époque de la Guerre Froide et de la Guerre sino-vietnamienne, fait en sorte de maintenir des rivalités politiques mais aussi géopolitiques et territoriales.
Seulement, depuis quelques années, les tensions entre les deux pays se sont calmées, notamment sur le sujet de litige le plus sensible, celui de la mer de Chine méridionale. Peut-on s’attendre à une réconciliation entre le Viêtnam et la Chine ?
Pour comprendre les relations qu’entretiennent les deux riverains, il faut s’intéresser aux relations passées ainsi qu’aux causes de la création des tensions. Après l’ère coloniale, où la Chine avait soutenu le Viêtnam, jusqu’à la normalisation de leur relation en 1991, de nombreux contentieux ont été la source de querelles importantes.
Les îles Spratleys restent encore aujourd’hui un sujet sensible entre les deux même si les relations se sont améliorées en 2017, durant le sommet de l’ASEAN[1]. En effet, une volonté des deux dirigeants d’atténuer les tensions présentes dans la mer de Chine méridionale s’est fait ressentir au début mais leur campement sur leurs positions personnelles ne leur a pas permis d’arriver à un compromis.
Le tout a commencé dans les années 1970 avec la conquête des îles Paracels par la Chine alors que les français les avaient laissés aux vietnamiens lors de la décolonisation et que les accords de Genève ne les avaient pas contestés. L’intervention de la Chine pour que le Viêtnam se retire lors de la Guerre civile au Cambodge, en 1979, n’avait pas amélioré les rapports sino-vietnamiens[2].
En 1988, des attaques navales autour des îles Spratleys ainsi que la conquête d’autres îlots par les vietnamiens avaient créer de fortes tensions avec la Chine. S’en est suivit des revendications de la Chine sur la totalité de la mer de Chine méridionale ne laissant que leurs eaux territoriales aux pays de la zone. Les invasions des deux pays dans les zones maritimes de l’autre n’ont fait qu’accentuer l’animosité déjà bien présente.
En 1991, une première envie d’harmoniser les relations entre les deux pays riverains a été mise en exergue, leur permettant de connaître une amélioration de leurs rapports. Ils décident alors de normaliser leurs relations. Les raisons de cette volonté de faire une trêve sont principalement économiques et sécuritaires[3].
Les deux voient dans l’apaisement des rapports des intérêts propres à leurs revendications, comme étendre leur influence, dans la région. De plus, la guerre au Cambodge a fortement affaibli l’économie du Viêtnam, tout comme sa politique collectiviste drastique des années 1986.
Elaborer un rapprochement avec la Chine est donc une solution stratégique pour le Viêtnam. Cependant, les tensions ne s’apaisent pas comme espérées puisque les discordes dans la mer de Chine se perpétuent surtout autour des îles Spratleys et Paracels.
Ce n’est réellement qu’en 1999 que les secrétaires généraux des deux pays ont mis en avant une vraie volonté de mettre les conflits de côté puisque ceux-ci se sont rencontrés afin de redéfinir les termes et le développement des relations bilatérales sino-vietnamiennes. Le but étant de définir clairement les attentes des deux pays pour apaiser les relations en mer de Chine méridionale donc de permettre une stabilité dans la région ainsi que de créer une coopération sur le long terme des deux protagonistes.
Ils signent donc un traité en 1999 délimitant leurs frontières terrestres. En 2000, un « Accord sino-vietnamien sur la démarcation des eaux territoriales, de la zone économique exclusive et du plateau continental du golfe du Tonkin » et un « accord sur la coopération sur les pêches dans le golfe du Tonkin »[4] sont mis en place.
Ce n’est qu’en 2002 que la question de la mer de Chine est abordée à l’ASEAN par la Chine qui a proposé la déclaration sur la Conduite à tenir par les parties prenantes en mer de Chine du Sud visant à atténuer les conflits[5]. La Chine se pose comme premier partenaire commercial du Viêtnam depuis plusieurs années et le Viêtnam comme le premier partenaire commercial de la Chine en Asie du Sud-est.
Le Viêtnam dépend beaucoup des investissements chinois pour maintenir une économie florissante. C’est donc un commerce complémentaire qui s’est développer entre les deux pays puisqu’un a besoin des investissements pour développer ses infrastructures alors que l’autre s’implante sur le pays dans le but de toucher les marchés de hautes technologies[6].
Les relations restent donc encore un peu sensibles surtout du côté de la mer de Chine méridionale même s’ils restent tous deux conscients qu’un avenir économique stable doit être maintenu pour le bien de leur développement. Leur lourd passé contentieux n’a donc pas totalement perduré dans le temps ce qui laisse promettre une amélioration des relations bilatérales ainsi qu’une amélioration de l’économie du Viêtnam si la question de la mer de Chine peut être réglée.
Malheureusement, il est toujours difficile de trouver une entente entre les pays de la région au sujet de la distribution des îles, ce qui laisse croire que les relations sino-vietnamiennes ne peuvent évoluer d’avantages sur la scène internationale.
Sources:
[1] http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20171114-chine-vietnam-trump-mer-chine-sud-spratleys-paracels-code-conduite page consultée le 25 mai 2018.
[4] https://www.lajaunetlarouge.com/article/les-relations-sino-vietnamiennes-aujourdhui#.Ww1rlXk6_IU page consultée le 25 mai 2018.