Par Antony Masso-Lussier
En avril 2018, le premier ministre de la Singapour précisait que les relations entre son pays et la Chine « étaient fortes, avec des fondations qui retournent à plus loin que les relations diplomatiques établies en 1990 » (1). En même temps, les deux pays signaient des ententes concernant le projet chinois de « la ceinture et la route ».
En fait, comment expliquer le rapprochement de Singapour vers la Chine ? ce rapprochement entre Singapour et la Chine s’explique par des intérêts économiques, politiques et régionaux. Dans un premier temps, la cité-État souhaite bénéficier de la croissance économique de la Chine. Par la suite, elle sécurise sa position politique dans la région. Enfin, elle se sert de ses liens avec la Chine pour avancer ses intérêts dans le projet d’intégration régional.
Compétition et croissance économique
En premier lieu, Singapour souhaite maintenir son rôle régional en Asie du Sud-Est. L’économie de la cité-État dépend de la présence des sièges sociaux régionaux. En fait, en 2016, la présence de ces sièges sociaux était estimée à 43,6 % de la valeur ajoutée au produit intérieur brut du pays (2).
Par conséquent, la stratégie du gouvernement vise à capter les intérêts chinois par son caractère unique dans la région. Ils mettent de l’avant la présence des quatre langues nationales et de la connaissance culturelle de la région (3).
Ensuite, Singapour travaille à la sécurisation de son accès au marché chinois. La Chine détient une position importante dans les échanges commerciaux du pays. En fait, la Chine s’avère le premier partenaire commercial du pays devant la Malaisie (4).
Dès lors, les entreprises singapouriennes diversifient leurs importants investissements en Chine. Concrètement, le gouvernement encourage les entreprises à consolider leurs positions en investissant à l’intérieur des terres chinoises (3).
Enfin, la cité-État souhaite bénéficier à la croissance économique de la Chine. Le gouvernement met en valeur l’importance économique du projet de Collier de perles chinois. Plus précisément, « selon le ministre des Affaires intérieures et du droit, K. Shanmugam, le tiers des investissements du Collier de perles sont à Singapour » (5).
De ce fait, Singapour maintient son positionnement comme plaque tournante régionale d’exportation au niveau international. Dès lors, elle sécurise son rôle d’exportatrice des produits chinois à l’international (6).
Neutralité et légitimité politique
Les intérêts politiques de l’État singapourien se placent dans la recherche d’une neutralité dans ses relations internationales. D’une part, cette neutralité vise ses relations concomitantes avec la région et la Chine. Ainsi, la cité-État met l’accent sur le règlement des différends par des normes internationales sur la question de la mer Méridionale (3,7).
D’autre part, cette neutralité vise ses relations à l’international. Ainsi, elle maintient ses relations militaires avec les États-Unis tout en approfondissant ses liens avec la Chine (8,9).
Aussi, la cité-État cherche à limiter son exposition aux instabilités de ses partenaires (10). Ses liens avec la Chine limitent son exposition aux problèmes régionaux. Par exemple, cette stratégie trouve écho dans l’expérience de la crise économique régionale de 1997 (10). Néanmoins, la cité-État limite aussi les impacts des problèmes de la Chine. Ainsi, elle demeure engagée dans l’approfondissement de ses relations régionales (3).
Enfin, Singapour maintient sa légitimité auprès des autorités chinoises. Singapour s’avère un modèle de développement pour la Chine. Les autorités chinoises tentent de « répliquer le modèle de bonne gouvernance de la cité-État » (11).
Singapour cherche à maintenir cette confiance envers son système. Ainsi, les autorités de Singapour aident à l’établissement de réformes par les autorités chinoises (3).
Intégration et légitimité régionale
Tout d’abord, Singapour tente d’accroitre les opportunités d’intégration économique de la région. Singapour se sert de ses liens pour coordonner la relation entre l’ANASE et la Chine. Par exemple, la ministre des Affaires étrangères de Singapour, Vivian Balakrishnan, montre que la Chine complémente leurs besoins en infrastructures publiques et de transport (12).
De plus, les économies bénéficient économiquement de leurs connexions. En fait, ils s’avèrent complémentaires à l’économie chinoise (13).
En outre, ses intérêts régionaux visent l’établissement d’un environnement politicoéconomique stable. Singapour utilise son rôle de coordinateur pour contrôler les disputes sur les questions territoriales. En ce sens, la cité-État maintient ses efforts pour l’implémentation de normes dans la mer de Méridionale (12).
Dès lors, ces dialogues visent à protéger les intérêts économiques de l’ile. Par exemple, Singapour mentionne l’importance de garder la liberté de transit par la réduction des tensions (12).
Enfin, Singapour souhaite augmenter la légitimité de la région à l’international. D’une part, Singapour continue ses politiques de rééquilibrage des puissances dans la région. Ainsi, l’approfondissement des liens avec la Chine se couple avec les liens diplomatiques et économiques avec l’Inde, les États-Unis et le Japon (3).
D’autre part, Singapour renforce la position de contrepoids de la région. L’accroissement de la valeur économique et politique de la région limite les possibilités d’ingérences des puissances étrangères (3).
En conclusion, pour Singapour, sa relation avec la Chine s’explique par son désir de se positionner à la marge des rivalités internationales. D’une part, la cité-État se place entre la Chine et les États-Unis. D’autre part, elle se place entre la Chine et ses voisins de l’Asie du Sud-Est. Entre autres, ses intérêts s’avèrent tant économiques, politiques, que régionaux.
Ce vidéo présente, par l’entremise du Premier ministre de Singapour, les liens entre les États-Unis et la Chine que Singapour entretient. En outre, il montre l’importance de la Chine pour les affaires de Singapour. Bref, Singapour maintien des relations avec les deux pays pour assurer la stabilité nationale et régionale.
Bibliographie
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