Par Anna Dauray
La communauté LGBTQ+ est de plus en plus acceptée au Laos. L’aide gouvernementale commence à intégrer la communauté dans leurs projets. Les membres de la « Proud to Be Us Laos » (PTBUL), soit la « Fier d’être nous Laos » en français, ont fêté le 17 mai 2019 la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie avec approximativement 150 participants. La PTBUL, à l’aide du gouvernement canadien, a collaboré avec l’université nationale du Laos et le « Law and Development Partnership » pour évaluer les situations des employés et employeurs LGBTQ+.[1] L’organisation PTBUL a aussi plus récemment participé à la rencontre pour la planification de la série 2022-2027 de l’United Nations Population Fund (UNFPA). Il y avait la participation de personnes venant de multiples secteurs de la société et de milieux divers tels que la jeunesse, des femmes enceintes, des personnes handicapées, des personnes de la communauté LGBTQ+, des travailleurs de l’industrie du secteur privé, gouvernemental et d’autres organisations sociales.[2] L’exclusion des membres de la communauté LGBTQ+ dans les emplois liés au gouvernement était une pratique commune au Laos. Le PTBUL en participant à la rencontre permet aux personnes LGBTQ+ d’être représentées dans une sphère gouvernementale.
Discrimination dans l’emploi
Le support du gouvernement laotien pour la communauté LGBTQ+ n’a cependant pas toujours été présent comme de nos jours. En 2013, même si une tolérance envers la communauté grandissait, la discrimination des personnes LGBTQ+ en ce qui concerne les emplois et le logement demeure. La majorité des personnes LGBTQ+ n’essaie même pas de postuler pour des emplois dans le gouvernement ou pour des postes haut placés dans le secteur privé parce qu’ils ont une forte impression que les employeurs ne veulent pas les embaucher. Des rapports indiquent que les femmes lesbiennes faisaient face à plus de discrimination dans ces domaines que les hommes gais.[3] Les actions récentes du Proud to Be Us Laos permettent à la minorité une plus grande chance d’être employé par le gouvernement et de réduire la peur de postuler. La difficulté à trouver de l’emploi par les personnes LGBTQ+ se trouve aussi dans les pays voisins. Une étude sur les communautés LGBTQ+ en Chine, aux Philippines et en Thaïlande démontre qu’environ 20% des répondants se sont fait refuser un emploi à cause de leur orientation sexuelle, leur expression ou identité de genre.[4]
Peu de données
Il manque grandement d’études sur la minorité LGBTQ+ au Laos. Il n’y a pas de données en ce qui concerne la violence envers la communauté LGBTQ+. Bien qu’il y ait une tolérance montante et que l’homosexualité soit légale, il est très difficile de savoir à quel point la communauté LGBTQ+ est acceptée. Le mariage entre deux personnes de même sexe n’est pas reconnu et la discrimination envers la communauté LGBTQ+ n’est pas punie par la loi. Le Laos est cependant ouvert à la diversité de genre qu’on peut voir avec leur troisième genre soit les « Lady boys » ou « Kathoey » Les Kathoey désigne autant les « personne[s] ayant l’esprit et la manière d’être opposé à son sexe d’origine » que les « personne[s] ayant à la fois le sexe masculin et le sexe féminin ». Les personnes transgenres, travesties et les personnes intersexuées sont compris dans la définition de Kathoey. Du coup, le mot pourrait aussi inclure les hommes trans soit des personnes « female-to-male ».[5] La discrimination n’est pas égale dans la communauté LGBTQ+ du Laos. Il y a peu de données et d’études en ce qui concerne la situation des hommes gais et des personnes transgenres. La discrimination est un problème, une grande majorité d’entre eux cachent leur orientation sexuelle. Pour les personnes transgenres ou « kathoey », en 2005, une étude de Douassantousse et Keovongchit démontre que leur taux de discrimination est bas. Bien que les « kathoey » sont en grande majorité acceptées dans leurs familles et dans la société en générale, il y a de la discrimination envers elles. Elles sont acceptées et présentes dans toutes sortes d’activités et d’emplois catégorisés pour femmes, cependant elles ne le sont pas dans le secteur du gouvernement.[6]
Acceptation mitigée
En 2019, une étude de « Williams Institute » a comparé le niveau d’acceptation général de la population LGBTQ+ entre 174 pays. Le Laos depuis les années 2000 a toujours eu un niveau neutre d’acceptation globale envers sa communauté LGBTQ+.[7] Pour classer les pays, un système de score sur 10 basé sur des questionnaires, des lois en vigueur et l’analyse des données a été mis en place. De l’année 2000 à 2003, le pays occupait la 62e place des pays à propos de l’acceptation globale leur communauté LGBTQ+ avec un score de 4,8.[8] De 2004 à 2008, il occupait la 45e avec un score de 5,3. De 2009 à 2017, l’indice d’acceptation global se stabilise à 5,4 et le pays occupait la 44e , puis la 47e place.[9] Le manque de protection légale des personnes LGBTQ+ contre la discrimination, l’absence de reconnaissance des mariages entre deux personnes de même sexe et l’exclusion de la communauté LGBTQ+ dans la sphère gouvernementale baisse le niveau d’acceptation globale établi par l’étude. Toutefois, l’acceptation par les civils des diversités de genre et d’orientations sexuelles augmente le score pour le classement mondial de Flores envers l’acceptation globale de la communauté LGBTQ+.
[1] UNESCO Bangkok Asia and Pacific Regional Bureau for Education, 2019.
[2] Proud to Be Us Laos, 2021.
[3] United States Department of State, 2013.
[4] UNDP, ILO. 2018.
[5] Thongkrajai C. 2010.
[6] Vanphanom S., Alongkone P. et Visanou H. 2015.
[7] Flores, A. 2019.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
Bibliographie
Flores, A. Social Acceptance of LGBT People in 174 Countries, 1981 to 2017. The Williams Institute, Los Angeles, CA. 2019. https://williamsinstitute.law.ucla.edu/wp-content/uploads/Global-Acceptance-Index-LGBT-Oct-2019.pdf?fbclid=IwAR3Q9BTZF-WOOWQiDOAEaEgSWhEG28b5W_ZrS-OA8GKKPDKibvSo2G0GUjI
Proud to Be Us Laos, « Jai Vongvilay – Junior Project Coordinator of Proud to Be Us Laos – ພູມໃຈທີ່ເປັນເຮົາ was delighted to participate in the preparation meeting for the upcoming U[…], » Facebook, 13 février, 2021, https://www.facebook.com/proudtobeuslaos.
Thongkrajai C. (2010.) Kathoey, un genre multiple. Moussons. 16. 157-174. 10.4000/moussons.150. https://www.researchgate.net/publication/272435534_Kathoey_un_genre_multiple
UNDP, ILO. LGBTI People and Employment: Discrimination Based on Sexual Orientation, Gender Identity and Expression, and Sex Characteristics in China, the Philippines and Thailand. 2018. https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiYxLqe-brvAhWoFlkFHVndAV44FBAWMAJ6BAgBEAM&url=http%3A%2F%2Fwww.undp.org%2Fcontent%2Fdam%2Frbap%2Fdocs%2FResearch%2520%26%2520Publications%2Fhiv_aids%2Frbap-hhd-2018-lgbti-people-and-employment.pdf&usg=AOvVaw3pTJ3Qi51VA0NAkSXWDPNw
UNESCO Bangkok Asia and Pacific Regional Bureau for Education. Being LGBTI in Laos: Increasing visibility and support of a growing movement, 2019. https://bangkok.unesco.org/content/being-lgbti-laos-increasing-visibility-and-support-growing-movement
United States Department of State. LAOS 2013 HUMAN RIGHTS REPORT. 2013. https://2009-2017.state.gov/documents/organization/220418.pdf?fbclid=IwAR1UKRuEJHST1xE2xrt7gQdzOiFKlQFy0qhzz1ZX97HiNQMBXxieKzjyGkQ
Vanphanom S., Alongkone P., Visanou H. Country Profile on Universal Access to Sexual and Reproductive Rights: Lao PDR. 2015. https://arrow.org.my/wp-content/uploads/2015/04/Country-Profile-SRR-Lao-PDR.pdf?fbclid=IwAR1lYTc6QGZdQZKDE4HKSGwfxzn7Bq8VbVaEvC8g-N_iZ7uWpQmoZ6J-Ctk
World Bank. 2020. Lao PDR Gender-based Violence Institutional Mapping Report. © World Bank. http://documents1.worldbank.org/curated/en/300891594091530233/pdf/Lao-PDR-Gender-Based-Violence-Institutional-Mapping-Report.pdf?fbclid=IwAR3yLCpqLfsLrevmDoGeVJHLkAbwtsrLU0ufbAyOgBE8-3sDE8TIJCMv7bw