Relations bilatérales Canada-Vietnam

Par Juliette Klein 

L’Asie du Sud-Est occupe une place de plus en plus importante dans la société actuelle. Il est donc important de se pencher sur cette région, ainsi que sur ses relations avec les autres puissances mondiales. Cet article présentera les différents types d’échanges entre le Canada et le Vietnam, ainsi que les programmes d’aide mis en place par le Canada et leurs objectifs prioritaires concernant le Vietnam.

(©Oleksii Liskonih / iStock)

Informations générales

En 2023, le Canada et le Vietnam ont célébré leurs 50 années de relations diplomatiques. En effet, ces dernières se sont établies en 1973, avec l’ouverture tardive d’une ambassade à Hanoï en 1994 et d’un consulat général à Ho Chi Minh Ville en 1995. Le Vietnam, lui, possède une ambassade à Ottawa et un consulat général à Vancouver (Gouvernement du Canada 2023). Ils ont aussi plusieurs partenariats communs, comme le Comité Économique Mixte (CEM) mis en place en 2022 par la ministre vietnamienne de l’Industrie et du Commerce, le Partenariat Trans-Pacifique Global et Progressiste (PTPGP) depuis janvier 2019, ou l’APEC, créé en 1989 (Gouvernement du Canada 2023). Enfin, le Vietnam est le partenaire commercial du Canada le plus important au sein de l’ASEAN.

Au niveau des échanges commerciaux, 21 % de la valeur des exportations du Canada vers le Vietnam était concentrée dans le soja et les crustacés en 2016, totalisant près de 111 millions de dollars de chiffres d’affaires sur les environ 300 millions liés à l’exportation (Gowans 2017, 3). En termes d’importation, le Canada achetait à la même période pour 1,2 milliard de dollars de téléphones et équipements connexes au Vietnam, ce qui explique la très forte proportion d’importation de produits manufacturés, s’élevant à 96,4 % par rapport aux matières premières qui sont de 3,6 % (Gowans 2017, 4).

Aides financières

Le Canada propose aussi des programmes d’aide en Asie du Sud-Est, notamment grâce à l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI), qui a fonctionné de 1968 à 2013, mais aussi par des ONG et acteurs non étatiques. Au travers de ces organisations, le Vietnam a reçu pas moins de 35 % des 4 milliards de dollars accordés par le Canada aux pays membres de l’ACDI, soit 1,78 milliard CAD depuis 1990 (Webster 2023, 8). Cette répartition des fonds favorables au Vietnam n’est pas sans rapport avec le fait qu’il soit le pays le plus pauvre à avoir rejoint le PTPGP, avec seulement 6 400 USD de PIB par habitant en 2016 (Gowans 2017, 1) ; soutenir au mieux ses partenaires de commerce est un point clef de la politique économique du gouvernement canadien. En effet, le Canada étant l’une des premières puissances mondiales, il lui tient à cœur d’accompagner ses associés dans l’évolution mondiale. La priorité de ces fonds de coopération était à l’origine les infrastructures et les « besoins fondamentaux » en Asie (Webster 2023, 2). Par besoins fondamentaux, on entend surtout les institutions nécessaires dans les villes telles que les écoles et les hôpitaux. Ainsi, la volonté du Canada était d’aider le Vietnam à développer ses substructions pour améliorer les conditions de vie de ses habitants. Au fil du temps, les aides se sont tournées vers des organismes à l’impact économique ou politique plus fort, délaissant le Vietnam, telle que la canalisation de fonds occidentaux vers d’anciennes colonies britanniques dans le but de les maintenir intégrées dans l’économie mondiale et à l’écart du communisme (Adeleke, 1996).

CARE International au Vietnam aide les femmes ethniques de Ha Giang à améliorer leurs revenus. (©VNA)

AWEEV ou Promouvoir l’autonomisation économique des femmes au Vietnam

Mais de nos jours, les priorités du Canada ont évolué, et l’accent est maintenant mis dans la « politique d’aide internationale féministe ». Le Canada possède en effet une forte politique concernant les minorités, autant de genres que culturelles, et le fait de leur venir en aide au sein du pays et à l’international est devenu partie intégrante de l’identité diplomatique canadienne. Les aides sont toujours tournées vers la lutte humanitaire, mais se concentrent sur les femmes et les minorités ethniques vivant au Vietnam. Marie-Claude Bibeau, ministre du Développement international et de la Francophonie, déclare elle-même à propos de la politique d’aide internationale féministe du Canada : « il faut permettre aux femmes et aux filles de développer leur plein potentiel pour qu’elles soient en mesure d’assurer leur propre bien-être qui profitera également à celui de leur famille ainsi qu’à la croissance économique de leur communauté et de leur pays » (Bibeau 2017, ii). D’importants programmes ont été mis en place, comme l’AWEEV (promotion de l’autonomisation économique des femmes au Vietnam). Ce projet, institué en 2021 et prévu jusqu’en 2025, vise à améliorer la prospérité financière des femmes pauvres issues de minorités ethniques vivant dans les zones rurales vietnamiennes. Originellement basée sur l’évolution des femmes dans le développement économique de la société (Women in Development, WiD), l’approche a été jugée trop occidentale et exclusive, et a fait place à une vision du concept plus large en rapport avec le genre et développement (Gender And Development, GAD) (Miller et Razavi 1995, 8). Grâce aux recherches liées à ce projet, il a été déterminé que les soins et travaux domestiques non rémunérés (Unpaid Care and Domestic Work, UCDW) effectués par les femmes vietnamiennes constituaient un obstacle à leur participation au marché du travail. À ce jour, plusieurs mesures œuvrant à la réalisation de ces objectifs ont été proposées et attendent d’être mises en place, telles que des activités de communication pour changer la perception des rôles de genre, ou encore l’amélioration de l’état des routes vietnamiennes, le relief montagneux et les conditions climatiques rendant les déplacements difficiles, et limitant les possibilités des femmes d’accéder à un emploi ou de développer une économie familiale (CARE 2021, 30).

Finalement, les relations des deux pays sont enracinées dans les initiatives d’aide au développement du Canada au Vietnam visant à faciliter son intégration dans l’économie mondiale, tout en mettant l’accent sur le soutien aux entreprises dirigées par des femmes et sur la promotion de l’égalité des sexes.

Bibliographie

Adeleke, Ademola. 1996. « Ties without strings? The Colombo plan and the geopolitics of International Aid ». Dissertation de thèse doctorale, Université de Toronto. https://www.collectionscanada.ca/obj/s4/f2/dsk3/ftp04/NQ35427.pdf

Bibeau, Marie-Claude. 2017. Message from the minister of international development and la francophonie. Ottawa : Politique d’aide internationale féministe du Canada. https://www.international.gc.ca/world-monde/assets/pdfs/iap2-fra.pdf?_ga=2.40827106.1512712780.1697486210-966851406.1695135144

CARE International in Vietnam. 2021. « Report on unpaid care and domestic work ». Project on Advancing Women Economic Empowerment in Vietnam (AWEEV). https://care.ca/wp-content/uploads/2022/07/UCDW_Report-on-Unpaid-Care-and-Domestic-Work.pdf

Gouvernement du Canada. 2023. « Relations Canada-Vietnam ». Gouvernement du Canada. https://www.international.gc.ca/country-pays/vietnam/relations.aspx?lang=fra

Gowans, Dylan. Bibliothèque du Parlement. 2017. Canada-Vietnam : Profil du Vietnam. Commerce Et Investissement, Publication No. 2017-586-F. Ottawa: Bibliothèque du Parlement. https://publications.gc.ca/collections/collection_2018/bdp-lop/ti/YM32-7-2017-586-fra.pdf

Miller, Carol et Shahra Razavi. 1995. « From WID to GAD: Conceptual shifts in the women and development discourse ». Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social. http://hdl.handle.net/10419/148819.

Webster, David. 2023. « Canadian Developmental Assistance in Southeast Asia. » Canadian Foreign Policy Journal 29 (2): 159–74. https://doi.org/10.1080/11926422.2023.2209668

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