Par Mylaine Larocque
En 1958, le premier ministre de la Birmanie, U Nu, opte pour un changement dans l’administration de son gouvernement. En effet, sous la grande pression de l’armée, commandée par le général Bo Ne Win, l’administration tombe sous le règne militaire (Perry 1997, 227). Mais ce n’est pas assez, l’armée veut plus. Ces demandes excessives mènent donc au grand coup d’État de 1962. U Nu perd complètement le pouvoir au profit de Ne Win et de son cercle de privilégiés. Le pays commence sa chute vers une époque sombre. (Egreteau 2015). Cet article aura donc comme but d’expliquer certaines conséquences de la prise du pouvoir par la milice.
Aspect politique
Selon Peter Perry de l’Université de Canterbury, les dictatures sont des résultats aux coups d’État (1997, 227). Cette affirmation semble pertinente lorsqu’un regard est lancé à ce qu’a vécu le Myanmar. Lorsque l’armée est arrivée au pouvoir, la Birmanie a changé de nom pour le Myanmar et la démocratie pour une dictature. Plusieurs facteurs expliquent ce changement radical de pouvoir, mais il s’agit surtout de l’objectif premier des nouveaux dirigeants. Si l’armée birmane a pris le contrôle, c’était pour acquérir les privilèges légitimes que ce nouveau contrôle lui conférait (Perry 1997, 229). Cependant, cet objectif est devenu si nécessaire que, comme beaucoup d’autres dictateurs avant lui, Ne Win développa une peur de perdre le pouvoir (Ibid). Ainsi, afin d’éviter de se faire remplacer, il devint de plus en plus sévère sur le partage des décisions avec la population et ses actions étaient de moins en moins vues comme légitimes (Ibid). De plusieurs manières différentes, politiquement, socialement ou économiquement, Ne Win et ses collègues trouvèrent le moyen de s’approprier le pouvoir, au détriment du bien de la population birmane.
À partir des années fin 1960, le Myanmar commença à se refermer sur lui-même face au reste du monde (Perry 1997, 232). Ne Win a donc décidé non seulement de partager moins d’informations politiques avec les autres pays, mais aussi de ne plus les écouter (Ibid). Ainsi, le développement du pays fut fortement affecté, des précisions seront présentées ici-bas.
Aspect social
Le fait que le pays ait beaucoup diminué les échanges de commerces, de technologies ou simplement de connaissances avec l’international a eu des retombées catastrophiques sur la population. Ce ralentissement fut de l’ancienne Birmanie un des pires pays pour les droits de l’homme (Perry 1997, 227). L’éducation a subi une chute: la matière n’était plus à jour et moins d’étudiants graduaient (Perry 1997, 232). La technologie aussi ne s’est pas développée au même rythme que les autres pays et est devenue en partie obsolète (Ibid). Cela a eu pour conséquences d’affecter le système de santé et de beaucoup d’industries. De plus, certaines infrastructures ont arrêté d’être financées, dont plusieurs services sociaux attribués à la population (Perry 1997, 240).
Ces impacts n’ont pas été ignorés par la population. En effet, il y avait énormément de manifestations, parfois même avec des moines comme participants (Perry 1997, 234). Sinon, il s’agissait de citoyens et d’étudiants (ibid). Mais la police militaire était devenue trop stricte en imposant des couvre-feux et des approches violentes (ibid). Il était donc très difficile pour la population de continuer à réclamer des changements. En plus de ces droits enlevés, certaines décisions douteuses ont été prises comme la libération de criminels n’ayant normalement pas l’autorisation de sortir de prison (ibid).
Donc, non seulement la majorité des Birmans devaient respecter des règles strictes qui allaient parfois à l’encontre de leurs droits et libertés, mais en plus, ils devaient vivre dans la peur et l’insécurité face aux décisions personnelles de Ne Win.
Aspect économique
Après le coup d’État de 1962, un déclin économique extrêmement rapide survint (Perry 1997, 227). Cette nouvelle dictature était incapable de subvenir aux besoins de ses citoyens, une grande faillite a donc suivi (Perry 1997, 231). Non seulement Ne Win coupa ses relations d’échanges commerciaux avec les autres pays, mais il décida aussi d’arrêter de recevoir de l’aide des puissances occidentales (Perry 1997, 235). De plus, le gouvernement ne portait pas aussi attention à son agriculture, surtout celle du riz, qui lui rapportait énormément de profits autant au national en consommation qu’à l’international sous forme d’exportation (Perry 1997, 233). Ce commerce, de moins en moins surveillé, se transforma en marché noir et seulement 18% du commerce était possédé par le gouvernement (Ibid). Par la faute du manque d’investissement dans la culture du riz, le pays n’a pas eu la possibilité de s’enrichir et de nourrir lui-même sa population (Perry 1997, 240).
Dû à la corruption ascendante de la politique au pays, seule une minorité de personnes avait l’opportunité de s’enrichir, qui était pour la plupart, dans le cercle personnel de Ne Win (Perry 1997, 231). L’économie régressait et des millions de Birmans vivaient dans la pauvreté sans, parfois, même de nourriture ou de toits avec comme seul objectif la survie (Perry 1997, 227)
Le coup d’État mené par Bo Ne Win n’a donc pas réussi à améliorer la qualité de vie du pays. Au contraire, le Myanmar a traversé un temps difficile qui lui laisse encore des traces aujourd’hui. D’autres conséquences du coup d’État n’ont pas été vues comme le racisme et le nationalisme aujourd’hui importantes dans le pays.
Bibliographie
Egreteau, Renaud. 2015. « Le coup d’État du 2 mars 1962 en Birmanie. Perceptions et réactions de la diplomatie française » Relations internationales, vol. 164 (4); 111-136.
Peter, Perry. 1997. « Myanmar, la nouvelle Birmanie : les mutations de la géographie politique d’un ordre politique figé. » Cahiers d’outre-mer. Vol. 199 (50) ; 225-243.