Singapour, le succès économique du 20ème siècle

Figure 1.Rusyanto Paulus. Paysage aérien du port de Singapour avec le fond du centre-ville. 6 novembre 2017. 123RF

Définie comme une cité-État, Singapour a une renommée mondiale pour sa forte et rapide croissance économique basée majoritairement sur le commerce international et la finance. Comment ce membre des quatre dragons a-t-elle pu passer aussi rapidement de nouvel État en 1965 au rang de 2ème pays au PIB par habitant le plus élevée au monde ? Quels sont les acteurs qui ont contribué à cette ascension ? Et quels nouveaux défis pour Singapour ?

 

 

 

Urbaine, lucrative, attractive, voilà des adjectifs souvent utilisés pour qualifier Singapour. La cité-État surnommée « ville jardin » pour son intense urbanisme et ses jardins futuristes ne fut pas toujours un centre financier mondial adulé par les investisseurs étrangers. Ce n’est que le 9 août 1965 qu’est proclamée la république de Singapour avec pour chef d’État Lee Kuan Yew. Dotée d’un climat très humide et de très peu de ressources naturelles, Singapour ne semblait pas avoir grand-chose à envier à part une intéressante localisation stratégique. Néanmoins aujourd’hui, sa croissance économique exponentielle lui vaut le compliment d’être « one of the most impressive success stories of nations’ development in the 20th century.. » 1. Comment est-ce possible ?

Figure 2. Enerio, Mike. 9 septembre 2015. Unsplash.

 

La Success-story de Singapour, une croissance économique ingénieuse

 

Sa position stratégique dans le détroit de Malacca lui permettant encore aujourd’hui d’être un véritable hub international avec un comptoir d’échange commercial clef, a été le premier outil de développement de Singapour. Après son indépendance le gouvernement singapourien décide de s’appuyer sur leurs ressources portuaires, c’est-à-dire le pétrole et la manufacture navale, pour stimuler l’économie tout en prêtant attention à leur politique fiscale afin d’attirer les investissements étrangers. Cependant pour ne pas tomber dans le piège d’avoir un secteur privé qui supporte toute l’économie, le gouvernement décide de créer des entreprises sous la tutelle du groupe Temasek Holdings pour rester au contrôle.

Figure3. Les Echos. 2011. https://www.lesechos.fr/2011/01/le-detroit-de-malacca-proche-de-la-saturation-386189

Le départ de la base navale britannique en 1968 qui maintenait à flot l’industrie de la manufacture, implique que Singapour se voit forcé d’effectuer un shift industriel ; le gouvernement attire les investisseurs américains en quête de main-d’œuvre dans le domaine électronique : le taux de chômage baisse fortement et Singapour commence a suscité l’intérêt de travailleurs étrangers. Le climat économique s’améliore et l’administration de Lee Kuan Yew décide de travailler sur leur politique sociale en instaurant tout d’abord un programme d’aide au logement reposant sur l’investissement d’acteurs privés. Cette politique ingénieuse est la suivante : le gouvernement autorise l’achat de terrain à des acteurs privés qui auront à leur charge la construction de l’édifice. Le côté lucratif pour ces acteurs est qu’ils réalisent d’abord un premier paiement d’environ 20% de la somme totale pour ensuite payer sur 10 ans le reste de la somme à l’État. Par la suite, l’État met en place une mise en épargne automatique appelé CPF. Elle fonctionne sur la base d’un prélèvement salariale automatique versé sur le Central Provident Fund (CPF), ensuite utilisé pour les retraites, assurances sociales et logements. Cette épargne, combinée à une augmentation des investissements, grâce aux politiques fiscales très avantageuses, font accroître l’économie de Singapour.

 

Ne pouvant pas laisser reposer son économie exclusivement sur des capitaux étrangers, la « ville-jardin » se focalise sur l’industrie informatique avec une main d’œuvre qualifiée et peu coûteuse expliquant la stimulation de ses exportations. Étant en pleine croissance économique, la politique d’incitation fiscale continue mais cette fois-ci vers les domaines high-tech et les activités manufacturières sont délocalisées afin de garder uniquement celle avec une main-d’œuvre fortement qualifiée. Le succès de Singapour réside en parti dans le fait que son « économie est en perpétuel renouvellement »2. Soutenant avec ferveur la recherche dans les prochains secteurs en essor, les entreprises privées n’hésitent pas à investir et à s’implanter à Singapour. La cité-État a donc créé un climat de confiance quant à sa politique de développement et d’investissement. Parallèlement, le gouvernement investit grandement sur l’éducation, augmentant ses chances d’une prospérité sur le long terme. La stratégie de « concilier développement local et ouverture internationale » (3) expliquée plus amplement par Hugo Ballesteros a permis à Singapour de s’ériger en haut de l’échelle mondiale et de passer de pays nouvellement indépendant sans ressources naturelles à jeune prodige de la mondialisation.

 

Les facteurs clefs qui ont contribué à sa croissance économique.

 

Tout d’abord la forte implication du gouvernement dans cette croissance économique est sans nulle doute un des facteurs clefs dans le succès de Singapour. Encore aujourd’hui, la stabilité politique de Singapour, qui réside dans un régime politique semi-autoritaire, lui a permis de créer ce climat de confiance pour les investisseurs mais lui a aussi permis d’appliquer des politiques sans se soucier d’une possible rébellion en parallèle.

Deuxièmement, le système judiciaire prisée de Singapour empêche la corruption et encore une fois assure sa stabilité.Dans ce sens, et comme expliqué plus en détails dans cette article, ce facteur est l’une des raisons du succès économique de la ville-jardin.

Enfin, la transparence économique et la politique fiscale basée sur des taxes et des impôts à un taux très faibles attirent les investisseurs étrangers et transforment même Singapour en un paradis fiscal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) trad. « L’un des plus impressionnant succès dans le développement d’une nation au 20ème siècle ». Michael J. Grainger, Alexander Mechitov et Helen Moshkovich p.1

 

(2) Institut d’émission des départements d’Outre-mer. p. 16

 

(3) Hugo Ballesteros, En ligne

 

 

 

Bibliographie

 

Ballesteros, Hugo. « Singapour, un leader régional atypique étant parvenu à concilier développement local et ouverture internationale » (blogue), 20 juin 2017, https://redtac.org/asiedusudest/2017/07/20/singapour-un-leader-regional-atypique-etant-parvenu-a-concilier-developpement-local-et-ouverture-internationale/

 

Blengini, Isabella. 2021. « Singapore: The Reasons Behind Its Economic Success ». Hospitalityinsights.Ehl.Edu. https://hospitalityinsights.ehl.edu/singapore-economic-success.

 

BNP Paribas. « Le Contexte Économique De Singapour ». TRADE Solutions Bnpparibas. 2021. Tradesolutions.Bnpparibas.Com. https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/explorer/singapour/apprehender-le-contexte-economique.

 

Calder, Kent E. 2016. « The Imperative to Be Smart: SMALL COUNTRY, FEW

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Calder, Kent E. 2016. « Singapore as Smart Global Hub: CATALYST FOR IDEAS AND

ACTION”. Singapore: Smart City, Smart State :133–62. Brookings Institution Press.

http://www.jstor.org/stable/10.7864/j.ctt1hfr2dc.10.

 

Frécon, E. 2012. « Singapour, gardienne de ses détroits ». Monde chinois 30(2) : 29-

  1. https://doi.org/10.3917/mochi.030.0029

 

Grainger, Michael J, Alexander Mechitov et Helen Moshkovich. 2020. « Singapore’s Miracle : An unconventional story ». Journal of International Finance and Economics, 2020, Volume 20 (4) : 29-44. https://iabe.org/IABE-DOI/article.aspx?DOI=JIFE-20-4.3

 

Institut d’émission des départements d’Outre-mer. Le développement économique de Singapour et de l’Ile Maurice. Eléments de réflexion pour un développement durable aux Antilles françaises et à La Réunion. Paris : Institut d’émision des départements d’Outre-mer,2009.

 

 

Lepoer, Barbara Leitch (dir) Vreeland, Nena. Singapore: A Country Study. Washington, D.C.:

Federal Research Division. U.S. G.P.O. https://www.loc.gov/item/90025755/.pdf.

The World Bank. 2019. « Singapore Overview ». The World Bank.

https://www.worldbank.org/en/country/singapore/overview#1.

 

 

Mori, Marie-Luce. 2015. « Singapour : le pays à envier pour le commerce ». Université de Sherbrooke. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=1899

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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