par Anne-Julie Tremblay
742 langues sont parlées par les plus de 225 millions de personnes habitant sur le territoire de l’Indonésie, un pays couvrant une bonne partie d’Asie du Sud-Est avec ses nombreuses îles. Dix langues se démarquent du reste du lot et sont considérées comme étant des langues majeures sur le territoire, soit l’aceh, le balinais, le banjar, le batak, le bugi, le javanais, le madurais, le minangkabau, le sasak et le soundanais. Toutes ces langues peuvent être difficiles à gérer, surtout que chaque langue peut avoir de nombreux dialectes différents. Il est alors intéressant d’apprendre qu’une seule langue; le « Bahasa Indonesia » ou l’Indonésien est utilisé comme langue nationale du pays. ( Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, p.71) (Paauw, Scott, 2009, p.4)
Figure 1: Panneau routier d’Indonésie écrit en indonésien
AdriansyahYS, Wikimedia Commons, 2014
Comment l’indonésien est-il devenu la langue nationale?
Le terme indonésien pour parler de la langue est arrivé en 1928 suite au Premier Congrès de la Jeunesse Indonésienne qui avait pour but de trouver une langue nationale au pays. Elle a été choisie comme langue d’unification du pays. Avant cet événement, cette langue se nommait le malais, une langue parlée nativement par moins de 5% de la population indonésienne. (Paauw, Scott, 2009, p.2-3 et 5) (Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, p.39-40)
Le malais a été choisi comme langue nationale pour plusieurs raisons; l’une d’elles était le fait qu’Il était premièrement plus facile à apprendre que le javanais malgré que ce dernier fût connu par un peu moins de la moitié de la population. Les Indonésiens cherchaient aussi la démocratie, c’est une autre raison pour laquelle le javanais n’a pas été choisi; elle était une langue trop hiérarchique dû au changement de ton et vocabulaire selon à qui on s’adresse dans la hiérarchie. (Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, p.39-40)
De plus, le malais avait aussi une longue histoire avec l’Indonésie. Elle était une langue déjà très importante au 17e siècle lorsque les Hollandais sont arrivés dans ce pays. Elle était utilisée pour communiquer dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est et servait aussi pour les échanges commerciaux. Les Portugais l’avaient également utilisé au 16e siècle pour répandre la religion chrétienne. Vers la fin du 19e siècle, le malais est aussi devenu une langue seconde instaurée par les Néerlandais dans l’apprentissage scolaire. Ensuite, cette langue a remplacé les autres langues dans l’éducation pendant l’occupation japonaise de 1942 à 1945. Enfin, pendant les mouvements nationalistes, cette langue était utilisée dans les publications des nationalistes. (Paauw, Scott, 2009, p.2-3) ( Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, p.71-73) (H. Lowenberg, Peter, 1991, p.128) (Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, p.40)
En 1945, l’indonésien est devenu la langue nationale du pays dans la constitution indonésienne, tandis que les autres langues du pays furent mises au statut de langues infra-nationales et ne furent pas développées davantage. Toutefois, la langue n’était comprise que par une petite partie de la population. Un programme d’alphabétisation a alors été mis sur pied en 1947, et s’est avéré très efficace. Le nombre de personnes lettrées est passé de moins de 10% des 85 millions d’Indonésiens de plus de 5 ans en 1945, à 61% en 1980, puis 83% des 160 millions d’Indonésiens en 1990. (Nababan, P. W. J., 1991, p.118) (Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, p.41-42) (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, p.73-74)
Les langues dans l’éducation
Avant 1849, les néerlandais qui avaient colonisé l’Indonésie ne voyaient pas la necessité de l’éducation pour les Indonésiens. Toutefois, cette année-là un mouvement pro-éducation des colonies est né aux Pays-Bas et dès 1849 des écoles sont ouvertes avec des cours en javanais, en soundanais et en mandurais. En 1893, les langues régionales n’étant pas comprises par tous, on rajoute le malais comme langue d’apprentissage secondaire. Puis, dès 1912, le néerlandais vient se rajouter comme médium d’instruction dans les écoles remplaçant dès lors les autres langues dans ce domaine. Lors de l’invasion japonaise, le néerlandais fut banni dans toutes les sphères d’activité et le malais (l’indonésien) devint le médium d’instruction obligatoire à tous les niveaux. Tous les textes écrits en néerlandais furent traduits en malais. Suite à l’indépendance de l’Indonésie, cette langue est restée la langue d’éducation, car ayant gagné l’indépendance dans une guerre contre les Pays-Bas, les Indonésiens ne souhaitaient plus avoir à faire au néerlandais. (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, p.72-73) (Goebel, Zane, 2015, p.20) (Paauw, Scott, 2009, p.4) (Nababan, P. W. J., 1991, p.118) ) (Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, p.42)
Aujourd’hui, les autres langues locales peuvent être utilisées dans les écoles et on encourage l’usage de celles-ci pour rendre les relations entre les élèves et leurs enseignants pendant les cours moins froides. Elles sont parfois utilisées pour amener une touche d’humour aux cours. De plus, l’indonésien est souvent appris aux enfants dès leur plus jeune âge grâce aux médias et aux télévisions ou il est appris à la maison. Les langues locales peuvent être à l’étude comme cours inclus dans les programmes, mais les cours sont essentiellement donnés en indonésien sauf s’il semble nécessaire d’expliquer un sujet dans la langue locale. (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, p.75)
Figure 2: Salle de classe en Indonésie
Woronowycz Roman, Pixnio, 2016
Pour ce qui de l’anglais, il est la première langue officielle lorsqu’on parle de langues étrangères en Indonésie et doit être utilisée dans le seul but d’avoir de nouvelles connaissances et d’enrichir la langue indonésienne au niveau international. Il est appris au secondaire et est enseigné de manière à ce que les élèves puissent lire la documentation nécessaire à leurs études et leurs recherches universitaires avec les livres qui sont essentiellement écrits dans cette langue. (H. Lowenberg, Peter, 1991, p.129)
Bibliographie :
AdriansyahYS. «Indonesia new road sign» [photo], 25 août 2014, Wikimedia Commons, réf. du 22 mars 2020, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Indonesia_new_road_sign-drnr_01.png
Goebel, Zane, 2015, Language and Superdiversity : Indonesian Knowledging at Home and Abroad, New-York: Oxford University Press
Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, Mother tongue as bridge language of instruction: policies and experiences in Southeast Asia, Thailand: The Southeast Asian Ministers of Education Organization (SEAMEO) Secretariat
Lowenberg, Peter, 1991, English as an additional language in Indonesia, Grande Bretagne: World Englishes
Hock Guan, Lee et Leo Suryadinata, 2007, Language, nation and development in Southeast Asia, Singapour : Institute of Southeast Asian Studies
Nababan, P. W. J., 1991, Language in education: The case of Indonesia, International Review of Education, Springler
Paauw, Scott, 2009, One Land, One Nation, One Language: An Analysis of Indonesia’s National Language Policy, University of Rochester : University of Rochester Working Papers in the Languages Sciences
Woronowycz, Roman. «Sans nom» [photo], 30 septembre 2016, Pixnio, réf. du 9 avril 2020, https://pixnio.com/fr/gens-fr/enfants-enfants/indonesie-six-annee-les-enfants-les-filles-les-eleves-tourner-interactive