En 2019, le Cambodge est toujours classé parmi les pays les plus pauvres du monde (Charpenel, 2016,188) et le moins développé (PNUD, 2019, 40). Cette pauvreté ne fait qu’accentuer les phénomènes liés au commerce sexuel et la vulnérabilité face à ceci. La pauvreté n’est pas la seule raison, cela s’explique aussi par la forte corruption dans le pays.
Dans cet article, nous allons voir trois phénomènes parmi les plus horribles liés à l’industrie du sexe : la servitude pour dettes, la traite des enfants et la vente de virginités.
La servitude pour dettes :
La servitude pour dette est souvent considéré comme une forme d’esclavage ou de travail forcé. Cela consiste à payer une dette en travaillant. Les personnes ne sont pas libres de quitter ce travail tant qu’elles n’ont pas repayé la dette. Au Cambodge, cela est vu, pour les femmes notamment, comme un moyen d’avoir de l’argent rapidement quand on en a besoin (Larissa, 2014, 80).
Au Cambodge cela a particulièrement lieux dans l’industrie du sexe. Les travailleuses du sexe vont devoir payer leur dette en échange de services sexuels. Bien souvent, elles ne sont pas libres de leurs mouvements, parfois, on leur prend ce quelles possèdent mais ce n’est pas tout le temps le cas certains établissements sont plus souples et laissent plus de liberté. Les frais médicaux ainsi que tout achat de vêtements et autres sont rajoutés à la dette déjà existante ce qui l’a rend plus longue à rembourser (Larissa, 2014, 81). Malheureusement, beaucoup ne vont pas sortir du monde de la prostitution même après avoir remboursé leurs dettes, certains vont entrer dans un cercle vicieux entre liberté et servitude pour dettes (Larissa, 2014, 81).
Une autre forme de servitude pour dette lié à l’industrie du sexe consiste à vendre des enfants, des jeunes filles la plupart du temps. Ces jeunes filles vont être vendues pour devenir prostituées ou autre pour rembourser les dettes des parents (Davy, 2014, 794). C’est une forme particulièrement horrible de traite.
La traite des enfants :
« Le tourisme sexuel pédophile au Cambodge s’est amplifié suite au renforcement des mesures répressives adoptées par les Philippines et la Thaïlande pour lutter contre ce phénomène. » (Charpenel, 2016, 189). Il est difficile d’avoir des chiffres en raison notamment de la difficulté d’identification et de la définition d’enfant qui change d’un pays à l’autre (Davy, 2014, 794). C’est un problème national mais aussi transnational, car les enfants victimes sont envoyés ailleurs en Asie, mais aussi dans le reste du monde notamment en Europe, aux Etats-Unis et en Australie (Davy, 2014, 794). Comme vu précédemment, certaines familles vont jusqu’à vendre leur propre enfant quand ils ont des problèmes d’argent (Davy, 2014, 794).Les problèmes de corruption empêchent de lutter efficacement contre ce problème. Le gouvernement cambodgien a mis en place une loi anti-traite et tente de sensibiliser ses agents diplomatiques, mais cela semble encore loin d’être efficace et sont peu performants (Charpenel, 2016, 192). Les ONG jouent alors un grand rôle dans la lutte contre la traite des enfants. Il y a par exemple Agape international mission AIM dont il y a une photos de leur devanture au Cambodge ci-dessous. Cette organisme a pour but premier la réinsertion des jeunes filles sauvées du trafic sexuel et ils ont aujourd’hui 12 programmes différents pour lutter contre le trafic sexuel (Agape international mission, 2020). Seulement ces organismes sont nombreux et ont des divergences de point de vue et de moyens d’actions. Cela empêche encore une fois une lutte efficace et rend la lutte plus complexe.
Vente de virginités :
La vente de la virginité des jeunes filles est un problème très présent au Cambodge. Les familles vont vendre la virginité de leur fille pour de l’argent. Ce sont souvent des familles pauvres comme il y en a beaucoup au Cambodge (Charpenel, 2016, 189). Elles est vendue à des clients cambodgiens, chinois, vietnamien ou encore thaïlandais. Les jeunes filles acceptent souvent car elles doivent aider leur famille financièrement (Lainez, 2011, 16). Elles se retrouvent coincées dans les problèmes de leurs parents et certaines vont donc entrer dans la prostitution après avoir vendu leur virginité (Lainez, 2011, 17). Elles vont ensuite continuer à envoyer une partie de leur salaire à leur famille. Dans une étude de 2011 Nicolas Lainez nous dit qu’il est facile de trouver des jeunes filles parler de cette expérience, mais que l’on ne s’intéresse pas assez aux raisons qui poussent les hommes à acheter leur virginité. Selon lui, cela n’est pas seulement une attirance pédophile, mais aussi le fait qu’elles ne vont pas transmettre de maladie notamment le VIH et aussi car il y a des croyance selon lesquelles cela apporterait la longévité, la santé et la bonne fortune (Lainez, 2011, 26-27.).
Ces différents problèmes sont très présents au Cambodge et ont besoin de politiques efficaces et d’investissement du gouvernement cambodgien pour y faire face. Ils ont différentes raisons comme la pauvreté ou la corruption, mais il y en a une que l’on n’a pas abordé, c’est les inégalités de genre. En effet le Cambodge fait encore parti des pays les plus mal classé 114 sur 189 pays pour les inégalités de genre (PNUD, 2019, 40). Les femmes trouvent peu d’emplois ou des emplois mal payés. Alors la prostitution devient un moyen de gagner de l’argent rapidement comme on a pu le voir avec la servitude pour dettes. Le Cambodge a alors besoin de régler ses problèmes de pauvreté et d’inégalité pour mieux gérer les problèmes de traite et de prostitution.
Bibliographie :
Agape international mission. AIM’S story. 2020 https://agapewebsite.org/about/
Charpenel, Yves. Prostitutions- Exploitations, Persécutions, Répression. Paris : Economica, 2016. https://www.fondationscelles.org/pdf/ RM4Prostitutions_Exploitations_Persecutions_Repressions_Fondation%20Scelles_FR.pdf
Davy, Deanna. « Understanding the complexities of responding to child sex trafficking in Thailand and Cambodia » International Journal of Sociology and Social Policy 34, no. 11/12 (2014) : 793-816.
Lainez, Nicolas. « Transacted Children and Virginity Ethnography of Ethnic Vietnamese in Phnom Penh » Alliance anti-trafic, Juin 2011.
Larissa, Sandy. Women and sex work in Cambodia : blood, sweet and tears New York et Londres: Routledge, 2014.
Programme des nations unis pour le développement. Rapport sur le développement humain 2019, 2019. http://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr_2019_overview_-_french.pdf