Le tagalog et l’anglais : Controverse aux Philippines

Par Anne-Julie Tremblay

Les îles des Philippines sont le foyer de 171 langues, mais une seule, le tagalog, a été choisi comme langue nationale du pays. Sept autres langues régionales importantes, soit le cebuano, le llokano, l’hiligaymon, le bicol, le waray, le kapampangan et le pangasinan, ont été mises de côté au profit du tagalog. (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

Figure 1 : Dictionnaire anglais-tagalog

Klee, Romana. « english-tagalog» [photo], 15 novembre 2010, Flickr, réf. du 18 mars 2020, https://www.flickr.com/photos/nauright/5188570889

Tagalog langue nationale des Philippines

Le tagalog a été choisi comme langue nationale des Philippines pour plusieurs raisons. Selon le gouvernement, le peuple tagalog était le plus instruit des peuples habitant la région et leur langue était à la base de la littérature naissante dans le pays. Cette population était très impliquée dans les Philippines. Plusieurs écrivains tagalog étaient des partisans nationalistes et exprimaient leurs désirs d’indépendance du pays dans cette langue. De plus, c’est elle qui regroupait le plus de composantes linguistiques des autres langues parlées à l’intérieur des Philippines. Cette décision a aussi été prises par le président Manuel L. Quezon en 1936 qui avait demandé une étude pour déterminer qu’elle serait la langue nationale à adopter. (Pottier, Marina, 1999) (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

Le tagalog est aujourd’hui plus connu sous le nom pilipino ou filipino. La diffusion de cette langue a été très difficile dû aux centaines d’autres langues parlées sur le territoire, et au vocabulaire d’autres langues qui ont dû être rajouté pour permettre à la langue d’être plus accepté par les habitants du territoire. Le nom tagalog a alors été remplacé par pilipino, car ce n’est plus du tagalog pur, mais un mélange de différentes langues qui se sont ajoutées à cette première langue qui est maintenant parlée sur l’entièreté du territoire philippin. Filipino est aussi utilisé pour donner un sentiment d’unité nationale et d’appartenance pour le peuple philippin. (Pottier, Marina, 1999) (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009) (Pefianco Martin, Isabel, 2018)

Anglais : langue étrangère officielle des Philippines

L’anglais est une langue ayant toute autant d’importance dans les Philippines. Plusieurs Philippins ont adopté cette langue comme langue maternelle lors de la période coloniale et le taux de personne lettré a largement augmenté grâce à cette langue. Elle est plus largement acceptée comme langue nationale que le tagalog, car le tagalog est vu comme un favoritisme d’une partie des Philippines, tandis que l’anglais est une langue neutre car étrangère pour tout le territoire des Philippines. (L. Rappa, Antonio et Lionel Wee, 2006)

L’anglais est vu comme une langue de modernité et d’égalité dans les Philippines. Elle est utilisée pour le commerce et est vue comme essentielle dans le développement des technologies, surtout en ce qui a trait aux technologies électroniques. Elle est aussi perçue comme nécessaire pour rivaliser avec les autres pays dans le domaine d’émergence des industries. (Pefianco Martin, Isabel, 2018) (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

L’anglais ou le filipino comme langue d’éducation

L’anglais et le filipino sont toutes deux présentent de manière égale en éducation. L’anglais est bien sûr utilisé pour les sciences et mathématiques vu son importance dans le commerce international et tout ce qui touche à l’accès aux technologies. Le filipino, quant à lui, est utilisé pour l’histoire, l’économie locale, les arts et toutes les sciences sociales, car ces matières touchent plus à l’intérieur du pays. Une loi a été créée en 1987 pour promouvoir l’usage des deux langues dans l’éducation. Le gouvernement trouvait cela important que la population ait des compétences dans ces deux langues. Toutefois, il trouvait d’égale importance que le Filipino reste la langue de la littérature et soit mis de l’avant comme langue intellectuelle du pays. Il existait un type de propagande de la langue filipino qui disait que cette langue était une langue qui faisait la fierté et l’unité de la nation. (Pefianco Martin, Isabel, 2018) (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

La mise de côté des langues maternelles en éducation

Les enfants ont souvent une langue maternelle différente du pilipino ou de l’anglais, mais cette langue est seulement utilisée pour les interactions à la maison et donc, n’est pas enseignée à l’école. Lorsque les enfants entrent à l’école primaire, ils apprennent l’anglais et le filipino et sont donc multilingues en bas âge. Bien sûr, ces élèves ne sont pas laissés à eux même et même si ces langues sont celles de l’éducation, les professeurs traduisent les cours dans la langue locale, surtout pour là où le tagalog n’est pas la langue de préférence de l’endroit. Les enfants ont tendance à être un peu mélangés et à répondre dans un mélange de ces différentes langues. (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

Les professeurs ont tendance à croire que le filipino est une bonne voie d’éducation, car les élèves ont moins de difficulté à apprendre cette langue par rapport l’anglais. Elle est la langue des médias et regroupe aussi en partie du vocabulaire de leur langue. Ils pensent aussi que cela permet aux enfants des différentes régions de communiquer entre eux et enlève ainsi la barrière de la langue. Cela recoupe un peu l’idée nationaliste du gouvernement. (Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009)

Bibliographie:

­ Kosonen, Kimmo et Catherine Young, et. al., 2009, Mother tongue as bridge language of instruction: policies and experiences in Southeast Asia, Thailand: The Southeast Asian Ministers of Education Organization (SEAMEO) Secretariat

Rappa, Antonio et Lionel Wee, 2006, Language Policy and Modernity in Southeast Asia : Malaysia, the Philippines, Singapore, and Thailand, États-Unis: Springer

Pefianco­ Martin, Isabel, 2018, Reconceptualizing English Education in a Multilingual Society : English in the Philippines, Singapour: Springer

Pottier, Marina, 1999, Parlons Tagalog : Une langue des Philippines, France :Éditions L’Harmattan

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