La prostitution en Indonésie existe depuis longtemps; depuis que la marchandisation des femmes faisait partie intégrante du système féodal en place dans les royaumes. Comme le dit Hull dans son article rédigé en 2017, « les rois avaient une glorification de dieux » (Hull, 2017: 2) c’est-à-dire que ces derniers possédaient absolument tout sur leurs territoires; entre autres choses les terres mais également les sujets. En ce qui concerne les femmes, cette description de « posséder » avait une forme plutôt prise à la lettre.
Des prostituées attendant de nouveaux clients devant un bordel à Surabaya, Indonésie. (AP Photo /Dita Alangkara) (The Associated Press) Juin 2014)
À travers l’histoire
Durant la période coloniale en Indonésie, surtout sous le pouvoir des Hollandais (1605-1945), le rôle des prostituées s’est modifié. Elles étaient demandées et requises pour donner de la gratification sexuelle aux soldats hollandais présents sur le territoire. Les multiples désavantages sociaux des femmes les poussaient bien souvent à trouver de l’emploi où elles le pouvaient, conséquence du faible niveau d’éducation qui leur était alors offert. La migration des ouvriers vers les villes amène une hausse de la demande des services de prostitution. Une des villes les plus importantes de l’époque est la ville de Surabaya qui se développe avec les colonies Hollandaises. Cette ville offre la présence de plusieurs ports, bases navales et gares. En 1864, il y avait 18 bordels et 228 prostituées enregistrées. Ces bordels sont souvent agglomérés autour, ou proche, des villes coloniales à cause de la présence abondante de jeunes hommes célibataires qui seraient à la recherche de plaisir sexuel (Hull, 2017: 10-14). Dès les années 1850, les prostituées devaient s’enregistrer et porter sur elles en tout temps un document qui prouvait qu’elles avaient été testées pour les maladies transmises sexuellement et qu’elles n’étaient pas du tout porteuses de ces maladies. Au cas où l’une d’elle testait positif à l’un de ces tests, elles étaient forcées de cesser leur pratique. (Hull, 2017: 10)
Maladies Transmises Sexuellement
La propagation des maladies transmises sexuellement ne pouvait être ignorée et devait faire l’objet de restrictions strictes. Pour y remédier, l’Indonésie confine certaines prostituées au rôle de gouvernante et/ou concubine, ce qui aurait pour but d’empêcher les possibles maladies vénériennes de se propager plus loin que ces familles qui les emploient. La propagation de ces maladies est blâmée sur les homosexuels et sur les prostituées (Sedyaningsih-Mamahit, 1999: 1101). Au début des années 1900, les « souteneurs » ou les pimps sont illégaux et le gouvernement ne dispose d’aucune alternative pour le contrôle des prostituées, celles-ci sont donc plus ou moins laissées à elles-mêmes (Hull, 2017: 22). Même de nos jours, cette loi est toujours en vigueur en Indonésie. Il existe par contre, une loi pour la protection des mineurs de tous genres, ayant 21 ans et moins, contre la prostitution. Par contre, cette loi ne compte pas les jeunes femmes de moins de 21 ans qui sont mariées comme étant mineures (Hull, 2017: 38).
Effort du Gouvernement
Autour des années 1960-1970, c’est au tour des femmes indonésiennes de migrer vers les villes. Ceci conduit à la création d’« Official Prostitution Complexes ». Ceux-ci sont similaire aux agglomérations de bordels d’auparavant, mais ils ont plutôt comme mandat de « réhabiliter » les jeunes femmes à la « vie normale » c’est-à-dire, trouver un emploi stable, parfaire son éducation, etc. Ils sont aussi en place pour tenter de contrôler la propagation des maladies vénériennes et offrent du logement abordable à des femmes qui peuvent être en misère. Les lois qui régissent ces complexes sont mises en place par le département de santé et d’ordre public. Il est difficile cependant d’implanter des programmes de prévention de ces maladies, puisque le nombre officiel de femmes dans ce domaine demeure inconnu. Un des Complexes les plus grand est celui de Kramat Tunggak, mais même celui-ci n’offre qu’un minimum en ce qui concerne la prévention de la propagation des maladies transmises sexuellement. Des officiers s’y rendent une fois par semaine pour parler d’éducation sexuelle aux prostituées présentes. Il y a eu aussi, un partage d’antibiotique un peu maladroit pour cesser la propagation. Par contre, il met ses efforts dans des programmes officiels de prévention qui reposent principalement sur la persuasion de ces femmes à changer de profession et non sur l’éducation des comportements sexuels sécuritaires. Ces femmes peuvent habiter ces établissements pour un maximum de cinq ans et doivent être entre 18 et 35 ans. Ces endroits se sont tout de même bien développés en ce qui concerne la protection des femmes qui les habitent. Les clients de ces établissements se voient forcer de suivre des règles, eux aussi; telles que ne pas être ivre dans le bordel et ne pas porter d’arme (Sedyaningsih-Mamahit, 1999: 1103). Même si les cas sont rares, il y a présence de clients étrangers qui tentent d’aider les prostituées, dont ils sont tombés amoureux, à se sortir de ce milieu (Husson, 2017: 9).
Même si le système n’est pas parfait, il est tout de même grandement meilleur qu’a ses débuts et ne devrait qu’aller en s’améliorant.
Bibliographie
HULL, Terence H, “From Concubines to Prostitutes. A Partial History of Trade in Sexual Services in Indonesia”, Moussons [En ligne], 29 | 2017, mis en ligne le 27 mars 2017, consulté le 20 janvier 2020. URL : http://journals.openedition.org/moussons/3771 ; DOI : 10.4000/moussons.3771
SEDYANINGSIH-MAMAHIT, Endang R: “Female commercial sex workers in Kramat Tunggak, Jakarta, Indonesia”, Social Science and Medecine, vol. 49 issue 8, (1999): 1101-1114 https://doi.org/10.1016/S0277-9536(99)00202-6
HUSSON, Laurence, « Who Are the Clients and What They Say about Prostitution in South-East Asia? », Moussons [En ligne], 29 | 2017, mis en ligne le 28 mars 2017, consulté le 11 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/moussons/3805; DOI: https://doi.org/10.4000/moussons.3805
Image de : https://www.foxnews.com/world/red-lights-stay-on-in-indonesias-dolly-prostitution-district-despite-closure-by-mayor