Par Benji Belcou
Après une période de transition avec l’ONU, le Timor-Leste a obtenu son indépendance en 2002. Une date récente en raison du temps qu’il a fallu pour que la région soit reconnue comme une nation sur la scène internationale. Avant son indépendance, le Timor-Leste a connu la colonisation par le Portugal, l’annexion par l’Indonésie puis la mission de transition vers l’indépendance qui a été menée par l’ONU. Dans l’histoire du Timor-Leste quels sont les éléments qui ont contribués à bâtir l’identité nationale ?
L’histoire prend place au 16e siècle, à partir duquel le Timor-Leste commence véritablement à être différencié de la partie ouest de l’île. Lors de la période coloniale en Asie du Sud-Est qui a commencé au 16e siècle avec les Portugais, on remarque que l’île du Timor possède de grandes ressources en bois de santal, permettant la fabrication d’objet en bois et de bâtonnets d’encens. Au départ l’alliance avec le Timor était uniquement commerciale, ce n’était pas encore une véritable colonisation. Les prêtres dominicains et les chefs locaux supervisaient le commerce de santal.[i] C’est à l’arrivée de la Compagnie Néerlandaises des Indes Orientales (VOC) que les Portugais commencent à s’investir plus dans le développement de la région. Les Portugais possédaient le détroit de Malacca, un point stratégique en ce qui concerne le commerce maritime et la VOC cherchant à limiter le pouvoir des Portugais en Asie du Sud-Est réussi à obtenir le détroit de Malacca ainsi que la partie ouest de l’île du Timor. Laissant la partie est, sous la tutelle du Portugal. Dès lors, les Portugais ont commencé à construire des infrastructures telles que des écoles, des hôpitaux et ils ont aussi établi un système administratif. Néanmoins, ces infrastructures se trouvaient à des points stratégiques, tel que la capitale de Dili, les écoles ne pouvaient pas contenir tout les étudiants et les hôpitaux n’avaient pas assez de médecins.[ii] Ainsi l’investissement des Portugais dans le développement de la région n’a pas été total. Mais cette période ayant duré près de 400 ans, de 1515 à 1974 au Timor-Leste, n’est pas resté sans effets, puisqu’elle aura laissé les bases de l’Église Catholique et la langue portugaise.
De ce fait après le départ des Portugais, le Front Révolutionnaire pour l’Indépendance du Timor Oriental (FREITILIN) déclara l’indépendance du Timor-Leste de son propre chef. Mais à peine quelques mois après, en 1975, les forces indonésiennes envahissent le Timor-Leste. Voyant la région comme acquise, l’Indonésie revendique sa domination sur le Timor-Leste. L’Indonésie et la partie Est du Timor, dû à leur proximité géographique ont été considérés par les Hollandais comme étant une même région soit l’Indonésie. Ainsi, considérant le reste du Timor comme leur appartenant, ils mettent la région à feu et à sang étant donné que tous n’étaient pas de l’avis indonésien. On estime qu’il y a eu environ 102,800 morts durant l’occupation sans compter qu’une grande partie a été expatriée vers l’ouest de l’île, et on ne compte pas les victimes de tortures, de viols et d’esclavage sexuel qui ont survécu. Même après ces violences le peuple ne s’en est trouvé que plus déterminé à obtenir son indépendance. Les Timorais ont été notamment réunis par l’Église Catholique.
Du temps où les Portugais occupaient la région, ils n’ont pas pu inculquer véritablement les valeurs de l’Église Catholique aux Timorais qui étaient très attachés à leurs rites animistes. De plus les Portugais présents sur le territoire pour le commerce du bois de santal, ne s’impliquaient pas véritablement. Mais lorsque les milices indonésiennes sont arrivées, empêchant les forces étrangères de pénétrer le territoire, l’Église Catholique est restée le seul lien du Timor-Leste avec l’extérieur. Qui plus est, des hommes tels que Monseigneur Belo et Monseigneur da Costa Lopes étaient de fervents défenseurs du peuple timorais, ils reconnaissaient leurs souffrances et le faisaient savoir à l’ONU. Cette période est considérée comme l’un des plus grands drames humains. L’Église leur a permis d’avoir une langue commune, et qui leur est traditionnelle, le tetum qui était la langue pour enseigner l’évangile. D’autre part, le peuple se sentait rejoint par le message du Christ qui malgré ses souffrances vit dans l’espoir. Ainsi l’Église était un soutien spirituel, un lien avec l’extérieur, mais aussi un lieu de rassemblement.[iii]
Cependant après avoir vécu tous ces évènements il a fallu mettre en place la Commission pour l’Accueil, la Vérité la Réconciliation (CAVR) de façon à restaurer les relations. Ce rapport sous le nom de « Chega! », ‘assez’, concerne les blessures qui ont été subit par le peuple timorais en raison de l’invasion par les milices indonésiennes. Il concerne le rétablissement et le respect des droits de l’humain. C’est un rapport des dégâts commis durant la période d’annexion, en reconnaissant les erreurs commises de leur part et les tords faits à la population, de façon à ce que le Timor-Leste et l’Indonésie puissent communiquer malgré leur passé douloureux.[iv] Mais aussi pour faire face aux conflits internes du Timor-Leste, les victimes d’incestes, les violences faites aux femmes, etc.
BIBLIOGRAPHIE
[i] Frédéric Durand, (2011) Un vestige d’empire colonial portugais, Timor-Leste : Premier État du 3e millénaire. La documentation Française. [p.25]
[ii] Frédéric Durand, (2011) Un vestige d’empire colonial portugais, Timor-Leste : Premier État du 3e millénaire. La documentation Française. [p.30-31]
[iii]B. de Araújo e Corte-Real, C. Cabasset et F. Durand (2014) Ruptures, Luttes et Inculturation au pays le plus catholique d’Asie. Timor-Leste contemporain : L’émergence d’une nation Paris : Les Indes savantes ; Bangkok : IRASEC [p.195-198]
[iv] B. de Araújo e Corte-Real, C. Cabasset et F. Durand (2014) Entre passé et avenir : Justice et réconciliation à Timor-Leste. Timor-Leste contemporain : L’émergence d’une nation Paris : Les Indes savantes ; Bangkok : IRASEC [p.115-116]