Par Roxanne Lord D’Onofrio
La Birmanie comprend une forte population chinoise dans ses frontières. En effet, elle est considérée comme étant un pays indochinois, car ceux-ci sont en grand nombre au nord du pays et dans l’État Shan[1]. En fait, la Birmanie et la Chine partagent une longue frontière. Ainsi, une des raisons principales qui explique la présence chinoise en Birmanie est liée à l’économie. Effectivement, les Chinois se sont beaucoup impliqués dans le développement économique de la Birmanie. Ils se sont intéressés à la création de commerce, mais aussi a l’exploitation des ressources et l’occupation de postes administratifs. La place de la communauté chinoise en Birmanie n’est donc pas négligeable.
Plus récemment, la Chine essaie d’assurer le flux de marchandises dans la mer méridionale. En effet, l’Asie du Sud-Est est un carrefour giratoire pour le commerce mondial. Pour la Chine, un grand exportateur, les voies maritimes doivent être sécuritaires et navigables en tout temps. Aussi, la Chine est un pays qui dépend grandement des exportations, que ce soit pour satisfaire sa dépendance énergétique ou assurer sa voie d’approvisionnement, le pays adopte une stratégie de collier de perles [2]. Par celle-ci, la Chine s’assure des points d’ancrage (les perles), à différents points stratégiques. La Chine veut donc assurer ses axes de passage en Birmanie. Pour ce faire, elle installe des stations à divers ports, mais travaille aussi ses liens commerciaux avec le pays.
En ce sens, en 2008, la Chine s’est vue accorder le droit de construire un gazoduc et un oléoduc entre le golfe du Bengale et Kunming, par le gouvernement birman [3]. Ce projet permet à la Chine d’avoir une source énergétique, car elle n’est pas indépendante énergétiquement, sans à avoir à passer par des régions moins sécuritaires, comme le détroit de Malacca [4]. Encore plus tôt dans les années 2000, la Chine avait financé la construction d’une grande autoroute à péage au Nord [5]. La Chine s’inclut depuis longtemps dans la vie birmane. De ce fait, même durant le règne de Ne Win, la Chine entretient des relations avec le pays, en fournissant notamment des armes à la junte[6]. Aussi, l’économie birmane et chinoise est étroitement liée : les deux pays sont de grands partenaires commerciaux. Les produits d’origine chinois représentent le 2/3 des échanges, alors que la Chine importe de plus en plus de la Birmanie [7].
La Birmanie est un pays indochinois aussi parce qu’il entretient des relations diplomatiques étroites avec la Chine. En ce sens, la Birmanie prend place à plusieurs rencontres de par ses liens avec la Chine et entretient des relations positives avec les pays limitrophes grâce à elle. En effet, les relations indo-birman étaient difficiles et complexes entre les deux pays[8]. Cependant, la Chine use de son influence durant les années 90 pour développer des relations entre eux. Effectivement, dès 1995, les deux pays s’entendent pour mener des opérations militaires conjointes[9]. De là, des contrats, ententes et rencontres entre les pays ont lieu.
De surcroît, la Chine préconise les principes de non-ingérences dans ses affaires diplomatiques. Elle va donc appuyer le gouvernement militaire de la fin des années 90, et ira jusqu’à encourager les entreprises chinoises à y investir. Aussi, la Birmanie abrite un grave problème de drogue (culture du pavot). La Chine en vient à financer les groupes insurgés pour assurer son assise sur la région. En fait, en s’assurant de bonnes relations avec ceux qui détiennent le pouvoir, la Chine peut obtenir des faveurs, mais aussi avoir une main mise sur la politique intérieure du pays.
La Birmanie est un pays indochinois car la Chine influence fortement la vie politique et économique du pays. En ce sens, la Chine appuie le gouvernement birman dans la crise des Rohingyas, l’aide à avoir accès à la scène politique internationale et investit massivement dans des projets d’infrastructures. Cette relation se maintient même depuis la mise en place du nouveau gouvernement élu, ayant Aung San Suu Kyi comme chef [11].
[1] Camille Kerouac. 2009.p.267
[2] Camille Kerouac. 2009.p.270-271
[3] Eric Watkins.2008.
[4] Camille Kerouac. 2009.p. 269 et Laurent Amelot. 2010.p.195
[5] Abel Tournier. 2007.p.53
[6] Rodolphe de Koninck. 2012.p.246
[7] Abel Tournier. 2007.p.55
[8] Abel Tournier. 2007.p.53
[9] Abel Tournier. 2007.p.55
[10] Sarah Éthier-Sawyer.2014. p.5
[11] Dorian Malovic. 2016.
Bibliographie
Abel Tournier. 2007. « L’inclusion asiatique de la Birmanie », Matériaux pour l’histoire de notre temps, N° 88. p. 52-59. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2007-4-page-52.htm
Arnaud Vaulerin. 2017. « Birmanie : l’armée met Aung San Sun Kyi face à ses limites ». Libération. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL :https://www.liberation.fr/planete/2017/01/12/birmanie-l-armee-met-aung-san-suu-kyi-face-a-ses-limites_1540864
Camille Kerouac. 2009. « La Chine en Birmanie. Course aux hydrocarbures », Outre-Terre, n° 21, p. 267-272. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019 : https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2009-1-page-267.htm
Dorian Malovic. 2016. « La Birmanie ne peut se passer de la Chine ». La Croix-Monde. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL :https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/La-Birmanie-peut-passer-Chine-2016-08-19-1200783358
Eric Watkins.2008. «Myanmar awards China pipeline rights ». Oil &Gas Journal. Oklahoma. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL :https://www.ogj.com/articles/2008/11/myanmar-awards-china-pipeline-rights.html
Laurent Amelot. 2010. « La stratégie chinoise du « collier de perles » », Outre-Terre, n° 25-26, p. 187-198. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2010-2-page-187.htm
Rodolphe de Koninck. 2012. « Chapitre 9 – La Birmanie », dans : , L’Asie du Sud-Est. sous la direction de Rodolphe de Koninck . Paris, Armand Colin, pp. 230-253. [en ligne] Consulté le 21 avril 2019. URL : https://www.cairn.info/l-asie-du-sud-est–9782200277574-page-230.htm
Sarah Éthier-Sawyer. 2014. Dompter le dragon : l’économie politique de la drogue et le conflit armé en Birmanie. Thèse de maitrise. Département de science politique. Université de Montréal.